Aéroport de Conakry : un citoyen dénonce une discrimination raciale

Amadou Diallo, citoyen américain d’origine guinéenne, a contacté Guineematin.com pour dénoncer une discrimination à caractère raciste dont il aurait été victime à l’aéroport international Conakry-Gbessia. Il accuse le chef d’escale d’Air France à Conakry d’être responsable de ces agissements et raconte sa mésaventure.

Guineematin.com vous propose ci-dessous notre entretien complet

Guineematin.com : le 10 avril 2018, vous devriez quitter Conakry pour  New York en passant par Paris, mais avez rencontré des problèmes avec la compagnie Air France à l’aéroport de Conakry et vous n’avez finalement pas pu voyager. Expliquez-nous qu’est-ce qui s’est passé exactement.

Amadou Diallo : selon le programme, on devait bouger à 22 heures de Conakry pour Paris où on devait faire escale. A 20 heures déjà, j’étais sur la ligne d’enregistrement de l’aéroport international Conakry-Gbessia. J’étais avec un enfant qu’on m’a  confié et avec lequel je devais voyager, on est resté sur la ligne d’enregistrement jusqu’à 20h 30min. C’est à ce moment-là que le chef d’escale d’Air France à Conakry est venu nous dire que nous ne pouvons tous voyager parce que le personnel d’Air France est en grève, c’est juste un service minimum que la compagnie assure. Il a dit c’est seulement qui sont devant qui pourrons voyager, ceux qui sont derrière sont obligés de se retourner. Moi, je suis resté sur place avec l’enfant jusqu’à 21 heures, je lui demandé qu’est-ce qu’il compte faire pour nous autres, il dit qu’il ne va pas répéter ce qu’il a déjà dit.

Après, il nous dit qu’on peut voyager mais sans nos bagages, j’ai accepté de laisser nos bagages ici pour aller pour ne pas qu’on perde nos billets. Il a pris alors nos deux passeports pour aller avec, quelques minutes après, il revient nous dire encore qu’on n’est pas enregistré et qu’on ne peut pas donc voyager. Après, deux blancs sont venus derrière nous, des français. Il a pris leurs dossiers et les a fait passer sous prétexte qu’ils se sont enregistrés alors qu’ils nous ont trouvés sur les lieux.

Guineematin.com : Vous êtes venus avant les français, il les enregistrés et vous a laissés ?

Amadou Diallo : effectivement, il les a enregistrés et nous a laissés nous qui sommes venus avant eux, et eux ils ont pu voyager.  Je lui ai dit monsieur, ce que vous faites là c’est de la discrimination, vous refoulez des gens qui sont venus à temps et vous prenez d’autres qui sont venus en retard, on s’est chaudement disputé. Il est allé appeler un policier guinéen, un certain monsieur Kourouma qui est responsable à l’aéroport, ce dernier est venu parler calmement, dans la discipline pour calmer mettre fin au bruit. Après je l’ai appelé à côté pour lui demander de m’aider, il m’a dit qu’il ne peut malheureusement rien faire pour moi. Et puis, il y a un américain blanc qui est venu aussi à la dernière minute. Le chef d’escale lui a dit qu’il est venu en retard, mais il l’a envoyé dans son bureau, comme lui aussi il est blanc, il lui a fait aussi un traitement de faveur. Il l’a fait un billet pour Royal Air Maroc qui devait bouger le lendemain, on l’a logé gratuitement dans un hôtel jusqu’au lendemain et on a même déplacé un taxi pour l’envoyer à l’hôtel.

Guineematin.com : vous, vous n’avez donc pas pu voyager, qu’est-ce qui a décidé alors pour votre cas ?

Amadou Diallo : on est resté sur place jusqu’à 23 heures et quelques, après il est venu prendre nos passeports, le mien et celui du jeune avec qui je dois voyager. Il a pris nos informations pour envoyer à leurs bureaux en ville, et nous a dit de passer là-bas le lendemain. J’ai demandé pourquoi on devait y aller, il a dit qu’on doit payer les pénalités parce qu’on a raté notre vol, alors que c’est lui qui a refusé qu’on voyage parce qu’on est venu à temps et d’autres qui sont arrivés après nous sont partis. Finalement, j’ai été obligé de payer 984 dollars pour le petit et moi afin qu’on puisse modifier nos billets. Donc, non seulement on n’a pas pu voyager par sa faute mais aussi on a payé encore près de 1000 dollars pour faire modifier nos billets.

Guineematin.com : vos billets ont été modifiés vous l’avez dit, est-ce qu’on vous a donnés un nouveau programme pour voyager ?

Amadou Diallo : là aussi, il  faut dire qu’ils ont modifié nos billets pour faire pas ce qu’on a demandé, mais ce que eux ils veulent. Nous, notre trajet c’était Conakry-Paris, Paris-New York, eux ils nous ont fait des billets de Conakry-Paris le 16 avril, puis Paris-Atlanta le 17 avril. Arrivés à Atlanta, nous devrons passer le reste de la journée et la nuit du 17 avril là-bas, avant de s’embarquer le 18 avril pour New York, imaginez le temps que nous perdons et les souffrances que nous endurons.

Guineematin.com : en raison de cela, vous nous disiez en off que vous n’allez pas laisser passer cette affaire, qu’est-ce que vous comptez faire ?

Amadou Diallo : ce que je compte faire, une fois arrivé à New York, je vais saisir la justice. Je vais porter plainte contre Air France et contre le chef d’escale qui se trouve à Conakry. Ce monsieur fait de la discrimination ici, il prend les blancs, il laisse les noirs, et quand vous lui parlez il vous répond mal en disant si vous savez qui il est. Donc, dès que j’arrive à New York je vais porter plainte contre lui et contre la compagnie Air France.

Guineematin.com : sauf que lui il n’est pas aux Etats-Unis et il n’a pas agi sur le sol américain, est-ce que vous pensez donc que votre plainte pourra prospérer dans ces conditions ?

Amadou Diallo : bien sûr que ça pourra prospérer parce que je n’ai pas acheté mon billet à Conakry ici, je l’ai acheté à New York. Donc, l’agence d’Air France qui m’a vendu le billet à New York devra répondre pour cette peine qu’on m’a fait subir injustement. Je vais en même temps interpeller le gouvernement guinéen sur ce qui se passe à l’aéroport de Conakry. Y a beaucoup de nos compatriotes qui souffrent dans cet aéroport, les gens font ce qu’ils veulent comme s’ils étaient tout permis. Le gouvernement guinéen doit se pencher sur cette situation pour mettre fin à l’anarchie et à la mafia qui règne sur les lieux. Ce que ce monsieur nous a fait, même chez lui en France il n’ose pas le faire parce qu’il sait que s’il le fait là-bas, il va répondre devant la justice. Mais, comme ici c’est la Guinée, il sait que personne ne va le convoquer devant une juridiction, il fait ce qu’il veut, cela doit cesser.

Propos recueillis par Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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