Défis de la chambre de commerce de Conakry : le président « Baldé Royal Moto » à Guineematin

Il de cela six mois qu’un nouveau bureau exécutif a été élu à la tête de la chambre régionale de commerce, d’industrie et d’artisanat de Conakry. Depuis, les dirigeants de la structure s’activent pour le rayonnement de cette chambre et du secteur privé guinéen en général. Pour parler justement des actions menées dans ce sens, Guineematin.com a reçu le vendredi, 10 avril 2018, Mamadou Baldé, le président de la chambre régionale de commerce, d’industrie et d’artisanat de Conakry.

Nous vous proposons ci-dessous l’intégralité de notre entretien avec l’opérateur économique

Guineematin.com : vous êtes le président de la chambre régionale de commerce d’industrie et d’artisanat de Conakry, pour commencer dites-nous comment se porte aujourd’hui cette structure ?

Mamadou Baldé : merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. Pour votre information, la chambre régionale de commerce, d’industrie et d’artisanat de Conakry, l’élection s’est passée le 24 septembre 2017. Avant cette élection, il y avait plus de 15 ans que nous n’avions pas élu une chambre de commerce. Donc, à notre élection, nous avons d’abord fait l’état des lieux. Suite à notre constat, nous avons trouvé d’abord au niveau de Conakry, que la chambre régionale n’existait que de nom, ça ne reflétait pas tellement l’image d’une chambre régionale de Conakry. Mais, après notre mise en place, nous avons essayé de fournir quelques efforts pour d’abord commencer à nous installer.

Guineematin.com : justement, quels sont ces efforts que vous avez fournis pour vous installer correctement ?

Mamadou Baldé : il était d’abord question avec l’ensemble de nos collaborateurs élus de la chambre, de faire le tour de Conakry, tout en faisant le diagnostic de la situation que nous avons trouvée d’abord au niveau du premier siège qui n’était pas un endroit adéquat pour abriter une chambre régionale de commerce. Donc, avec la collaboration de mes collègues élus, nous avons parcouru Conakry, nous avons trouvé un local qui, peut-être, peut pour le moment abriter la chambre régionale, en attendant qu’on puisse aller plus loin. Donc, nous avons eu l’occasion de nous faire installer nous-mêmes par les moyens de bord au siège que vous aurez l’occasion de visiter au niveau de la Camayenne. Donc, nous avons fait un effort, malgré le fait qu’il n’y a pas pour le moment de supports financiers dans plusieurs volets, mais nous avons utilisé nos propres moyens pour pouvoir essayer de mettre en place notre siège.

Guineematin.com : alors, cela fait six mois que vous êtes à la tête de cette chambre régionale, quelles sont les activités que vous avez réussi à mener au compte de la structure ?

Mamadou Baldé : pour un début, on a été heureux de contribuer au moins à une démarche pour faire signer un document qui était en retard de plus de 20 ans ici en Guinée. C’est le document de tri de transport routier inter-Etats de la CEDEAO, la Guinée ne faisait pas partie encore de cette dynamique parce que le document n’était pas validé. Donc, après notre élection, on a eu la chance de faire des démarches auprès des autorités : le ministère de budget et tous les départements concernés. Donc, nous avons eu quand même l’honneur d’être acteur de la validation de ce document. Après l’obtention de cet acquis, nous sommes dans une démarche pour obtenir un domaine pour la construction future d’un siège de la chambre régionale du commerce de Conakry, nous sommes beaucoup avancés dans cette démarche. Nous sommes en rapport avec le ministre de l’habitat, la direction nationale du patrimoine bâti et les services du cadastre de Colèyah. Nous sommes en phase de finalisation de l’obtention d’un site sur lequel nous allons construire prochainement le siège de la chambre.

Guineematin.com : Oui, ça c’est sur le plan administratif, mais vous avez effectué des voyages, vous avez reçu d’autres acteurs impliqués dans le secteur privé. Est-ce que vous pouvez revenir brièvement sur l’ensemble de ces contacts que vous avez pu mener au cours de ces six mois ?

Mamadou Baldé : après avoir réussi à nous faire installer, nous avons donc eu l’honneur de recevoir les responsables des différentes représentations diplomatiques à Conakry. Des représentants de la Belgique, de l’Allemagne, de la Turquie etc. Beaucoup de représentations diplomatiques nous ont rendus visite et nous avons eu des échanges en même temps avec l’ambassade de Chine. Suite aux travaux que nous avons eus avec ces diplomates, nous avons eu des projets de partenariats à signer et à valider avec les chambres de commerce de ces différents pays. Et au moment où je vous parle, je pense que nous avons près de sept invitations de différents pays pour des signatures de partenariats de collaboration.

Donc, ces rencontres d’échange nous ont permis de comprendre, que pour que la chambre fonctionne, il faut vendre l’image du secteur privé de la Guinée au-delà de nos frontières. Donc, nous avons élaboré des courriers que nous avons envoyés dans plusieurs pays comme la Chine, la Turquie, Dubaï, les Emirats Arabes Unis, les Etats-Unis, la Tunisie et l’Italie. Donc, il y a eu beaucoup de réactions positives, où nous avons obtenu des invitations pour que nous partions au-delà de nos frontières pour présenter l’image du secteur privé de la Guinée.

Pour ce qui est de la Turquie, j’ai délégué des collaborateurs conseillés, pour effectuer le déplacement au niveau de la Turquie. Pour ce qui est de la Tunisie, comme le président de la chambre du commerce de la Tunisie a souhaité que moi-même je fasse le déplacement, j’ai effectué le déplacement avec certains de mes collègues opérateurs économiques. Nous avons effectué une visite en Tunisie il y a de cela trois semaines aujourd’hui, nous étions au nombre de 13 personnes, on a fait l’objet d’une réception extraordinaire de l’aéroport de Tunis jusqu’à l’hôtel. Au lendemain de notre arrivée à Tunis, il y a eu un grand événement qui a été organisé à notre honneur. Donc, nous avons eu des échanges, des rencontres, où nous avons ce jour enregistré près de 80 entreprises tunisiennes qui nous ont manifestés leur intérêt, leur intention, leur volonté de venir rencontrer le secteur privé guinéen pour investir en Guinée.

Durant notre séjour en Tunisie, nous avons eu également l’occasion d’échanger avec différentes structures du pays surtout dans le domaine de la santé. Cela, pour que nous nous impliquons à ouvrir une parenthèse entre l’intervention médicale et les malades de Guinée qui ont l’habitude d’aller chercher à se faire soigner en Europe, en Amérique et même au Sénégal. Nous avons vu qu’il était très intéressant que nous favorisions la question de santé du côté de la Tunisie.

Au moment où je vous parle, il y a une démarche qui est beaucoup avancée qui nous lie avec certains cabinets médicaux de la Tunisie, qui sont prêts à entrer en collaboration avec les services médicaux de la Guinée pour faciliter l’évacuation sanitaire, ça aussi, c’est à l’actif de notre démarche. Quand on vous dit la chambre du commerce, vous allez penser que c’est purement dans le commerce, non ! Nous voulons diversifier les actions à travers nos relations, et tout ce que nous pouvons faire pour rendre la vie heureuse à un ressortissant guinéen ou bien à toute la couche guinéenne, nous le ferons.

Donc après la Tunisie, nous avons eu l’honneur d’être invités officiellement par la chambre de commerce de Kaoulac au Sénégal. Le président Chérif M’Boo nous a invités officiellement afin que nous nous retrouvions pour un peu élargir la collaboration entre les deux Etats dans le cadre du secteur privé. Aussitôt que l’invitation nous a été soumise, avec l’accord des différents collaborateurs de notre chambre, nous avons effectué un déplacement il y a deux semaines au Sénégal. Nous avons associé dans ce voyage, les présidents des chambres de commerce de Boké, Labé, et de Koundara, pour que chacun de nous puisse donner ses orientations afin que nous ouvrions un large partenariat entre les secteurs privés de la Guinée et du Sénégal.

Vous savez que la Guinée et le Sénégal partagent des relations séculaires, et il est évident que nous avons beaucoup à apprendre avec tous nos collaborateurs qui ne vont pas hausser les épaules. Nous reconnaissons que les chambres de commerces du Sénégal, sont des structures créées depuis plus de 105 ans. Donc, à notre arrivée au Sénégal, nous avons vu beaucoup de choses et nous avons beaucoup à apprendre avec eux. Donc, quand nous sommes arrivés à Kaoulac le 28 mars passé, nous avons eu un accueil chaleureux de la part du gouverneur de la région de Kaoulac, des ressortissants guinéens vivant à dans cette ville, et l’ensemble des acteurs de la chambre de commerce de Kaoulac.

Nous avons eu des séances de travail qui ont duré trois jours. Suite à ces travaux, nous avons signé un protocole de collaboration, un jumelage entre la chambre de commerce de Kaoulac et la chambre régionale de Conakry de Conakry. Pour que ceux-là nous apportent leur expertise, leur savoir-faire afin nous aussi, nous puissions savoir quels sont les droits et devoirs d’une chambre de commerce entre autres. Les autorités sénégalaises ont apprécié l’initiative, elles ont exprimé leur volonté de soutenir l’initiative. Le ministre du commerce du Sénégal, a souhaité qu’on arrive à Dakar, afin que lui-même participe à notre initiative.

Donc le 31 mars 2018, le ministre sénégalais du commerce nous a reçus avec l’ensemble des présidents de chambres de commerce de Sénégal. Nous avons eu une séance de travail, et nous avons signé un protocole de même type devant le ministre du commerce pour lui exprimer la nécessité de collaborer, en vue de faciliter la libre circulation des personnes et de leurs biens entre le Sénégal et la Guinée, surtout que notre commerce passe par la voie terrestre.

Guineematin.com : De tous ces contacts établis et de toutes les relations que vous avez eu à développer entre votre chambre et celles d’autres pays que vous venez de citer, qu’est-ce que le secteur privé de Conakry a gagné concrètement ?

Mamadou Baldé : le secteur privé de Conakry ou de Guinée en général, a beaucoup à gagner de ces contacts. Aujourd’hui, je prépare un voyage pour la Tunisie après demain à l’invitation de la chambre de commerce de la Tunisie. Ils nous ont invités à participer à un forum africain qui va se tenir du 23 au 25 de ce mois à Tunis. 34 pays sont invités à ce forum pour 800 participants. Que ça soit en Tunisie, au Sénégal, en Turquie ou ailleurs, notre mission c’est d’ouvrir la Guinée au monde, montrer la vision, l’opportunité, le potentiel du secteur privé de la Guinée. Et permettre aussi aux opérateurs économiques guinéens, d’avoir de nouvelles expériences, de comprendre davantage le fonctionnement de leur secteur. Donc, nous avons des échanges commerciaux qui sont en vue autour de tous les produits qu’on pourrait importer en Guinée, et tout ce qu’on pourra aussi exporter vers les autres pays.

Mais dans un premier temps, il faudrait que les collaborateurs guinéens du secteur privé comprennent, que nous ne maîtrisons pas très bien ce que c’est le secteur privé, nous ne maîtrisons pas très bien les droits et les devoirs d’une chambre de commerce. Ce qu’il faut alors, il faut accepter de se former. Donc je peux vous dire dans l’ensemble, que le secteur privé de la Guinée, s’il plait à Allah, a beaucoup d’avantages à tirer des voyages que nous sommes en train d’effectuer et des partenariats que nous sommes en train de nouer.

Guineematin.com : Quelles sont aujourd’hui vos perspectives dans un futur proches ?

Mamadou Baldé : nos perspectives, d’abord c’est de valoriser le secteur privé, faire sortir l’image du secteur privé en même temps de la chambre de commerce de la Guinée à l’image des autres chambres de commerce des pays voisins et des autres pays de l’Europe. Donc nos perspectives, c’est d’abord d’aller vendre l’image de la Guinée, vendre les perspectives de la Guinée que nous détenons, et en plus, se faire accompagner des opérateurs guinéens pour qu’ils puissent aller acquérir de nouvelles expériences et maitriser de nouveaux paramètres. Nos perspectives, c’est aussi la formation, les partenariats avec les investisseurs qui souhaiteraient venir investir dans notre pays, et l’implication des cadres du secteur privé de la Guinée et la chambre du commerce, pour que prochainement, le secteur privé guinéen puisse aller au-delà de l’informel.

Guineematin.com : Vous êtes également animés de l’idée de fédérer les chambres de commerce des pays membres de la CEDEAO, comment vous comptez le faire ?

Mamadou Baldé : c’est une initiative que nous avons prise. J’en ai discuté avec mes collègues du Sénégal et j’envisage d’échanger autour de la question avec mes collègues du Togo qui ont promis de nous rendre visite à Conakry. Je pense que nous avons commencé à émettre une idée, pourquoi ne pas associer l’ensemble des chambres de commerce des pays de CEDEAO pour essayer de faire un bloc commun à l’image de l’union africaine, de l’union européenne, pour que dans la sous-région, la CEDEAO puisse avoir une chambre de commerce commune qui peut avoir aussi une vision commune, qui peut intervenir dans l’intérêt du secteur privé, un intérêt commun surtout avec les accords qu’on vient de signer à Luanda.

Il faudrait que les chambres de commerce des pays de la CEDEAO puissent quand même créer aussi leur initiative pour faire un modèle de chambre de la CEDEAO. Donc, c’est une initiative autour de laquelle j’ai discuté avec mes collègues du Sénégal pendant mon séjour dans le pays. Ils ont trouvé que l’initiative peut être vraiment intéressante, je vais en discuter avec les autres. Si nous sommes tous d’accord d’aller dans cette dynamique, il faudra ensuite aller vers les autorités pour solliciter leur approbation de l’initative.

Guineematin.com : Cependant, la Guinée peine encore à avoir sa chambre nationale de Commerce !

Mamadou Baldé : Oui, évidement, mais pour le moment je ne fais pas de ça un facteur. Pour moi, que ça soit la chambre nationale, régionale ou préfectorale, peu importe, l’essentiel pour moi, c’est une collaboration du secteur privé. Pour le moment, d’ici qu’une chambre nationale ne soit mise en place, moi je vais mettre toutes mon expérience, mes relations et ma volonté à profit, pour fédérer les chambres de commerce, que ça soit les chambres de commerce de la Guinée ou celles de la sous-région.

Guineematin.com : Dernière question monsieur le président, quelles sont les attentes que vous formulez à l’endroit du gouvernement pour la réussite des actions entreprises par la chambre régionale de commerce, d’industrie et d’artisanat de Conakry ?

Mamadou Baldé : Les attentes que nous formulons sont énormes. Depuis que cette élection est passée, nous n’avons pas eu suffisamment de soutien et d’accompagnements de la part des autorités, nous n’avons aucun soutien financier des autorités. Il faudrait que les autorités comprennent qu’un secteur privé ne peut pas se développer sans d’abord, l’implication d’une chambre de commerce. Donc, on souhaiterait que les départements concernés, que les autorités comprennent qu’il est question qu’ils viennent au secours de la chambre de commerce pour quand même nous permettre aussi de nous développer. Jusqu’au moment où je vous parle, nous évoluons à travers nos propres moyens. Je prie donc les autorités compétentes, de prendre certaines dispositions pour au moins montrer leur volonté, leur souci d’accompagner une mission d’une chambre de commerce.

Interview réalisée par Abdallah Baldé pour Guinematin.com

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