Menace de grève du SLECG : Dian Diallo sur les propos du Premier ministre

Mamadou Dian Diallo

Quelques semaines après la première émission du Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, à la télévision nationale, son conseiller en communication a dû sortir dans la presse pour revenir sur un pan de cette sortie du chef du gouvernement guinéen.

Mamadou Dian Diallo est passé dans l’émission « Les Grandes Gueules » de la radio Espace FM, hier, lundi 24 septembre 2018, pour s’expliquer sur les propos de Kassory Fofana au sujet des négociations ouvertes récemment entre le gouvernement et le SLECG dirigé par Aboubacar Soumah autour de la revendication du syndicat relative au paiement d’un salaire mensuel de huit millions de francs guinéens par enseignant.

Le responsable de la communication de la Primature a précisé que le dialogue entre les deux parties n’est pas rompu et que les propos du Premier ministre ont été détournés de leur sens. Il a accordé aussi un entretien à Guineematin.com au cours duquel il est revenu plus en détails sur le sujet, accusant certains journalistes d’avoir manipulé les syndicalistes pour les pousser à perturber la rentrée scolaire prévue le 03 octobre prochain.

Décryptage !

Guineematin.com : monsieur Diallo, on vous a écouté tout à l’heure chez nos confrères de la radio Espace FM où vous êtes revenu brièvement sur les propos du Premier ministre sur la revendication du SLECG dirigé par Aboubacar Soumah. Propos tenus récemment à la télévision nationale et qui ont suscité du bruit à Conakry. Et vous, vous dites que ces propos ont été mal interprétés par certains journalistes ?

Mamadou Dian Diallo : vous-mêmes vous avez écouté monsieur le Premier ministre. Il a dit : nous sommes déjà en négociation, on est autour de la table. Ça veut dire que les négociations sont en train d’être menées avec les techniciens. Il a dit, d’ailleurs je me félicite que les syndicalistes aient dit, je l’ai lu sur un site, que les 8 millions n’étaient pas une fin en soit, un objectif définitif. Il a dit parce que c’aurait été difficile et il a expliqué les raisons techniquement, les raisons qui auraient rendu cette possibilité-là difficile.

Donc, pour moi, ce sont les journalistes, mes confrères qui ont mis le problème là où il n’existe pas. C’est le SLECG et l’Etat qui négocient. L’Etat a dit que les huit millions ne sont pas tenables, le syndicat a dit que les huit millions ne sont pas un objectif définitif. Mais, à partir de là, il y a déjà une facilitation des négociations. Pourquoi certains journalistes veulent dire qu’il faut les huit millions ou rien ? Quel est leur objectif ? Donc, pour moi, ce sont eux qui ont manipulé l’esprit des syndicalistes.

Et c’est là que je me dis que les journalistes qui l’ont fait, ils ont peut-être un objectif. Dans la mesure où c’est à la même période où le Professeur Alpha Condé a réussi à signer une convention de financement pour la route Coyah-Dabola, il a réussi à signer la convention de financement pour Souapiti. Le Premier ministre l’a dit dans cette émission. C’est à la veille du passage du Premier ministre à la télévision nationale que le président de la République a réussi à signer ces conventions de financement qu’on avait dit impossibles.

Le Premier ministre en parle et on ne relève pas ça. Il parle de la signature d’une convention pour des logements sociaux où il dit que les enseignants sont prioritaires, on ne relève pas ça. Il a dit qu’il venait d’initier un atelier pour faire la réglementation des métiers de l’agriculture, on ne parle pas de tout cela. On va inventer un problème qui n’existe pas. On dit qu’il a dit qu’il n’est pas prêt à négocier alors que nulle part il ne l’a dit.

Guineematin.com : vous dites que les négociations entre l’Etat et le SLECG ne sont pas rompues. Sauf que le camp Soumah est sorti récemment pour menacer de déclencher une grève générale et illimitée, si le gouvernement refuse de négocier avec lui autour de cette revendication !

Mamadou Dian Diallo : les négociations ont été ouvertes comme l’avait promis le Premier ministre à sa prise de fonction. Entre temps, il y a eu un cadre qui a été arrêté et qui est accusé d’avoir participé à la fraude au niveau des examens. Donc, les syndicalistes ont dit qu’ils arrêtent les négociations jusqu’à ce que leur camarade soit libéré, ce qui n’avait rien à avoir avec le problème posé au niveau de la table de négociation.

Donc, le gouvernement a pris acte parce que le gouvernement ne peut pas les forcer à négocier. Et puis, le juge d’instruction qui suit le dossier et les avocats se sont dit que libérer le monsieur ne peut pas empêcher la manifestation de la vérité. Ils l’ont remis donc en liberté provisoire.

Au même moment, le gouvernement a travaillé à satisfaire les préalables posés par le SLECG pour aller aux négociations proprement dites. Parmi ces préalables, il y a le paiement des 40% avec effet rétroactif pour les enseignants qui vont à la retraite. Cela a été acté cette semaine. Et puis, cela est arrivé en période de vacances et les gens qui travaillaient sur le dossier avaient droit à leurs vacances surtout que les syndicalistes se sont retirés. Mais, cela ne veut pas dire qu’il y a rupture des négociations.

Guineematin.com : on va sortir de ce cadre pour évoquer un autre sujet. On a appris qu’à l’occasion de leur rentrée, nos confrères de la radio Espace FM ont tenté en vain d’avoir le Premier ministre, Kassory Fofana, dans leur émission « Les Grandes Gueules » qui est une émission de grande écoute. Vous qui êtes le conseiller en communication du chef du gouvernement, dites-nous pourquoi Kassory Fofana n’a pas répondu favorablement à cette invitation de la radio Espace ?

Mamadou Dian Diallo : en fait, l’absence du Premier ministre à cette émission le jour de la rentrée de radio Espace n’est pas un problème de personnes, n’est pas un problème de radio spécifique. Parce que je précise qu’il y a d’autres radios comme Lynx FM et Sabari FM qui ont écrit des correspondances et ont voulu l’avoir en même temps et le même jour. Il ne pouvait pas donc donner la priorité à une radio et laisser les autres, ça c’est la première raison.

La deuxième raison, c’est qu’on a des objectifs différents. Radio Espace à un objectif commercial. Quand on annonce donc que le Premier ministre passe sur cette radio, les annonceurs aussi viennent parce que ça augmente l’audimat. Mais, nous, on a un objectif pédagogique de communication, à savoir que le Premier ministre puisse s’adresser à un large public.

C’est vrai que Espace a une grande audience, mais nous avons estimé que Espace, et ça c’est la troisième raison, avec parfois 5 à 6 journalistes pour une émission d’une heure ou de deux heures maximum y compris les publicités, l’invité n’aura pas le temps de répondre à toutes les questions convenablement pour bien expliquer à l’opinion, donc au peuple. Parce que n’oubliez pas que le Premier ministre a été nommé par le président de la République, lui, élu du peuple. Donc, le peuple s’attend à ce qu’il explique comment il est en train de réaliser le programme de société pour lequel le peuple l’a élu. On s’est dit alors que le Premier ministre n’aurait pas le temps de bien s’expliquer dans cette émission.

La quatrième raison, c’est qu’il est Premier ministre, chef du gouvernement, il a une redevabilité face au peuple et face au président de la République. Souvenez-vous que le décret annonçant sa nomination est passé sur les antennes de la télévision nationale. C’est là-bas où se trouvent la radio et la télévision de la souveraineté.

Donc, s’il passe cent (100) jours sans communiquer dans les médias, pour sa première communication, j’ai souhaité professionnellement, en tant que responsable de la communication de la Primature, qu’il passe d’abord sur la télévision nationale. Et puis, toutes les autres radios auront ensuite la latitude de l’avoir dans leurs émissions. Ce sont les raisons qui ont fait qu’il n’a pas pris part à cette émission de radio Espace.

Propos recueillis par Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628124362

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