Conakry : menacés de déguerpissement, les habitants de Kipé 2 « décidés à se battre… »

L’affaire du déguerpissement au quartier Kipé 2, dans la commune de Ratoma, était inscrite au rôle du Tribunal de Dixinn, en son audience civile de ce vendredi, 12 octobre 2018. Alors que les habitants des lieux étaient fortement mobilisés, l’agent judiciaire de l’Etat et ses représentants qui sont les défendeurs, ont brillé par leur absence, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est une affaire de déguerpissement qui fait couler encre et salive. Les habitants de Kipé 2, quartier situé à quelques pas de l’ambassade des Etats Unis, ont réussi à faire annuler une décision de déguerpissement par le tribunal de première instance Dixinn. A l’audience civile de ce vendredi, plusieurs citoyens de Kipé 2 ont pris d’assaut le tribunal de Dixinn, eux qui représentent les 252 concessions jusque là recensées et menacées de démolition par le ministère de la ville et de l’aménagement.

L’agent judiciaire de l’Etat, défendeur dans cette procédure, ne s’étant pas présenté, l’affaire a été renvoyée à huitaine. A la sortie de l’audience, maitre Paul Yomba Kourouma, avocat à la Cour et membre du collectif des avocats chargé de la défense des intérêts des personnes menacées de déguerpissement, en a fait le compte-rendu. « Aujourd’hui, il a été question d’entamer les hostilités dans cette affaire. Nous sommes en train de nous insurger contre les agissements de l’Etat qui ont consisté à faire, à tenter de vouloir déloger des personnes qu’il a dûment installé sur les lieux, il leur a pourvu de documents administratifs, il les a renvoyé dans l’exercice de leur jouissance paisible des lieux. Certains même ont des titres fonciers, des arrêtés ministériels, ils occupent les lieux de façon paisible, publique, continue et sans équivoque jusqu’à ce jour. Depuis plus de 20 ans ils sont installés là et aujourd’hui, dans la zone de Kipé 2, que l’Etat semble confondre à la zone de Kaporo-rails, leur demande de déguerpir », a expliqué l’avocat.

Par ailleurs, maitre Paul Yomba Kourouma accuse les autorités de violer la décision qui ordonne l’arrêt de l’exécution du déguerpissement émis par le tribunal de Dixinn. « Aujourd’hui, au moment où nous parlons, des gendarmes sont entrain de sillonner les lieux, malgré l’arrêt des travaux ordonné par voie de justice. Nous considérons cette attitude comme une tentative de spoliation, un abus d’autorité et une grave atteinte à la propriété, au droit de propriété dûment constaté par la Constitution, par nos textes et par les différents codes. L’Etat est un sujet de Droit, même si c’est une puissance publique et qui a des droits exorbitants, il est assujetti aux lois, aux règlements, aux usages. Et, cette attitude est entrain de menacer dans la quiétude, dans les avoir même, les occupants qui n’ont pas acquis les lieux de façon fantaisiste. Nous savons que Kipé est une zone résidentielle, n’y habite pas qui le veut ».

Dans ce dossier, les avocats ont dit leur détermination à se battre jusqu’au bout pour que le droit soit dit dans cette affaire. « Une déguerpissement ne s’improvise pas. Il s’obtient à travers une revendication dûment protée à la connaissance de l’autorité judiciaire, qui entreprend à la suite d’un débat contradictoire, une décision qui peut avoir finalement les vertus de la chose jugée. Tel n’est pas le cas. C’est l’argument de la force qui est entrain de prévaloir. Nous avons demandé à nos clients de se ressaisir, de compter encore sur la loi, sur les institutions de l’Etat chargées d’examiner leur cause…Nous voulons administrer à ces institutions la leçon que nous sommes respectueux de nos textes de lois et que nous allons nous en prévaloir pour émerger, pour triompher dans cette affaire », a promis Paul Yomba Kourouma.

Pour rappel, les autorités, à travers la Direction de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme, avait envisagé de faire déguerpir les lieux à partir du 30 septembre 2018. Mais, une décision du tribunal de Dixinn est venue s’opposer à cette volonté de faire partir les citoyens de la localité. Désormais, il appartient à la justice de trancher dans ce dossier.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628 17 99 17

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