Conakry : un couple guinéen vivant aux Etats-Unis, jugé pour enlèvement d’enfant

« Ma femme est partie aux Etats Unis en 2009. Moi, je suis allé avec la fille en 2013. Les papiers ont été faits pour un regroupement familial. Son père était consentant. J’ai établi un jugement d’adoption avec le consentement de ses parents. Pour preuve, son père Balamou Lin a même accompagné sa fille à l’aéroport. Et, depuis qu’elle est partie, elle est chez moi à notre charge », a notamment expliqué Pépé Lamah.

Les époux Pépé Lamah et madame Félicité Kolié sont poursuivis par monsieur Balamou Lin pour faux et usage de faux et enlèvement d’enfant. Des infractions prévues et punies par les articles 595, 594 du code pénal guinéen et 366, 367 du code de l’enfant. Le père Balamou Lin reproche ce couple d’avoir retiré par malice sa fille Chistinne Balamou Lin dans ses mains pour l’envoyer aux Etats Unis a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Estimant que sa fille mène une vie peu enviable aux Etats Unis, monsieur Balamou Lin a porté plainte contre ce couple.

Après avoir entendu le plaignant et le prévenu à la barre, le jeudi 12 octobre 2017, au tribunal de première instance de Dixinn, le dossier a été plaidé et requis ce jeudi 9 novembre 2017.

Le procureur Alsény Bah dans ses réquisitions a demandé au tribunal de relaxer les prévenus pour délit non constitué tandis que la partie civile plaide à ce que le couple soit retenu dans les liens de la culpabilité de faux et usage de faux, et d’enlèvement d’enfants.

A la première audience il faut le rappeler le plaignant Balamou Lin a fait savoir au tribunal que c’est en 2013 que sa fille a été enlevée et envoyée aux Etats Unis d’Amérique par Pépé Lamah et sa femme. « Pépé Lamah est venu me demander de le laisser voyager avec ma fille. J’ai accepté. Mais pendant 4 ans, elle est séquestrée, je n’ai pas communiqué avec elle. Depuis tout ce temps, elle n’est pas venue en vacances », a introduit le plaignant.

Poursuivant sa narration, il dira que lorsqu’il est allé aux Etats Unis il a compris que sa fille était séquestrée. « C’est à partir de là que j’ai compris le vrais visage de ma fille. Elle était séquestrée avec plusieurs autres enfants. C’est ainsi que j’ai parlé de l’enlèvement et j’ai réclamé ma fille à Félicité Kolié d’abord à l’amiable. Elle n’a pas accepté. Elle a appelé la police. Et la police est venue me donner la procédure à suivre pour récupérer ma fille. Elle m’a proposé d’aller soit à l’Ambassade régler à l’amiable ou de revenir en Guinée porter plainte au niveau des juridictions guinéennes. C’est ce que j’ai fait ici », a-t-il rappelé.

A en croire, monsieur, Balamou, c’est aux Etats Unis qu’il a vu les faux documents d’adoption que ce couple a fabriqué. « C’est des documents fabriqués à mon insu. Il n’y a jamais eu d’adoption. J’ai confié ma fille sans établir un quelconque papier. Ils ont enlevé ma fille avec malice », a-t-il martelé.

De son côté, Pépé Lamah soutient mordicus que l’adoption de la fille a été établie avec le consentement de ses parents. « Ma femme est partie aux Etats Unis en 2009. Moi, je suis allé avec la fille en 2013. Les papiers ont été faits pour un regroupement familial. Son père était consentant. J’ai établi un jugement d’adoption avec le consentement de ses parents. Pour preuve, son père Balamou Lin a même accompagné sa fille à l’aéroport. Et, depuis qu’elle est partie, elle est chez moi à notre charge », s’est-t-il défendu devant le tribunal lors de la première audition.

Ainsi, au cours des réquisitions et plaidoiries qui se sont tenues ce jeudi 9 novembre 2017, le procureur Alsény Bah a laissé entendre que dans cette affaire, «il n’y a ni enlèvement, ni faux et usage de faux ; car, la fille a voyagé avec l’accord de ses parents. Pour preuve, c’est le père même qui a accompagné sa fille à l’aéroport. Donc, je vous demande de relaxer les prévenus pour délit non constitué », a requis le procureur qui est suivi du même ton de la part de la défense.

De son côté, le conseil de la partie civile, maitre Ibrahima Barry, dans ses plaidoiries, sollicite que les prévenus soient maintenus dans les liens de la culpabilité de l’enlèvement et de faux et usage de faux. « Ils ont produit des actes faux, en disant que la fille a pour père Aly Balamou et pour mère maman Balamou. Or, ils s’appellent respectivement Balamou Lin et Fatou Tissin Balamou. Donc, retenez-les dans les liens de la culpabilité, de l’enlèvement et de faux et d’usage de faux », a-t-il plaidé.

Finalement, le dossier a été renvoyé au jeudi 23 novembre 2017 pour la délibération.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/664 413 227

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