« C’est l’Etat qui nous subventionne et nous sommes en situation de crise », Massé Camara, DG du CPA (interview)

Massé Camara, DG du CPALes objectifs principaux du centre de perfectionnement administratif (CPA), le nombre de jeunes fonctionnaires formés, les jeunes ayant bénéficié de promotion parmi les formés, l’avenir des nouveaux stagiaires de la troisième promotion du projet « rajeunir et féminiser l’administration »… Monsieur Massé Camara, le Directeur Général du CPA a reçu un reporter de Guineematin.com hier, jeudi 14 juillet 2016.

Décryptage !

Guineematin.com : Faites nous la présentation globale du centre de perfectionnement administratif dont vous êtes le premier responsable.

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Le CPA est placé sous la tutelle du ministère de la fonction publique, de la reforme de l’Etat et de la modernisation de l’administration. Il a été créé en 1986 par les autorités de la deuxième république. Il a pour objectif la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine du perfectionnement de l’administration publique de l’état. De 1986 jusqu’en 1996 il a fonctionné et puis il s’est éteint pour un bon moment. C’est en 2012 grâce au projet « rajeunir et féminiser l’administration » que le centre a pu redémarrer, et depuis lors il fonctionne à merveille.

Guineematin.com : Quels sont les objectifs à atteindre dans ce présent projet « rajeunir et féminiser l’administration » ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : C’est dans le cadre d’une reforme globale de l’administration publique que le gouvernement guinéen en collaboration avec la coopération française, a initié ce projet. Donc ce projet a pour objectif global de former 1 200 jeunes fonctionnaires âgés de moins de 40 ans, que ça soit dans l’administration centrale ou l’administration déconcentrée. On les forme sur l’étique et les règles du service publique.

Guineematin.com : De 2012 à nos jours, vous avez formé combien de jeunes fonctionnaires et parmi eux combien sont certifiés ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : En 2012, avec la première promotion nous avons d’abord enregistré 2 785 candidatures. A l’issu d’un test dont la correction des QCM est faite par un lecteur optique qui a été mis à notre disposition, nous avons pu identifier 393 lauréats qui ont suivi la formation au CPA ici ; pour la deuxième promotion, du même procédé nous avons eu 397 lauréats sur 3 284 candidatures enregistrés. Concernant la troisième promotion qui est actuellement en formation, nous avons 312 lauréats sur 2 786 postulants. Alors de 2012 à 2013, nous avons formé 790 fonctionnaires. Mais suite à un QCM final auquel les stagiaires sont soumis, nous avons eu 482 lauréats certifiés par Sciences PO-Bordeaux.

Guineematin.com : Où sont actuellement ces lauréats ? Quelle a été la suite post-formation ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Bien. L’un des objectifs de ce projet est d’intégrer une nouvelle dynamique dans l’administration publique par l’instruction des nouveaux corps. Donc les jeunes qui sont inscrits dans ce projet sont outillés aux techniques modernes de l’administration publique. Après la formation, ils retournent dans leurs services respectifs pour déclencher un processus de changement parce que nous leur montrons ici le savoir, le savoir-faire mais surtout le savoir être. On leur apprend comment un responsable administratif doit se comporter. Alors sur les 482 lauréats, nous avons un peu plus de 80 qui ont été nommés à des postes de responsabilité comme chef section, chef de division. Il y a même tout récemment un des lauréats qui a été nommé au ministère des mines et géologies comme Directeur Général adjoint chargé des collectivités.

Guineematin.com : Quel éclaircissement pouvez-vous alors apporter à l’intention des stagiaires qui pensent qu’après la formation c’est une nomination automatique qui suit ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : D’abord, nous ne sommes pas là pour former des gens qui vont se révolter. Si vous êtes enseignant, vous restez enseignant, si vous êtes juriste, vous en restez également. La formation c’est pour renforcer les capacités de chacun, mais il n’est pas dit que quand vous finissez cette formation vous ne retournez plus à votre service. Ce n’est pas ça l’objectif du projet. Nous nous n’avons  pas ce mandat là. Alors, quand les gens finiront leur formation, vraiment qu’ils regagnent leurs départements. Il se peut qu’avec tes compétences et ton affirmation, tu quitte la craie pour le bureau ; mais ce n’est pas à nous de décider ça.

Guineematin.com : Quelle stratégie avez-vous mise en place pour accompagner vos lauréats pour l’obtention des postes de responsabilité ?

Monsieur Massé Camara DG  du CPA : Une stratégie est mise en place. D’abord, le CPA a le soutien total de Monsieur le ministre de la fonction publique qui nous accompagne dans ce projet. Donc, que les lauréats soient rassurés que le ministre est à cheval pour leur promotion et leur nomination à des postes de responsabilité. Il a fait une communication aux conseils interministériels ; il a fait aussi une lettre à Monsieur premier ministre pour que ces lauréats soient nommés.

Guineematin.com : Revenons un peu sur cette troisième promotion qui est en cours de formation. Quelles sont les règles de travail auxquelles les 312 stagiaires sont soumis ? Quelles sont les attitudes qui peuvent faire l’objet d’exclusion d’un stagiaire ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Je peux vous dire que ce projet est noble. C’est une opportunité pour les jeunes fonctionnaires. Tout le monde n’a pas la chance d’aller étudier à l’extérieur ; mais, ce qu’on enseigne à l’extérieur, c’est ce qui est enseigné ici au CPA. Voilà pourquoi on a imposé un concours. Sinon, on aurait seulement dit aux gens, venez ou bien on prend tous ceux qui ont déposé des dossiers de candidature. Maintenant, pour se faire maintenir au CPA et être à l’abri de renvoi, il faut respecter un certain nombre de règles : premièrement, nous avons besoin de l’engagement du stagiaire, parce qu’il y a un arrêté ministériel de mise en congé de formation qui a été fait. Donc, les autorités sont informées que ces fonctionnaires sont retenus pendant quatre (4) mois au CPA pour une formation dans le cadre du projet « rajeunir et féminiser l’administration ». Ça ne doit pas être une opportunité pour s’absenter et au CPA et au service. C’est pourquoi durant chaque séance de formation il y a des fiches d’émargements de présences qui circulent. Deuxièmement, il y a l’assiduité et la ponctualité. Le premier critère de l’efficacité d’un fonctionnaire c’est la ponctualité. Donc le retard n’est pas accepté au CPA. Troisièmement, la discipline. Qui conque ne parvient pas à respecter ces principes, franchement monsieur Diallo, je ne pourrai pas le garder. C’est la discipline et la rigueur qui incarne le CPA. Un fonctionnaire doit incarner les principes et les règles d’une administration modèle et responsable.

Guineematin.com : Y a-t-il déjà des stagiaires de cette troisième promotion qui ont été renvoyés ? Si oui, pour quelles raisons ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Il y a quatre stagiaires qui ont été exclus. La principale raison est parce qu’ils ont accusé trois semaines d’absence. On ne peut donc pas tolérer ça. Ce qui signifie pour nous qu’ils ne sont pas engagés.

Guineematin.com : Quelles difficultés rencontrez-vous dans l’exercice de votre fonction de Directeur Général du CPA ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Comme toute l’administration guinéenne, la principale difficulté c’est le retard de la mise en disponibilité de notre subvention. Quand ça retarde ou que le montant ne soit pas aussi consistant, ça nous crée un peu de soucis. Mais, ça se comprend parce que nous sommes en période de crise et c’est l’Etat qui nous subventionne.

Guineematin.com : Quel est votre dernier mot ?

Monsieur Massé Camara DG du CPA : Pour mon dernier mot, je voudrai m’adresser à tous les fonctionnaires guinéens. Le CPA n’est pas là seulement pour le projet « rajeunir et féminiser l’administration », mais il est là pour le perfectionnement des cadres et agents de l’état. Alors, nous sommes à leur entière disposition. La formation n’a pas de prix. Quand aux 312 actuels stagiaires, de prendre la formation au sérieux. Il faut toujours te faire valoir par tes compétences. On peut te nommer aujourd’hui à un poste ; deux mois après, on t’enlève ! Mais, si tu es confiant d’avoir quelque chose dans la tête, on aura toujours besoin de toi.

Interview réalisée par Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 622 671 242 / 656 464 286      

 

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