Alkassoum Maïga, ministre Burkinabé de l’Enseignement supérieur : « nos pays ont un déficit d’ingénieurs »

Pr. Alkassoum Maïga, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation du Burkina

En marge de la 2ème édition du Forum de l’étudiant guinéen qui sera clôturé cet après-midi au Palais du Peuple, à Conakry, un journaliste de Guineematin.com a rencontré le Professeur Alkassoum Maïga, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation du Burkina Faso. Nous avons notamment échangé sur les défis de l’enseignement supérieur en Afrique.

Décryptage !

Vous êtes en Guinée pour assister à la 2ème édition du forum de l’étudiant guinéen. Quelles sont vos impressions depuis que vous êtes là ?

Professeur Alkassoum Maïga : Je voudrais d’abord remercier les autorités guinéennes, remercier mon collègue ministre de l’Enseignement Supérieur parce qu’il m’a associé à une activité très importante pour notre système d’enseignement supérieur. Pendant ces deux jours, on a vu des activités très intenses, des modèles de succès, des panels concernant l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le rôle de la femme au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, etc. Je dois dire que ce sont des activités très intéressantes. C’est un forum qui mérite effectivement d’être répété afin de permettre aux différents acteurs du système, à commencer par les étudiants, d’être à l’écoute et à l’observation pour voir comment est-ce que les gens qui sont dans la gestion de l’enseignement supérieur, mais aussi des enseignants et chercheurs, comment est-ce qu’ils ont pu se construire. Ça va servir de modèle à nos étudiants pour avancer.

Je pense aussi que des modèles comme celui-là sont des échanges très importants parce que dans l’enseignement supérieur, il faut que les acteurs s’écoutent. Il faut qu’on se parle pour qu’on construise ensemble les modèles d’enseignement supérieur durable et une recherche scientifique robuste.

Guineematin.com : Selon vous, quels sont les défis de l’enseignement supérieur en Afrique de façon générale ?

Pr Alkassoum Maïga

Professeur Alkassoum Maïga : Nous avons vu quand même qu’au niveau des pays africains en général et au niveau de notre région en particulier, il y a la question de la massification qui fait qu’il y a une pression pour les infrastructures d’enseignement supérieur au niveau des universités publiques, qui fait que nous avons besoin quelques fois de nous orienter vers les privées. C’est vrai, il y a des universités privées sérieuses qui peuvent nous permettre d’absorber le surplus d’étudiants que nous avons. Mais, nous avons aussi besoin d’aller régler un certain nombre de défis. Le premier défi, c’est la création d’universités virtuelles devant permettre de disposer d’espace numérique où il y a la connectivité, où les étudiants peuvent aller se connecter et où des formations à distance peuvent se faire. C’est à ce prix que nous pouvons éviter d’avoir des universités avec des infrastructures insuffisantes ; mais, avec un nombre croissant d’étudiants. L’autre défi va consister à faire en sorte que l’enseignement supérieur s’oriente vers la question de la professionnalisation, mais aussi la question de l’enseignement scientifique. Nos pays sont en déficit de scientifiques, de techniciens, d’ingénieurs. On a écouté hier l’intervention du Président de la République, Alpha Condé : la Guinée est un pays minier ; mais, quelque fois, on ne trouve pas les experts. On a écouté aussi un chef d’entreprise guinéen qui a du mal à trouver des nationaux dans sa société. Je pense qu’il faut qu’on ait des alternatives qui vont faire qu’à la fois on aille vers une intensification de l’enseignement des filières scientifiques ; mais, qu’on aille surtout vers les filières professionnalisantes  qui vont permettre à certains d’aller directement dans l’opérationnel en ayant des capacités renforcées pour aider à la transformation du tissu économique de nos pays.

Guineematin.com : monsieur le ministre, quel appel avez-vous à lancer aujourd’hui à la jeunesse africaine en général et à celle guinéenne en particulier ?

Professeur Alkassoum Maïga : Je pense, comme on l’a dit, la jeunesse africaine doit avoir confiance en elle-même. Qu’on puisse rompre avec la politique de l’assistanat. Nous sommes des pays avec des ressources limitées ; mais, nous sommes surtout des pays qui ont besoin d’avoir des cadres compétents, des gens qui ont un capital humain renforcé. Donc, c’est d’inviter tous les étudiants guinéens et africains à se mettre au travail. Le travail bien fait dans un processus d’apprentissage qui leur permet d’être les cadres qui vont s’occuper de la direction de nos pays dans un avenir très proche. Donc, je leur lance un appel pour  qu’on soit dans la mobilisation, pour qu’aucun effort ne soit ménagé parce que nous avons besoin dans le processus d’apprentissage pour que l’économie africaine puisse disposer des cadres compétents dans sa transformation structurelle.

Guineematin.com : Merci monsieur le ministre.

Professeur Alkassoum Maïga : Je vous remercie.

Propos recueillis et décryptés par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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