Lamine Camara, chef du quartier Matam centre : « je veux même rendre le tablier parce que… »

Un mois seulement nous sépare du 04 février, date prévue pour la tenue des élections locales, les premières depuis 12 ans en République de Guinée. A cette occasion, Guineematin.com interroge à tout hasard des responsables des quartiers qui acceptent de recevoir nos reporters pour parler notamment de leur travail sur le terrain et des difficultés qu’ils rencontrent, afin de donner une idée aux futurs « élus » des quartiers sur ce qui les attend. Des sujets que monsieur Mohamed Lamine Camara, le chef du quartier Matam centre a accepté d’aborder avec nous.

Décryptage !

Guineematin.com : Bonsoir monsieur Camara. Dans un mois, les Guinéens iront aux urnes pour élire leurs dirigeants à la base, vous vous êtes chef de quartier depuis huit ans, dites-nous d’abord quelles sont les attributions des conseils des quartiers ? Qu’est-ce que vous faites concrètement sur le terrain ?

Mohamed Lamine Camara : Sur le terrain, je ne fais que régler les problèmes sociaux, parce que les problèmes domaniaux, le gouvernement nous en a dessaisis. S’il y a des problèmes domaniaux, nous ne sommes pas invités. Tu peux voir quelqu’un qui vient construire dans ton quartier, tu ne peux même pas lui demander où il a sorti les documents, comment il les a eus, bref tu n’as rien à lui dire parce que tu n’es pas habilité à le faire. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’aller signaler le cas à l’habitat communal qui s’en occupe.

Guineematin.com : Alors, après huit ans de service dans ce quartier, vous avez dû gérer beaucoup de problèmes et vous avez certainement dû rencontrer des difficultés, parlez-nous de ces difficultés !

Mohamed Lamine Camara : Bon ! Durant ces huit ans, les difficultés rencontrées, on ne pas les énumérer toutes. Parce que les chefs de quartiers sont tellement accusés qu’on ne bénéficie de rien. On n’a pas de ressources, on n’a pas de budget, on ne compte que sur nos certificats de résidence. Même pour pouvoir augmenter le prix de ça à 10 000 francs, ça nous a créés des problèmes et ça a fait beaucoup chanter. Mais, néanmoins, on s’est entêté pour pouvoir maintenir ça pour pouvoir au moins dire que les chefs de quartiers ont quelque chose. En plus, nous sommes accusés particulièrement à l’occasion des élections. Pourtant, nous nous sommes que les gardiens et les surveillants des matériels qui viennent. Tous les partis en lice sont représentés dans les bureaux de vote le jour du scrutin, nous, on n’est pas présent dans les bureaux de vote. On fait juste des va-et-vient pour contrôler le déroulement des choses et même les dépenses liées à la nourriture des travailleurs ce jour-là, moi en tout cas, c’est moi qui m’en charge. Donc, on n’est pas impliqué dans le processus jusqu’à pouvoir influencer quoi que ce soit. Mais, malgré tout, les gens nous accusent partout sans aucun fondement.

Guineematin.com : On est justement sur les préparatifs des élections locales du 04 février, comment se préparent ces élections dans votre quartier?

Mohamed Lamine Camara : Bon ! Moi, je ne sais pas grand-chose dans ça. En tout cas, moi personnellement, je ne sais même pas quels sont les candidats dans mon quartier. J’ai eu tout de même trois inspections venues nous consulter à propos des matériels et des formations, mais aussi des fichiers de recensement pour pouvoir mettre les bureaux de vote tout près des électeurs. Ce travail a pris trois jours chez moi ici, j’ai fait sortir les documents, ils ont tout vérifié et il n’y a pas eu de difficultés.

Guineematin.com : Guineematin.com : Vous-mêmes est-ce que vous êtes candidat à votre succession ?

Mohamed Lamine Camara : Oh loin de là ! Je veux même rendre le tablier de chef de quartier. Parce que bon, les accusations et injures sont trop et on n’a aucune défense. Même lorsque la police vient chercher un citoyen accusé d’avoir commis une infraction dans un quartier, le chef de quartier n’est pas informé. Même les problèmes sociaux que nous réglons dans les quartiers, la police et la gendarmerie viennent parfois s’interposer. Et, quand c’est le cas, on n’a nulle part où aller nous plaindre pour demander à ce qu’on nous laisse régler les problèmes sociaux à la base. Ce sont des corps habillés, ils sont plus forts que nous et c’est pourquoi ils ont toujours raison sur nous.

Guineematin.com : Vous avez décidé donc de vous retirer, mais est-ce que vous avez alors des conseils à donner aux chefs de quartiers qui seront élus à l’issue du scrutin du 04 février, parce que parmi eux, il y aura certainement des nouveaux qui ne connaissent peut-être pas bien le terrain ?

Mohamed Lamine Camara : C’est de leur dire, s’ils le peuvent, de faire aux quartiers, parce que c’est à partir de là que commencent les problèmes. Tout début d’un problème, toute fin d’un problème, c’est à la base ; mais, c’est la base justement qui n’est pas considérée. Donc, je pense que ça sera le premier combat qu’ils auront à mener. Celui de faire en sorte que la base ait plus de considération pour pouvoir mieux agir.

Guineematin.com : Merci à vous !

Mohamed Lamine Camara : Merci !

Interview réalisée par Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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