Menace de déguerpissement à Kaporo rails : l’incohérence dans la démarche

Kaporo railsLes habitants de Kaporo rails (quartier Kipé 2) sont partagés actuellement entre inquiétude et stupéfaction. Cela, après avoir reçu une lettre du gouvernement leur demandant de libérer les lieux à la fin de ce mois. Ces citoyens relèvent de l’incohérence dans la démarche du gouvernement et dénoncent la violation de leurs droits, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au fur et à mesure que le temps passe, l’inquiétude grandit davantage chez les habitants de Kipé 2, menacés de déguerpissement. Ces derniers se demandent quel sort leur sera réservé après le 30 septembre 2018, ultimatum fixé par le gouvernement pour qu’ils quittent la zone sans aucune mesure d’accompagnement. Ces citoyens trouvent tout à fait incompréhensible cette démarche des autorités.

« Depuis le 30 juillet 2018, nous avons reçu une lettre d’un huissier nous demandant de quitter les lieux au plus tard le 30 septembre 2018. Nous nous sommes aperçus que l’ordre de mission qui lui a été délivré par monsieur le secrétaire général du ministère de la ville et de l’aménagement dit expressément que la mission consiste à faire le bornage des lieux concernés et à faire l’expertise et l’évaluation des bâtiments avant quoi que ça soit. A notre grande surprise, la lettre qui accompagne celle de monsieur l’huissier, la lettre que monsieur l’huissier nous a envoyée, c’est de nous demander de déguerpir au plus tard le 30 septembre. Ce qui est de façon flagrante contradictoire.

Kaporo rails
Elhadj Ousmane Baldé

Ensuite, de quoi nous nous sommes rendus compte, que les lots en cause d’après la lettre, ne correspondent pas au lotissement figurant dans les documents que nous possédons. Je rappelle que beaucoup d’entre nous, sont soit des coutumiers, soit des gens qui ont été recasés ici, qui possèdent leurs plans de masse, qui possèdent leur autorisation de construire et leurs certificats de propriété qui tenaient lieux de titre foncier à l’époque de l’ancien régime et en partie, sous le régime du général Lansana Conté », indique Elhadj Ousmane Baldé, porte-parole des citoyens concernés.

Selon cet habitant de Kipé 2, c’est sous l’égide de Moussa Diakité qui était ministre de l’habitat que ceux habitent ce secteur ont été recasés sur les lieux. Ils sont composés, selon lui, de déguerpis de l’actuelle cité des médecins et de l’emprise de l’aéroport de Conakry notamment, plus les coutumiers de la zone. Pour lui, cet endroit ne constitue nullement une zone réservée comme le prétend le gouvernement.

« Il y a l’éclairage public ici, nous avons des bornes fontaines, nous avons des forages, nous avons des conduites d’eau. Est-ce qu’à votre avis, on peut investir dans ce genre d’infrastructures dans une zone réservée ? Comprenez bien que nous, nous n’appartenons pas à Koloma, nous appartenons à Kipé. Nous sommes à Kipé 2, tous les documents dont on dispose attestent que nous sommes à Kipé 2 », a laissé entendre monsieur Baldé.

Au vu de toutes ces situations, le porte-parole des habitants menacés de déguerpissement estime que cette démarche viole totalement leurs droits : « Nous pensons que la note de l’huissier bafoue nos droits. Il faut qu’on le dise quand-même assez clairement. Nous estimons que le gouvernement devra prendre ses responsabilités pour respecter et faire respecter les lois, faire respecter les droits des citoyens. Ce qu’on peut dire, c’est que cette décision de l’huissier parce que nous appelons ça la décision de l’huissier, elle enfreint nos droits », a dit Elhadj Ousmane Baldé.

A noter que 252 familles sont concernées par cette menace de déguerpissement sans la moindre mesure d’accompagnement. Pourtant, le président de la République qui s’était rendu dans le quartier en 2016, avait dénoncé les conditions dans lesquelles de nombreux habitants de Kaporo-Rails avaient été déguerpis en 1998 et promis que plus personne ne sera délogé par l’Etat sans être recasé.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box