Alpha Sila Bah à Guineematin : « je ne crois pas aux possibilités d’absorption des 20 milliards »

Récemment, un reporter de Guineematon.com avait rencontré l’Honorable Elhadj Alpha Ibrahima Sila Bah, président du Parti guinéen pour la renaissance et le progrès (PGRP) et député non inscrit à l’Assemblée nationale. Entre autres thèmes de leur échange, l’annonce de la CENI d’organiser les élections communales 120 jours après la mobilisation des ressources, l’organisation des manifestations par l’opposition, l’annonce d’un accord de 20 milliards de dollars entre le gouvernement guinéen et les chinois.

Selon Elhadj Alpha Ibrahima Sila Bah, « si la Ceni peut organiser les élections dans 120 jours, on le veut bien. Il y a belle lurette qu’on les réclame et les effets annonce ne nous intéressent pas.

Dans la mesure où dans le budget de la loi de finances rectificative 2017, il n’y a que 115 milliards qui sont inscrits. Alors que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a demandé 335 milliards si mes souvenirs sont bons. Ce qui veut dire que tant que ces fonds ne sont pas disponibles, ce sont des effets d’annonce. Et c’est après la mobilisation de ces fonds que le délai annoncé par la Ceni va commencer à se dérouler. En tout cas, on les attend », insiste t-il.

A la question de savoir si l’annonce de la Ceni va dissuader la position de l’opposition d’organiser des manifestions le 20 septembre prochain, le patron du Pgrp n’est pas partant et conseille « d’attendre de voir plus clair. Moi, je suis de l’opposition, je pense qu’on peut organiser des manifestations à tout moment. Car il ne faut pas manifester pour manifester. Je pense qu’il faut que le gouvernement fasse diligence et qu’il ne s’habitue pas à des manifestations qui n’offrent aucun résultat et que la vie continue comme si de rien n’était. Ce n’est pas bon ».

Quant à la participation du Pgrp aux élections locales, son Président dit « être prêt à tout moment et on le demande de tout cœur. Ce qu’on regrette, c’est l’adoption de lois qui balkanisent ce pays en deux partis politiques, le Rpg et l’Ufdg ». Tout est fait, selon lui, pour que ces deux formations raflent la mise aux élections communales et aient le loisir de nommer les chefs de quartier et de district dans tout le pays. Il relève que « ces personnes responsables dans les quartiers et districts sont des acteurs majeurs dans l’organisation des élections. Et si vous les maîtrisez, la chance d’organiser des élections libres et transparentes s’évaporent ».

L’honorable Sila, ancien allié du pouvoir puis de l’Ufr (à travers son groupe parlementaire) et de l’Ufdg (à la Ceni), ne se réclame plus à ce jour de l’opposition républicaine et reproche ces membres de manque de dialogue. « Il ya des contentieux que devons discuter. Il y a un manque de dialogue qui ne me permet pas de m’afficher en tant que membre de l’opposition républicaine. Je suis de l’opposition tout court », explique t-il aux journalistes.

A ceux qui voient un autre argument dissimulé derrière ce manque de dialogue, L’Honorable Bah dit que « le budget du chef de file de l’opposition ne m’intéresse pas. Mais ce n’est pas normal qu’il y ait un budget accordé à parti. Qu’est ce qu’il a de plus que les autres si vous participez tous aux élections ? En ce qui nous concerne, nous disons que le Rpg et l’Ufdg sont tous dans le même bateau », conclut-il sur cette question.

De même, il reste pessimiste quand à l’aboutissement de la mission de réconciliation de Dr Faya Millimono du Bloc libéral. « Nous lui souhaitons bonne chance. Puis qu’il serait souhaitable que l’opposition parle d’une même voix pour l’avenir de ce pays et que nous tenions la main pour affronter le régime du Pr Alpha Condé qui est bien implanté à travers le pays. Mais moi je me suis essayé à cet exercice, cela n’a donné à aucun résultat… »

De la tenue des élections locales et législatives à la fois en 2018, il dit que l’hypothèse n’est à exclure. Dans la mesure où, selon lui, « le pouvoir fait les choses à sa manière. Il n’est pas régi par les lois de la république ».

En sa qualité de banquier de haut niveau à la retraite, il pense qu’il faut jouer à la prudence par rapport à l’annonce du gouvernement de l’obtention 20 milliards $ en Chine à travers un accord de partenariat à travers un accord. Il veut « attendre de voir le contenu de l’accord, les modalités, la durée et tout le reste. Car 20 milliards $ ce n’est pas un petit montant », souligne l’ancien boss de la banque islamique de développement en Afrique de l’Ouest.

Avec l’œil du spécialiste, il est loin d’être optimiste et pour cause, « il suffit de voir les crédits octroyés à la Guinée par an par ses partenaires au développement. Ils ne dépassent pas 50 millions $ ». Cet exemple se concrétise selon lui dans le budget en cours où le pourcentage des décaissements est au dessous des 30%, alors qu’il ne reste plus que trois mois d’ici la fin de l’année.

« Je ne pense pas que la Guinée puisse décaisser et absorber un milliard $ par an. Les besoins sont immenses partout et pour chaque pays. Mais ce qu’il faut voir c’est la capacité de monter et réussir des projets qui puissent absorber ces montants et générer de revenus pour permettre au remboursement de cette dette. C’est ce qu’il faut voir puisse que ce n’est pas un cadeau ».

Même le budget d’investissement de l’année, après bientôt 9 mois, on n’a pas consommé les 50 % du montant prévu, martèle-t-il.

Pour corriger ces imperfections et permettre la Guinée d’accroître ses chances d’engranger cette pactole, le banquier propose de « faire appel à court terme à l’expertise internationale et veiller à ce qu’il y ait le transfert de compétence et de l’expertise. Il faut qu’il y ait le sens de l’organisation, de la discipline et de la volonté de bien travailler pour le pays». Toute fois rappelle t-il, « les changements de personne et d’équipe tous azimut et sans la moindre perspective ne permettent pas de consolider le travail de formation et d’expertise locale dont bénéficient les cadres ».
Pour lui, les priorités des priorités d’investir ces 20 milliards $ doivent être « l’agriculture, l’éducation, la santé, l’énergie et les routes », recommande t-il au gouvernement, s’il ne veut pas échouer.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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