Grève contre la « vente » du Port à Albayrak : « ils sont manipulés », dit Aboubacar Sylla

Le ministre des Transports, a pris part à l’assemblée générale hebdomadaire de son parti, ce samedi, 08 septembre 2018. Le président de l’UFC a saisi l’occasion pour s’expliquer encore une fois, sur la concession du port conventionnel de Conakry à la société turque Albayrak. Il a démenti les détracteurs de ce contrat et assuré qu’il s’agit d’un bail avantageux pour la Guinée, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Décryptage !

Je viens de lire sur le net une déclaration des Forces Sociales. Mais dans ce communiqué, les Forces Sociales dénoncent cette convention. Elles parlent de bradage du patrimoine public, elles soutiennent le syndicat et elles disent dans cette déclaration que tous les travailleurs du port sont contre cette convention de mise en concession du Port Autonome de Conakry en faveur du groupe turc Albayrak. D’abord, je commence à m’inscrire en faux contre ces assertions.

On dit tous les travailleurs du port, vous savez combien de travailleurs qu’il y a au port ? Il y a autour de 4 mille travailleurs au port. Vous qui regardez la télévision nationale, lorsque vous voyez ceux qui passent leur temps à dénoncer cette convention, regardez à peu près, estimez combien ils sont. Vous ne verrez pas une cinquantaine de personnes qui se regroupent quotidiennement devant la direction générale du port pour crier, pour s’opposer à la mise en concession du port autonome.

Sur 4 milles et quelques, vous n’avez pas 50 personnes qui s’opposent à cette convention de concession sans même savoir pourquoi ils parlent. Vous voyez des personnes arrêtées qui n’ont même pas le niveau intellectuel requis pour comprendre les dispositions juridiques qui sont contenues dans cette convention de concession.

Qu’ils parlent d’emploi, qu’ils parlent de bradage du port, on se rend compte tout de suite que ce sont des personnes qui sont manipulées par des gens plus malins qui sont tapis dans l’ombre et qui s’opposent à ce que la gestion du port autonome soit une gestion modernisée et qu’elle soit à l’abri des détournements et de la mal gestion.

Qu’est-ce qui a été décidé au niveau du port ? Je suis à l’aise d’en parler parce que je n’ai été mêlé ni de près ni de loin aux négociations relatives à la mise en concession du port, je suis arrivé et j’ai hérité de ce dossier. Mais j’ai pris le soin de le lire. Je l’ai lu dans les moindres détails et je n’ai pas vu une seule disposition dans ce dossier qui soit défavorable à la Guinée, bien au contraire.

Je vais vous dire d’abord qu’il n’y a pas de vente du port, le port n’est pas vendu. Le port est mis en concession comme on dit bailler, c’est un bail de 25 ans comme on le dit couramment qui permet à une société de se substituer à l’Etat pour faire les investissements nécessaires. Nous avons besoin d’investissements importants au niveau du Port Autonome de Conakry mais l’Etat n’en a pas les moyens.

Le groupe Albayrak va investir pas moins de 200 millions de dollars dans les dix prochaines années. La Guinée n’en a pas les moyens et même si elle avait ces 200 millions de dollars est-ce qu’il est plus urgent pour elle de les investir au port que de faire face aux secteurs sociaux de base comme la santé, comme l’éducation, comme nos routes, comme nos pistes rurales.

Donc l’Etat s’est dit, je n’ai pas les moyens, je veux que mon port évolue, qu’il se modernise, qu’il soit au niveau des ports de la sous-région donc je mets en concession le port pour une certaine durée et pendant cette durée, le concessionnaire qui est là va investir avec ses propres fonds et va s’endetter sous sa propre garantie sans impliquer l’Etat et va réaliser tous ces investissements pour revenir à la Guinée.

Mais entretemps, notre port aura évolué et loin de ça, pendant la période de concession, il y a un loyer qui va être payé au gouvernement guinéen. Et vous savez quel est le montant de ce loyer ? Il y a 330 millions de dollars que la Guinée va percevoir pendant les 25 ans. Quand vous divisez 330 par 25, ça fait une moyenne de 13 millions de dollars par an que la Guinée va encaisser contre zéro franc à l’heure actuelle.

Le port actuel apporte zéro franc à la Guinée. On parle du port, qu’on a fait beaucoup d’améliorations du port ainsi de suite, quand vous prenez les comptes du port pour l’exercice 2017 ; les résultats après opposition, c’est 4 millions 490 mille dollars, c’est-à-dire moins de 5 millions de dollars contre des besoins d’investissement de 200 millions de dollars à court terme. Faites la comparaison entre 4 millions et 200 millions. Où le port va prendre le gap-là, où le port va prendre ces ressources pour financer son développement ?

Mieux que ça, le port de Conakry traite au maximum 9 millions de tonnes de marchandises par an. Vous savez quel est le trafic au niveau du port d’Abidjan ? 21 millions de tonnes par an contre 9 millions pour la Guinée. Le port de Dakar fait plus de 16 millions de tonnes, le port de Lomé plus de 15 millions de tonnes, nous on est encore entre 8 et 9 millions de tonnes par an.

On veut que notre port soit un port compétitif, que ça soit un grand port dans la sous-région, mais pour cela il faut des investissements importants tant au niveau des équipements portuaires qu’au niveau des quais, au niveau du tractage parce qu’on n’a pas la capacité d’avoir un port en eau profonde qui permet d’attirer des navires de grandes capacités. Pour faire rien que les opérations de tractage dans les deux ans vont se chiffrer à près de 100 millions de dollars dont la Guinée ne dispose pas. Donc on s’est dit de mettre le port en bail. Pendant ces 25 ans, notre port peut-être va rattraper les ports de la sous-région.

Il n’y aura pas de licenciement d’une seule personne au niveau du port, l’engagement est pris aussi bien dans la convention que dans les prospectus qui ont été imprimés par la société et distribués, même affichés à l’intérieur du port. Il n’y a aucun citoyen qui sera licencié mais au contraire les travailleurs du port vont connaitre une évolution significative parce qu’il aura de nouveaux recrutement. Parce que si le port de Conakry passe de 9 millions de tonnes de trafic à 15 millions de tonnes, il est évident qu’il faudra la main d’œuvre complémentaire.

Bref, j’ai regardé ce dossier je n’y vois aucune disposition qui contrevienne à la loi, qui contrevienne aux dispositions règlementaires qui encadrent les investissements et aussi qui soit défavorable à l’intérêt de la Guinée.

Dans quelques jours, dans quelques semaines dès après la signature de cette convention, la Guinée va recevoir un ticket d’entrée de 15 millions de dollars qui vont être versés dans le compte de notre trésor.

Donc je crois qu’il ne faut pas vous inquiéter pour le président que je suis, qui se trouve ministre des Transports. Depuis qu’on a signé cette convention, c’est le 10 août qu’on l’a signée. Nous sommes le 08 septembre aujourd’hui, dans deux jours ça fera un mois, le port n’a pas arrêté de travailler même une seconde. Avec tout le bruit que vous entendez dans les médias qui est fait par une quarantaine ou une trentaine de personne. Il n’y a aucune interruption, aucune perturbation des activités du port, le port marche normalement.

Mais quand vous entendez certains médias, vous avez l’impression que tous les travailleurs du port sont révoltés, il n’y a plus de travail au port, tout est fermé. C’est archi-faux, c’est une petite minorité qui veut que le statuquo demeure parce que cette minorité-là vit de ces malversations et de ces contrats léonais à l’intérieur du port. C’est cette minorité qui finance qui fait ce tintamarre, qui fait tout ce bruit qui n’est qu’un combat d’arrière-garde.

Cette convention est déjà signée et sa mise en œuvre a commencé et elle va aller jusqu’à son terme. Donc je voudrais vraiment vous rassurer, moi je n’ai aucun problème au niveau du Ministère des Transports. Le port marche normalement, les milliers de travailleurs du port sont là et sont engagés plus que jamais.

Lorsque le lendemain de la signature de cette convention, lorsque cette minorité dont je vous parle est venue pour fermer le port, elle est venue avec une dizaine de personnes pour fermer l’accès au port.

Ce sont les travailleurs du port même depuis les dockers jusqu’aux autres travailleurs qui se sont mobilisés, qui sont venus ouvrir et leur ont dit qu’ils travaillent ici et que le port n’est pas vendu, le port est mis en concession, leurs emplois sont sauvegardés, leurs revenus seront sauvegardés, qu’il n’est pas question d’interrompre les activités du port.

Depuis ça vous voyez une quarantaine de personnes qui viennent chaque matin s’agiter, crier et comme parfois on a certains journalistes qui n’aiment pas l’effort qui se contentent de braquer les caméras sur les premières personnes qui se présentent à eux, qui leurs donnent le micro et se contentent de ça pour aller dire dans leurs comptes rendus que ce sont les travailleurs du port.

Les travailleurs du port, ce n’est pas une quarantaine de personnes qui s’agitent devant les micros, ce sont les 4 mille et quelques employés qui sont au port aujourd’hui et qui travaillent quotidiennement et qui font que le port ne connait aucune perturbation de ses activités. Vous entendez les syndicalistes dirent tous les jours qu’ils vont faire ceci, on va continuer à perturber le port.

Pour continuer à perturber le port, il faut commencer à perturber, mais rien n’est perturbé au niveau du port. On va faire en sorte que les navires ne puissent pas accoster, tout ça c’est du bruit. Ne vous inquiétez pas pour moi, tout se passe bien et je crois que ça va continuer à se passer très bien parce que nous sommes là-bas pour nous battre uniquement pour l’intérêt national. Nous n’avons aucun autre objectif que cela.

Propos recueillis par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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