Déguerpissement à Kaporo-Rails : les habitants refusent de se « laisser écraser »

Elhadj Alpha Mamadou Saliou Barry, chef du quartier de Kaporo rails
Elhadj Alpha Mamadou Saliou Barry, chef du quartier de Kaporo rails

Comme annoncé précédemment, plusieurs habitants du quartier Kaporo-Rails sont, à nouveau, menacés de déguerpissement. Ces citoyens ont reçu un courrier du gouvernement leur demandant de libérer la zone au plus tard dans 30 jours. Une nouvelle qui provoque une stupéfaction totale dans le quartier où les concernés disent être déterminés à défendre leurs droits, a constaté un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu sur place.

Surprise et étonnement. C’est avec ces sentiments que les habitants de Kaporo-Rails ont appris la nouvelle faisant état de leur déguerpissement en vue. Une nouvelle qu’ils ont reçue il y a quelques jours à travers un courrier du ministère de la ville et de l’aménagement du territoire. Le département leur demande de quitter la zone au plus tard le 30 septembre prochain. Une démarche que ne comprend pas du tout Elhadj Baldé, un habitant du quartier.

« Nous sommes étonnés, nous sommes surpris, nous sommes indignés qu’on puisse dire à des habitants légalement installés de quitter leurs domiciles, de quitter leurs habitations au bout de 30 jours. Nous savons parfaitement que l’Etat a des droits mais nous les citoyens aussi nous avons des droits. La preuve est que nous disposons de tous nos papiers, de tous nos documents officiels donnés par le Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat de l’époque.

Dans mon cas par exemple, j’ai acquis ce domaine depuis 1983, j’ai mon certificat de propriété, j’ai tous les documents, j’ai payé la quittance au trésor pour vous dire que ça a un caractère officiel et signé par le ministre d’alors. Qu’on vienne aujourd’hui nous dire de quitter, que nous occupons illégalement ces lieux, nous sommes décontenancés. Nous pensons qu’un Etat responsable devait agir autrement », réagit ce citoyen en colère.

Et son sentiment est largement partagé dans le quartier. Même le chef de quartier, Elhadj Alpha Mamadou Saliou Barry, n’en revient pas : « Dans mon secteur 3 derrière l’Ambassade des Etats-Unis, les habitants de ces endroits-là ont reçu des papiers d’avertissement leur demandant de libérer les lieux au plus tard le 30 septembre. Mais c’est une surprise totale parce que si vous vous en souvenez, en 2016, le président de la République est venu pour la pose de la première pierre du centre directionnel de Koloma.

Ce jour-là, le président de la République nous a informés que vraiment c’était un tort de casser nos bâtiments en 1998 parce que c’était purement politique. Mais étant le chef de l’Etat, il a dit que la casse de Kaporo Rails en 1998 était contre l’opposition d’alors dont il faisait partie. Le président de la République nous a demandés pardon et nous a promis que cette fois-ci, quand l’Etat sera prêt à venir investir dans la zone, tous ceux qui seront concernés seront dédommagés. Donc c’est avec une surprise totale qu’on a vu subitement le papier qui nous dit de quitter les lieux dans un délai de 30 jours », nous a confié l’autorité locale.

Elhadj Baldé

Les habitants de Kaporo-Rails concernés par ce déguerpissement en vue, disent n’être pas forcément opposés à leur départ de la zone. Mais si cela se fera, ils demandent à ce que ça soit dans les règles de l’art. C’est-à-dire, que l’Etat les indemnise pour qu’ils puissent trouver de nouvelles maisons où habiter. Et pour cela, ils sont prêts à se battre jusqu’au bout, assure Elhadj Baldé.

« Si l’Etat naturellement nous donne des domaines, nous indemnise, si c’est pour cause d’utilité publique, ça peut se négocier. Mais si c’est autre chose, nous ne sommes pas prêts à accepter, à croiser les bras et nous laisser écraser comme si nous n’étions pas des citoyens guinéens », a dit cet habitant Kaporo-Rails.

A rappeler qu’une délégation des citoyens concernés par cette situation, s’est rendue samedi dernier au siège de l’UPR pour rencontrer le président du parti, Bah Ousmane. Ils ont demandé au ministre conseiller à la présidence de faire entendre leur préoccupation au chef de l’Etat.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 2139 77/ 662 73 05 31

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