« Nous continuons la fronde jusqu’à l’organisation du congrès », dit Sidiki Camara, chef de file des frondeur du RPG

Aboubacar Sidiki Camara, porte parole des frondeurs du RPGLa fronde née au sein du RPG-Ar-en-ciel, est loin de finir, tant que le « parti n’est pas réorganisé », a confié à Guineematin.com, Aboubacar Sidiki Camara, l’un des meneurs de la fronde. C’était à l’occasion d’une interview qu’il nous a accordée au siège de Guineematin.com hier, mardi 03 Mai 2016. L’entretien a tourné autour de la fronde elle-même, de ses raisons, des solutions pour sortir de l’impasse et sur plusieurs autres questions politiques.

Guineematin.com : Bonsoir M. Aboubacar Sidiki Camara, merci de nous rendre visite, présentez-vous à nos lecteurs

Aboubacar Sidiki Camara : c’est un plaisir pour moi. Je suis originaire de Siguiri et militant du RPG depuis très longtemps. Je ne sais pas quand j’ai adhéré au RPG puis que comme beaucoup de jeunes de la région nous sommes nés dans le parti. Mais j’ai commencé à faire des activités politiques pour le RPG à partir de 2010. J’ai entre-autres piloté le mouvement de soutien génération Alpha en Haute Guinée. C’est pour dire j’ai été au centre des activités du RPG-Arc-en-ciel en Haute Guinée, surtout les campagnes électorales de 2010 et de 2015.

Guineematin.com : vous faites partie des frondeurs au sein du RPG, dites-nous ce qui se passe concrètement au sein de votre formation politique.

 Aboubacar Sidiki Camara : On a estimé qu’un parti politique, c’est la conquête et l’exercice du pouvoir. Et on a fait ce combat avec le professeur Alpha Condé pour qu’il soit président. Depuis qu’il est au pouvoir nous ne pouvons pas dire qu’il n’a pas fait face aux cadres du parti, mais nous avons estimé qu’il doit un peu au-delà. Et il faut savoir qu’un parti politique c’est comme une famille. Autant la famille est grande, autant la contestation est importante. C’est ainsi qu’on a estimé que le président doit faire la promotion des cadres du parti. Si par exemple vous prenez le premier gouvernement de 2010, le premier ministre Saïd Fofana n’était pas issu des rangs du RPG, ce qui n’est pas normal. Alors qu’il y a de très bons cadres dans notre parti et qui peuvent bien jouer ce rôle. Nous estimons que c’est des choses qui peuvent se répercuter  sur le parti. C’est le ma chose qu’on a vu en 2015 après la nomination de l’actuel premier ministre (Ndlr. Mamady Youla). Notre parti n’est pas suffisamment représenté dans ce gouvernement. C’est pourquoi nous avons organisé cette fronde pour protester contre cette situation, parce que Mamady Youla et Mohamed Saïd Fofana, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Donc ils sont pareils.

 L’autre problème est la formation des jeunes du parti, et on peut même octroyer des bourses aux cadres et aux jeunes pour aller se former à l’extérieur pour revenir servir le parti et la nation guinéenne.

Le troisième problème est le fait que depuis 1994, le RPG n’a jamais organisé un congrès. Et aujourd’hui, il y a des militants qui sont plus influents que quelques membres du bureau politique du RPG. A ce niveau nous avons donc estimé qu’il faut organiser le congrès du parti pour mettre les choses dans l’ordre. Aujourd’hui on ne sait pas qui est qui, tantôt c’est le secrétaire général (Saloum Cissé), tantôt c’est le secrétaire permanent (Lansana Komara), tantôt c’est la coordinatrice national (Nantou Cherif). Et la fusion en 2010 avec plus de 40 partis politiques et il y  a de ces membres qui se sont retrouvés dans le comité central. D’ailleurs, je ne pense pas que ce comité central soit annoncé dans les statuts du parti. Je pense qu’on doit même revoir les statuts et règlements intérieurs du parti. Pour que tout le monde se reconnaisse dans le parti, dans les structures il faut organiser le congrès.

Guineematin.com : vous insistez sur la réorganisation du RPG et surtout la tenue d’un congrès. Mais, le président Alpha Condé ne parle que de restructuration de la base au sommet. Jusqu’où comptez-vous aller ?

Aboubacar Sidiki Camara : oui, il est vrai que le bureau politique avait envoyé des missions dans les  communes de Conakry pour voir comment restructurer les fédérations, les sections, les sous-sections et autres. C’est quelque chose qui annonce le congrès. Mais, une situation qui est intervenue samedi dernier au siège du parti qui m’a amené à me poser des questions. Quand on voit des groupes de personnes qui prennent le coran pour jurer devant le président. Il n’ ya pas que des musulmans au RPG, on y trouve des féticheurs et des chrétiens. Vous savez, il n’y a pas que la fronde qui est la crise au sein du RPG. Il y aussi une crise de génération entre les jeunes et les moins jeunes. Et c’est les mêmes personnes qui animent l’assemblée du parti qui ne fonctionne pas bien. L’exemple le plus illustratif est la cellule de communication, où on affiche les points de l’ordre du jour des réunions de samedi à quelques minutes du début de la réunion. Ce n’est pas normal. Il faut s’inspirer des autres partis politiques où on annonce l’ordre du jour 48 heures avant. C’est ce qui permet aux militants vivant à l’intérieur du pays de savoir de quoi il sera question et de s’organiser conséquemment. Il y a ces défaillances là, voilà pourquoi nous voulons réorganiser le parti.

Guineematin.com : aujourd’hui où en somme-nous ? La fronde  est terminée ou pas ?

Aboubacar Sidiki Camara : moi, je suis frondeur jusqu’à l’organisation du congrès. Et, ma position m’a permis de regrouper tous ces jeunes-là, que ce soit à Conakry ou à l’intérieur du pays. Je n’ai pas été trop radical ni trop optimiste. Je suis là toujours, je veille sur l’engagement des gens et à chaque qu’il y a besoin de communication pour dénoncer les failles du parti, je ne manquerai de le faire.

Guineematin.com : au départ vous aviez barricadé le siège, mais aujourd’hui comment s’exprime cette fronde ?

Aboubacar Sidiki Camara : on avait barricadé le siège pour juste attirer l’attention du président de la république. Mais ce qui se passe aujourd’hui quand les frondeurs se retrouvent ou quand les gens sont frustrés dans les quartiers et que les élections au sein du parti ne sont pas organisés il faut s’interroger. Nous ne sommes pas prêts à accompagner une liste, aux élections communales, où nous ne sommes pas représentés.

Guineematin.com : et si on vous exclu que ferez-vous ?

Aboubacar Sidiki Camara : pour exclure un militant, il y a des procédures à suivre. Et ce que nous sommes entrain de faire, c’est démocratique pour toute formation politique, la contestation interne est normale.

A suivre !

Propos  transcris par Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

 

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