Grève du SLECG : les écoles publiques entre pagaille et calme précaire

Dix-neuf jours après l’ouverture des classes au compte de la nouvelle année scolaire en Guinée, les cours tardent à reprendre normalement dans les écoles publiques du pays. Une situation due à la grève des enseignants déclenchée le 03 octobre dernier par le SLECG. Et, les élèves commencent à en avoir d’aller à l’école sans trouver de professeurs en classes. Certains d’entre eux sont sortis donc se faire entendre dans la rue ce lundi, 22 octobre 2018 à Conakry.

L’absence des enseignants dans les classes commence à se faire ressentit dans la rue. Ce lundi, 22 octobre 2018, des manifestations d’élèves ont été enregistrées à plusieurs endroits de la ville. C’est le cas notamment des élèves du lycée Donka et eux du collège 2 de Bonfi. Ces derniers sont descendus dans la rue pour protester contre l’absence des enseignants titulaires dans les classes.

En effet, malgré le communiqué du Premier ministre, Kassory Fofana, diffusé dimanche soir et qui faisait état du dénouement de la crise liée à la grève des enseignants appelée par le SLECG dirigé par Aboubacar Soumah, très peu d’enseignants ont rallié les écoles publiques ce lundi encore. Ce qui a provoqué la colère des élèves du lycée Donka dans la commune de Dixinn.

Mme Traoré Mamadia Camara

Lassés de venir à l’école sans faire cours, ces derniers sont descendus dans la rue pour protester contre cette situation. Ils réclament le retour des enseignants titulaires au lieu des contractuels recrutés récemment par le gouvernement. Mais, la proviseur, madame Traoré Mamadia Camara, tente de minimiser cette manifestation.

« Moi, j’étais là ce matin où tout semblait bien aller. Les élèves sont venus en nombre, les couleurs ont été montées et ils sont rentrés en classes. Moi, je m’apprêtais à aller à la morgue de l’hôpital d’Ignace Deen pour la levée du corps du doyen Bakary, un professeur de Maths qui a enseigné ici pendant 20 ans. Hier il a été fauché par un motard et il a rendu l’âme.

C’est en ce moment qu’un élève est venu m’alerter qu’il y a un petit groupe d’élèves qui veulent pagailler. J’ai demandé s’il y a le professeur en classe, il a dit oui. Et je suis allée avec lui en classe pour interroger une élève qui a fait semblant de n’avoir pas entendu. Je les ai sensibilisés. Subitement, il y a un qui s’est levé pour dire qu’il est l’heure.

Un groupe a suivi avec des papiers en mains où étaient écrites des choses. Un d’entre eux avait le drapeau national. Ils sont sortis débrayer et tenter de faire sortir les autres. Mais ils n’ont pas pu. Vous voyez la sécurité. Il n’y a pas de pagaille, les autres sont en classe », a expliqué Mme Traoré.

Parlant du nombre d’enseignants présents, madame le proviseur explique qu’au total, « il y avait 7 enseignants titulaires sur 23 et la totalité des contractuels ». Prise de panique, Mamadia Camara dit ne pas se souvenir du nombre d’élèves. « Je suis vraiment sous le choc », a-t-elle dit.

Devant cette école, un reporter Guineematin.com a croisé des élèves munis de feuilles où il était mentionné en lettre capitale: « Nous réclamons nos professeurs titulaires. A bas les contractuels ». Ces élèves dénonçaient, sans violence, l’absence de professeurs titulaires dans les classes.

Au collège 2 de Bonfi, dans la commune de Matam, également un mouvement de panique a été enregistré ce lundi matin suite à des jets de pierres survenues sur les lieux. Moussa Camara, le directeur des études déplore cette situation et se plaint de l’absence de service de sécurité sur place.

Il indique qu’aucun enseignant programmé n’a répondu présent dans son école ce lundi. « La situation aujourd’hui, enseignants programmés 7, présents 0. Encadrement programmé 10. Présents 10. Elèves programmés, 525, présents 121 ».

Mais, la situation était totalement différente au lycée Ahmed Sékou Touré, ancien lycée de l’Aviation dans la commune de Matoto. Là, toutes les classes sont presque remplies et les cours se passent normalement ce lundi matin.

Sidiki Kouyaté

Visiblement heureux, le proviseur Sidiki Kouyaté explique que sur un effectif de 1273 élèves, 1022 sont présents et les 23 groupes pédagogiques sont tous opérationnels. Même si des 23 enseignants titulaires, seuls 11 ont décidé de donner les cours. Ils sont aidés par 14 contractuels de l’Etat. Et les programmes se déroulent correctement selon le proviseur, Sidiki Kouyaté qui soutient que les rumeurs visant à décourager les enfants « n’ont pas passé cette fois-ci ».

Au lycée 1er mars, en rénovation, toujours dans la commune de Matam, les classes sont bondées d’élèves. Aussi bien au collège qu’au lycée, certains étaient même assis à trois par table-banc. Sur 1772 programmés, 1705 sont présents, selon le proviseur, Moustapha Camara.

« Les effectifs sont beaucoup plus élevés aujourd’hui que les jours précédents. Seulement 6 des 23 enseignants titulaires sont là contre 18 sur 18 contractuels programmés. Depuis 8 heures, les cours se poursuivent », selon le proviseur qui énumère tout de même des difficultés et non des moindres.

« Il s’agit de la mobilisation des enseignants et la rénovation en cours de l’école. Sur ce second point, ce ne sont pas toutes les 36 classes qui sont opérationnelles. Il y a 32 qui fonctionnent et nous sommes obligés de trouver la solution pour les 4 autres en attendant la fin des travaux ».

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

Facebook Comments Box