Célébration de Pâques : « elle est orientée vers la paix dans le pays», dit le Révérend Bandjou Léno

Les fidèles chrétiens du monde célèbrent aujourd’hui, dimanche 1er avril 2018, la fête de Pâques. Cette fête qui commémore la mort et la résurrection de Jésus Christ, est la plus importante fête chrétienne. A cette occasion des programmes aussi riches que variés sont prévus dans les différentes Eglises de Conakry. A l’Eglise Alléluia de Guinée située dans le quartier Bellevue par exemple, il sera question notamment de prier pour une issue heureuse de la crise post-électorale qui secoue actuellement la Guinée et pour le maintien de la paix dans notre pays, a appris Guineematin.com d’un responsable de cette maison de culte.

Guineematin.com vous propose ci-dessous l’entretien que le Révérend Bandjou Léno a accordé à deux de ses reporters hier, samedi 31 mars 2018.

Guineematin.com : les fidèles chrétiens du monde célèbrent ce dimanche 1er avril la fête de Pâques. Pour vous les protestants particulièrement, que représente cette fête pour vous ?

Révérend Bandjou Léno : nous les protestants en particulier et en général pour tous les chrétiens, la fête de Pâques est une fête très importante. Pourquoi elle est importante ? Premièrement, c’est Dieu qui a institué cette fête, c’est Dieu qui a parlé à Moïse son serviteur lorsque le peuple d’Israël était en esclavage en Égypte, parce que Dieu voulait les délivrer, et donc il leur a demandé de faire la fête de Pâques. En Égypte c’était juste une nuit et donc après là-bas, à l’époque chaque année les enfants d’Israël célébraient la fête de Pâques en souvenir de la délivrance que Dieu leur a accordée. Alors la fête a continué au temps au Jésus-Christ, mais pour nous les chrétiens d’aujourd’hui, la fête elle est importante pas pour le souvenir de la délivrance en Égypte mais nous célébrons la fête en souvenir de ce que Jésus a fait pour nous sur la croix. La mort de Jésus sur la croix et la résurrection de Jésus sont le fondement de cette fête, on célèbre la fête dans la victoire de Jésus et pour se souvenir des souffrances qu’il a supportées sur la croix.

Guineematin.com : la célébration de Pâques a commencé donc au temps de Moïse qui, lui n’était pas chrétien, comment cette fête est-elle devenue alors une fête chrétienne ?

Révérend Bandjou Léno : d’abord, il faut savoir que le mot chrétien est venu plus tard, même au temps de Jésus-Christ on n’appelait pas les gens chrétiens. Pour la première fois, le mot là a été prononcé par des disciples qui suivent Jésus. Alors, c’est ceux-là qui ont accepté Jésus comme seigneur et sauveur, qui suivent Jésus, ce sont eux qu’on a appelé chrétiens, ça veut dire les disciples de Jésus. Sinon au temps de Moïse et même au temps de Jésus-Christ, on ne nous appelait chrétiens, ça veut dire ceux-là qui suivent Christ, c’est eux qu’on appelle chrétiens. Donc comment cette fête est venue à notre niveau, d’abord, Moïse était juif et donc il était le messager de Dieu, et c’est lui que Dieu a utilisé pour délivrer le peuple d’Israël en Égypte. Et donc, quand le peuple est entré finalement sur la terre promise, le peuple a continué à célébrer cette fête et la fête a continué jusqu’au temps de Jésus. Jésus lui-même a célébré cette fête, ça veut dire que tous ceux-là qui suivent Jésus c’est leur fête. Quand Jésus a célébré cette fête, aux temps anciens, on tuait des agneaux comme sacrifice, on les mangeait avec des herbes amères, on les mangeait selon le plan que Dieu a donné avec le pain sans levain. Maintenant quand vous lisez dans la bible, dans le nouveau testament (Jean chapitre I, verset 29), la bible présente Jésus là-bas comme l’agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde. Alors, dans l’ancien testament on tuait les agneaux comme sacrifice, maintenant Jésus à la place de l’agneau s’est donné sur la croix comme sacrifice, voilà pourquoi nous, nous ne tuons plus des agneaux, nous ne tuons plus de moutons ou de bœufs, nous nous contentons du sacrifice ultime que Jésus a offert sur la croix.

Guineematin.com : vous célébrez alors Pâques pour commémorer la mort de Jésus sur la croix ou sa résurrection ?

Révérend Bandjou Léno : avant la résurrection il faut d’abord mourir, donc ça englobe les deux. On ne peut pas célébrer la fête de Pâques sans parler de la mort de Jésus, et quand on parle de la mort de Jésus, comme il n’est pas resté dans la tombe, il faut forcément aussi parler de sa résurrection. Donc nous célébrons tous les deux ensemble, le souvenir qu’on a c’est le sacrifice et la victoire c’est la résurrection.

Guineematin.com : pourquoi célébrer Pâques, quelle est son importance ?

Révérend Bandjou Léno : quand nous prenons la bible dans un corinthien au chapitre 11, et quand nous partons au verset 23, Jésus a donné un ordre là-bas, avant de mourir il a pris le pain, il a dit le pain là représente mon corps pour vous, mangez-le, après il a pris la coupe il dit la coupe là représente mon sang, buvez-la. Et il a dit à chaque fois que vous faites cela, vous vous souvenez de ma mort, vous annoncez ma mort. Donc pour nous, la fête est très importante parce que quand nous la célébrons, nous pensons déjà au souvenir, c’est-à-dire à la délivrance que Jésus a apportée. Parce qu’il ne faut pas oublier que la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection, vont dans un même sens, le sens de sauver l’Homme, de donner le salut à l’Homme. Et la Bible dit, celui qui croit en Jésus, même s’il meurt il va ressusciter et ses péchés sont pardonnés. Alors, nous célébrons cette fête dans la joie, dans la paix et on met tout le paquet parce que nous savons que Jésus est mort pour nous sauver et il est ressuscité pour nous donner la vie éternelle, donc voilà l’importance.

Guineematin.com : qu’est-ce qui est prévu maintenant dans votre Eglise dans le cadre de la célébration de cette fête ?

Révérend Bandjou Léno : premièrement, les chrétiens se préparent eux-mêmes à la maison, chacun fait sa fête à la maison, chacun prépare la fête selon ses moyens, selon ses capacités. Après l’Eglise il rentre, y en a qui vont inviter d’autres ainsi de suite. Mais à l’Eglise, nous n’avons pas les mêmes moyens, donc nous ne voulons pas mettre les gens dans les dépenses. Nous venons ensemble, nous célébrons ensemble, et nous prenons un temps de louanges et d’adoration où nous allons chanter le nom du seigneur dans nos chants, nous prenons le temps de la prière pour nous-mêmes, pour la nation et pour le monde entier. Et ensuite, nous allons communier ensemble pour nous souvenir de la mort et de la résurrection de notre seigneur.

Guineematin.com : Pâques intervient cette année dans un contexte marqué par une crise post-électorale dont l’issue reste pour l’heure incertaine, est-ce que le sujet sera à l’ordre du jour de la célébration de cette fête dans votre Eglise ?

Révérend Bandjou Léno : effectivement, la fête de cette année, je crois que dans toutes les Églises, elle est orientée vers la paix dans le pays. D’abord je vous informe qu’on a passé trois de jeûne, on a commencé à jeûner le jeudi et on termine aujourd’hui. Alors, on est venu tous ensemble, on a prié pour la paix, pour la compréhension des guinéens, on a prié pour les politiciens parce que c’est eux qui sont à la base de tous ces troubles, il ne faut pas se voiler la face. On n’est pas là pour les juger ou pour les condamner, mais il faut reconnaitre qu’ils sont des leaders, et quand ils disent un mot les gens les suivent. Et donc on a prié pour eux-mêmes pour qu’ils reviennent à la table de négociation afin que la paix soit dans les familles. Et aussi on a prié pour la politique guinéenne, parce qu’on a vu que ce n’est pas une politique démocratique.

Guineematin.com : en quoi la politique guinéenne n’est pas démocratique ?

Révérend Bandjou Léno : je m’explique. En fait, même si les gens ne veulent pas dire cette vérité, mais la politique en Guinée, c’est ethnique. Parce que Cellou est peul, donc tous les peuls sont de ce côté, seuls quelques rares peuls qui vont ailleurs peut-être à cause de leur intérêt. Parce que Jean Marc est kissien, tous les kissiens courent derrière lui même s’il ne peut pas faire leur affaire, et même si politiquement il n’est pas mûr. Je n’ai dit qu’il n’est pas mûr mais je suis en train de supposer les choses. On est derrière Alpha Condé en Haute Guinée parce qu’il est malinké. Donc nous ne voyons pas la politique en Guinée comme une vraie politique, ce n’est pas une politique démocratique. Et donc nous, dans nos prédications, nous allons dire à nos fidèles de suivre le programme des leaders et non l’ethnie du leader, de suivre le programme des leaders et non l’intérêt qu’on a avec le leader. Et pour faire la bonne politique il faut la paix, et la Bible dit dans Jérémie chapitre 29 au verset 7, que notre paix, c’est-à-dire vous et moi, dépend de la paix de la cité où nous sommes. Donc la paix des peuls, des soussous, des malinkés, des kissiens et de tous les autres guinéens, dépend de la paix de la Guinée, si la Guinée n’est pas en paix, on ne sera jamais en paix. Donc, cette fois-ci nous allons célébrer cette fête dans ce sens, sensibiliser les gens et les ramener à la raison.

Guineematin.com : est-ce que des personnes d’autres confessions religieuses notamment des musulmans peuvent venir célébrer avec vous la fête de Pâques ?

Révérend Bandjou Léno : d’abord, l’Eglise n’est pas faite pour un individu et non plus pour une particularité. Un musulman qui désir venir se joindre à nous pour célébrer la fête, on ne peut que lui dire la bienvenue. D’ailleurs, je vous informe que je suis déjà entré dans la mosquée Fayçal plus de 5 fois, j’ai enlevé mes chaussures, j’ai déposé là où on doit déposer, parce que c’est le principe là-bas. A chaque fois que les leaders religieux sont convoqués, on est convoqué à la mosquée Fayçal, donc voir un musulman aussi qui vient entrer chez moi pour célébrer la fête avec moi, ça me fera plaisir, il sera vraiment la bienvenue, peut-être vous par exemple, je vous invite déjà.

Interview réalisée par Ramatoulaye Diallo et Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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