Célébration du 28 septembre 1958 : discours intégral d’Elhadj Momo Banougoura

Dans la journée d’hier, jeudi 28 septembre 2017, le PDG-RDA a célébré en grande pompe le 59ème anniversaire du NON de la Guinée au référendum du proposé par la France du Général De Gaulle, le 28 septembre 1958. A cette occasion, plusieurs discours sur fond de témoignage ont été prononcés par les compagnons de l’indépendance.

Guineematin.com décrypte pour vous le discours du doyen Elhadj Momo Bangoura, tenu au siège du PDG-RDA à la Camayenne.

Excellences messieurs les honorables invités d’honneur qu’on vient de citer avec toutes les références, tout le respect.
Nous célébrons aujourd’hui une date mémorable, le 28 septembre 1958, date à la quelle le peuple de Guinée s’est manifesté et a voté massivement à l’humanité pour sa libération.

Le vote du 28 septembre 1958, c’est le gouvernement français qui a proposé cette constitution qui était destinée à créer la communauté franco africaine. Mais, vous savez pourquoi il a été question de créer une communauté franco africaine ? Le gouvernement français avait des difficultés très sérieuses à la fin de la guerre 1939-1945. La victoire était consacrée et avec la France en tête, Hitler a été battu à la fin de la guerre 1939-1945. Mais, cela a constitué le réveil du patriotisme des pays colonisés. C’est ainsi que le Vietnam a déclaré la guerre à la France pour son indépendance. Après des années de bataille, l’armée vietnamienne a fini par battre l’armée française au Vietnam. Le temps de rentrer en France, il y a l’Algérie qui a déclaré la guerre d’indépendance à la France, le 1er novembre 1954. Une guerre qui a été pénible pour la France. Cela a d’abord affaibli le gouvernement français.

C’est la raison pour laquelle il a été fait appel à l’homme du 18 juin 1940, le Général De Gaulle pour gérer cette guerre. Après son investiture par l’Assemblée française, le 1er 1958, le général De Gaulle a fait un projet de constitution créant la communauté franco africaine. Il ne faut plus qu’on parle de colonie française ou de territoire colonisé par la France. Il faut la communauté franco africaine. Cette décision a été prise et il s’est trouvé qu’en Guinée ici, le peuple de Guinée avait pris la décision ferme de lutter pour son indépendance, pour son émancipation. Cela a eu lieu à l’occasion de la création de la section guinéenne du RDA. Je vous rappelle que le RDA a été créée en octobre 1946 à Bamako. La délégation guinéenne était effectivement présente à cette création. Elle était dirigée par Mamadou Madéira Kéïta et Ahmed Sékou Touré en était membre.

En Guinée, la section guinéenne du RDA a été créée le 14 mai 1947. Le premier secrétaire général de la section guinéenne du RDA s’appelait Mamadou Madeira Kéïta. Il est malien d’origine, c’est à dire de l’ancien Soudan. Et, cela n’a pas fait plaisir, il faut le reconnaître, parce que proclamant l’émancipation du peuple. Cela n’a pas fait plaisir au régime colonial français. C’est dans ce cadre quand le colon français a constaté l’implantation, l’enracinement du PDG au sein de la population guinéenne, Madeira Kéïta a été arbitrairement muté au Dahomey, l’actuel Bénin. C’était pour décapiter le PDG. Mais, malheureusement pour ce calcul, qui a remplacé Kéïta ? C’est un certain Amara Soumah. Mais, qu’est-ce qui s’est passé ? Amara Soumah, conseiller territorial de la Guinée française, le gouverneur de la Guinée française qui était là a convoqué celui-ci pour lui dire : ‘’si tu ne démissionne pas du PDG-RDA, tu ne seras pas conseiller territorial. Je t’impose cette décision’’. C’est ainsi que Amara Soumah a démissionné du PDG-RDA. Vous voyez qu’encore une fois, le PDG a été décapité. C’est en ce moment, en 1952, que le choix a été porté sur Ahmed Sékou Touré. L’intransigeant syndicaliste (parce qu’Ahmed Sékou Touré était un syndicaliste intransigeant), il avait des assises solides sur la base de la population guinéenne, particulièrement les travailleurs salariés depuis 1945.

Ahmed Sékou Touré a été le secrétaire général du PDG-RDA en 1952. Depuis cette date, le PDG n’a fait que s’élargir sur la base. C’est ainsi qu’en 1953, Ahmed Sékou Touré a été élu conseiller territorial à Beyla et l’un des artisans privilégié de cette élection est le doyen Elhadj Biro Kanté qui est devant nous ici. C’est eux qui ont fait cette campagne et qui ont réussi à faire élire Ahmed Sékou Touré en 1953 à Beyla comme conseiller territorial. C’est à partir de là que la lutte a continué et s’est intensifiée. En 1956, Ahmed Sékou Touré a été élu député à l’Assemblée nationale française avec un de ses meilleurs ami, Elhadj Saïfoulaye Diallo. Il y avait trois députés guinéens à l’Assemblée nationale française : Ahmed Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo et Barry Diawadou.

L’élection la plus déterminante, c’est qu’il y a eu une loi-cadre Gaston Déferre qui a été élaborée en France. Gaston Déferre a proposé aux députés français une loi-cadre qui a été votée le 23 juin 1956. Les conseillers territoriaux ont été élus en Afrique. En Guinée, nous avions 60 conseillers territoriaux. Sur les 60, le PDG-RDA a eu 57 conseillers territoriaux. C’est sur cette base que le gouvernement semi autonome a été constitué. On s’est lancé dans la préparation du référendum du 28 septembre. La décision capitale qui a été prise par ce gouvernement a été la suppression de la chefferie de canton. Parce que le point d’appui des colons français étaient les chefs de canton après l’élimination des résistants. Après cette élimination, le PDG a pris des bases solides sur l’ensemble du territoire national. C’est dans ce cadre que le référendum a été proposé au peuple de Guinée face à d’autres situations dont nous avons parlé. Le PDG-RDA, aidé par deux partis minoritaires qui s’étaient alliés à lui pour le vote du 28 septembre 1958 : c’est le BAG (Bloc Africain de Guinée, ndlr) de Barry Diawadou et la DSG (Démocratie Socialiste de Guinée, ndlr) de Barry III. Quels ont été les résultats ? Le 28 septembre 1958, le NON a eu un million cent trente mille et quelques. Le nombre de OUI, c’est cinquante six mille neuf cent et quelques voix.

Discours décrypté par Mamadou Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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