Affaire 2ème mosquée de Touba: 4 femmes interpellées, déférées à Boké puis libérée

Le projet de mosquée qui fait objet de litige à Touba
Le projet de mosquée qui fait objet de litige à Touba

Après quelques mois d’accalmie, le problème de la deuxième mosquée de Touba a désormais pris une autre allure. Le vendredi dernier, 10 juin 2016, des femmes qui protestaient contre la construction d’une nouvelle mosquée à Touba ont été arrêtées et transférées à Boké, puis libérées, après avoir passé une journée à la police, a constaté Guineematin.com à travers son envoyé spécial.

Comme on le sait, ce sont deux grandes familles (Karambaya et Touraya) de la sous-préfecture de Touba qui se font la guerre autour de la construction d’une deuxième mosquée qui rivaliserait avec la première. La famille Touraya tien coûte que coûte à construire cette deuxième mosquée, tandis que celle de Karambaya s’oppose farouchement, estimant que cette initiative pourrait diviser la grande communauté diakanké de la cité sainte de Touba.

ToubaDéjà, en novembre 2015, un affrontement meurtrier avait opposé les deux familles, entraînant deux morts (deux frères d’une même famille qui étaient venus de la France pour assister au FIDAO de Touba), plusieurs blessés et d’importants dégâts matériels. Par la suite, de nombreuses personnes ont été interpellées et sont détenues à Gaoual, chef lieu de la préfecture.

De nos jours, la situation ne s’améliore pas ! Au contraire ! Karambaya et Touraya qui vivaient en harmonie se rejettent la responsabilité de cette situation que les autorités àç tous les niveaux laissent se détériorer chaque jour davantage.

Un membre de la famille Karambaya, qui a contacté Guineematin.com a accusé directement Elhadj Diankemadi Diaby de la famille Touraya de passer par des manœuvres pour diviser la communauté Djaka de Touba.

« Au début, Touraya a voulu diviser la Commune rurale, ça n’a pas marché. Egalement, la division du cimetière n’a pas marché. Maintenant, pour atteindre leurs objectifs, ils ont décidé de construire une nouvelle mosquée. C’est ainsi que Elhadj Djankemadi et son frère ont créé une association il y a de cela 20 ans pour déstabiliser Touba. Au début, personne ne l’écoutait. Mais, il a fini par lancer ce projet de construction de mosquée où sa famille sera seule responsable », nous a expliqué Abdourahmane Diaby de la famille Karambaya rencontré par l’envoyé spécial de Guineematin.com à Boké où les femmes de Touba avaient été détenues.

Selon monsieur Abdourahmane Diaby, « en fin d’année 2015, lors de affrontements, des membres de la famille Touraya avait tué deux personnes de la famille de Karambaya. Mais, aujourd’hui, ils continuent leurs actes comme s’ils sont soutenus par le gouvernement et les responsables locaux de Gaoual et de Touba. Ils utilisent leur argent pour acheter les autorités », a-t-il accusé.

Suite à cet affrontement, plusieurs membres de la famille Karambaya furent arrêtés et transférés à Gaoual et à Boké. Dans l’objectif de trouver un dénouement à cette crise, un pacte de non agression fut signé entre Elhadj Diankemadi Diaby de la famille Touraya et Elhadj N’Famadi Diaby de la famille Karambaya. Chacun en ce qui le concerne devait calmer les membres de sa famille.

Quatre femmes de Touba interpellées et transférées à Boké

Quelque temps après cette signature, à la surprise générale de la famille Karambaya, les travaux de construction de la nouvelle mosquée ont été repris par Elhadj Diankemadi de la famille Touraya.

Voyant que le pacte n’a pas été respecté par la famille Touraya, les femmes de la famille Karambaya ont décidé de protester contre la reprise de la construction en exigeant la fermeture du marché central de Touba jusqu’à l’arrêt des travaux.

Ainsi, selon les témoignages recueillis à Boké par l’envoyé spécial de Guineematin.com, des membres de la famille Touraya (qui seraient soutenus par le sous-préfet et le juge d’instruction de Gaoual) auraient envoyé les forces de l’ordre à Touba pour interpeller les femmes manifestantes. Quatre de ces femmes ont été finalement interpellées et transférées à la police centrale de Boké.

Les autres femmes solidaires de celles qui ont été arrêtées ont alors décidé elles aussi de les rejoindre à Boké avec d’autres venues de Conakry pour exiger leur libération immédiate.

Après des multiples tractations, c’est finalement avant-hier, samedi 11 juin 2016, à 18 H30’, que ces quatre femmes ont été libérées avec la seule condition d’arrêter tout mouvement de protestation contre la construction de la nouvelle mosquée.

FemmesRencontrées juste après leur libération par l’envoyé spécial de Guineematin.com, ces femmes ont annoncé à l’unanimité qu’elles continueront le combat tant que ce projet de deuxième mosquée de Touba n’est pas enterré par les autorités.

« Si la construction recommence demain, nous allons manifester demain ! Nous ne voulons pas que les djakankés soient divisés à cause d’une mosquée. Mais, cette mosquée qu’Elhadj Diankemadi veut construire ne va jamais nous unir. On demande au professeur Alpha Condé d’intervenir personnellement pour trouver une solution à cette crise qui ne fait que perdurer », a annoncé Hadja Mahawa Diaby, au nom des femmes de la famille Karambaya.

Bref, on comprend bien que la paix et la quiétude sociale dans la cité de Touba sont liées à la poursuite ou nom du projet de construction de cette deuxième mosquée. Alors, la question qu’on se pose à présent est celle de savoir qui manipule réellement cette affaire de deuxième mosquée de Touba ? Et, si cette mosquée divise tant, pourquoi ne pas arrêter sa construction pour l’unité de Touba et de la très respectée communauté djakanké en général ?

De retour de Boké, Mamadou Mouctar Barry envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : 621607907

 

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