Aboubacar Sylla, porte parole de l’opposition : « On ne peut pas nous empêcher de manifester… »

Comme annoncé dans une dépêche sur Guineematin.com, l’opposition républicaine va braver « l’interdiction » de marcher sur l’autoroute Fidèle Castro demain mercredi 04 octobre 2017. La décision a été prise à l’issue d’une plénière tenue ce mardi au QG de l’UFDG à la Minière. On notait la présence du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, mai aussi de Papa Koly Kourouma, Aboubacar Sylla, Makanéra Kaké, Jean Marc Téliano, Dembo Sylla, Abdoulaye Kourouma, Diabaty Doré, Dr Ibrahima Sory Diallo, Thierno Saidou Bayo.

A la fin d’une plénière de plus de deux heures, c’est le porte-parole de l’opposition Républicaine, Aboubacar Sylla qui en a fait le compte-rendu dont voici le contenu :

« L’opposition républicaine s’est retrouvée cet après-midi au QG de l’UFDG dans le cadre d’une réunion extraordinaire d’urgence qu’on a convoquée pour statuer sur les dernières décisions qui viennent d’être prises par rapport aux manifestations qui sont programmées par l’opposition républicaine. Nous avions décidé depuis très longtemps d’entrer dans un cycle de manifestations, d’abord en vue de dénoncer le non respect des dispositions de l’accord d’octobre 2016, mais également de dénoncer le mal-gouvernance exercée dans ce pays. Ces manifestations que nous avons tenues ont donné lieu à beaucoup de violence organisée par les forces de l’ordre, puisqu’il y a eu des personnes qui ont été tuées, parfois même après les manifestations, parfois même des personnes qui n’étaient pas partie prenante à ces manifestations, généralement par des tirs à balles réelles.

Tout le peuple de Guinée est aujourd’hui indigné de voir cet état de fait et surtout devant le fait que ces personnes qui se rendent coupables d’assassinats, de meurtres sur des citoyens désarmés, ne soient jamais poursuivis par la justice. Nous en sommes aujourd’hui à 83 personnes tuées lors de nos manifestations. Je ne parle pas de Galapaye, de Saoro, de toutes ces péripéties que notre pays a connues et qui ont endeuillé la nation guinéenne. Je parle de nos manifestations, organisées par l’opposition républicaine, et jusqu’à aujourd’hui, comme nous le disons toujours, même une sanction administrative n’a pas été prise, même une simple suspension du groupe qui est affecté au maintien d’ordre au lieu où il y a eu des décès, cette décision n’a pas été prise.

Donc, nous avons décidé cette fois-ci, de dédier notre manifestation à la lutte contre l’impunité, contre l’utilisation d’armes de guerre dans le maintien d’ordre, contre les non-poursuites engagées vis-à-vis des coupables et des commanditaires de ces actes de violence qui endeuillent la nation guinéenne tout simplement parce que les guinéens veulent jouir des droits constitutionnels pour pouvoir s’exprimer librement. Et, cette fois ci, dans un souci d’apaisement, dès que nous avons décidé d’organiser notre manifestation sur l’autoroute, nous avons réduit l’itinéraire simplement à la distance séparant la tannerie du stade de Bonfi.

Vous savez, par le passé, nous organisions nos manifestations sur l’autoroute à partir parfois de la Tannerie, parfois même plus loin et nous aboutissions généralement soit à l’esplanade du stade du 28 septembre, soit du palais du peuple. Cette fois-ci, nous avons voulu minimiser autant que possible les différents risques, les différents contacts avec certaines personnes, certains contre-manifestants, très souvent au niveau de la Casse.

Mais, malgré que nous ayons déposé les courriers d’informations à bonne date aux autorités locales concernées, c’est-à-dire, celles de Matam et de Matoto, nous n’avons reçu les réponses que maintenant, ici. C’est ce qui explique le fait que c’est si tardivement que nous tenons ce point de presse pour donner certaines informations. C’est maintenant que nous avons reçu, il y a à peine quelques heures. C’est à 15 heures pour une commune et à 16 heures pour l’autre. C’est-à-dire à moins de 24 heures du début de la manifestation. C’est une violation grave des dispositions légales dans ce pays. Car il est prévu, d’après notre code pénal, que lorsqu’on fait un courrier d’information au niveau des autorités locales concernées, la réponse doit parvenir au moins 48 heures avant la manifestation. Et, ces réponses sont non seulement négatives, mais sont, de notre avis, insuffisamment motivées. On peut refuser une manifestation dans les délais légaux, mais il faut que les arguments utilisés soit des motifs effectivement légaux, effectivement justes. Il se trouve qu’il n’y a pratiquement aucun motif digne de ce nom, sauf que l’autoroute permet tout simplement d’aller dans les centres administratifs et commerciaux de la capitale, il y a des stations service par ci, il y a un marché par là. Nous avons marché déjà trois fois sur l’autoroute, sans que lors de notre manifestation, que cela ne donne lieu à des conséquences. C’est seulement au retour que parfois il ya eu des accrochages.

Nous disons que ces arguments ne nous semblent pas du tout valables et de toute façon, ils sont arrivés trop tard, à moins de 24 heures de la manifestation. Et la loi prévoit, qu’après 48 heures, s’il n’y a pas de réactions, on considère que la manifestation n’est pas interdite. Je ne parle pas d’autorisation, parce qu’il n’y a pas d’autorisation à donner. Il y a juste un avis d’information à donner aux autorités qui doivent réagir au plus tard dans les 48 heures avant la manifestation.

Donc, au jour d’aujourd’hui, nous sommes dans une situation où nous avons décidé en toute légalité de maintenir la marche de demain sur l’itinéraire qui a été retenu, c’est-à-dire de la Tannerie au stade de Bonfi. Nous allons comme d’habitude faire le nécessaire avec nos services internes de maintien d’ordre, pour que, comme par les manifestations passées, qu’l n’y ait absolument aucune violence émanant en tout cas de nos militants et de nos sympathisants.

Aujourd’hui, la réunion qui devait permettre d’harmoniser les interventions des forces de l’ordre public et des forces de l’ordre que nous avons à l’intérieur de notre opposition républicaine et qui encadre nos manifestations, n’a pas eu lieu. Parce que le gouverneur de la ville, et les forces de police et de gendarmerie, qui étaient conviés à cette réunion n’ont pas voulu tenir cette réunion, parce que tout simplement, le gouverneur a décidé que cette marche ne devrait pas avoir lieu, en accord apparemment avec, ou en tout cas les instructions ont été répercutées au niveau des délégations spéciales de Matam et de Matoto.

Nous disons que c’est dommage, la Guinée commençait, nous semblait-il, à entrer dans un cycle de manifestations réellement pacifiques. Nous pensions que ce régime avait enfin compris qu’il fallait laisser s’exercer librement les droits garantis par notre Constitution, et notamment les libertés individuelles et collectives devraient s’exercer normalement dans un pays qui se veut démocratique…

On ne peut pas nous empêcher de manifester parce qu’il y a certains guinéens qui sont tués par d’autres sans que cela ne donne lieu à des procédures judiciaires pour identifier les coupables et les commanditaires et les sanctionner conformément aux dispositions légales en vigueur dans notre pays. Il y a un aspect moral que revêt cette manifestation.

Donc nous n’acceptons pas, parce que c’est un déni de justice qu’on nous interdise de jouir d’un droit constitutionnel surtout que nous avons respecté la procédure administrative qui est requise en la matière.

Donc, nous espérons que vous serez tous là avec nous et que vous nous accompagnerez également avec le peuple de Guinée, et faire la journée ville-morte à laquelle nous appelons tous les citoyens de Conakry et de l’intérieur du pays, le lendemain, c’est-à-dire jeudi prochain. Cette marche là va être organisée non seulement à Conakry mais aussi à l’intérieur du pays. Il y déjà les mêmes obstacles qui sont placés devant les manifestants par les autorités locales ce certaines préfectures, dans d’autres semble-t-il, les choses se déroulent bien, mais, toujours est-il que nous appelons tous les guinéens à manifester contre l’impunité qui caractérise la gestion de la chose publique dans ce pays… ».

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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