Menaces sur l’environnement à Gaoual : capitaine Baldé à Guineematin

Dans le cadre du lancement de la campagne de reboisement pour l’année 2018, le chef de la section eaux et forêts était à Wedou Kanta, dans le district de Kebéra, relavant de la commune rurale de Koumbia. Capitaine Mamadou Baldé a visité les deux hectares reboisés par l’Association pour la protection de l’environnement et la protection du tourisme (APETIG), le 2 août 2018, avant de conférer avec la notabilité. En marge de cette activité, il s’est prêté aux questions de Guineematin.

Décryptage !

Guineematin.com : Vous avez participé au reboisement d’un domaine à Wedou Kanta, que peut-on retenir de cette opération ?

J’ai constaté un engouement des populations de Wedou Kanta qui ont montré leur engagement pour la protection de l’environnement et l’enrichissement de leur forêt à travers les mélinas et les tecks. Le 1er et 2 août 2018, nous nous sommes consacrés au reboisement de 2,05 hectares. Nous sommes là donc pour les féliciter et les encourager. C’est une action très utile que nous encourageons vivement à imiter à travers toute la préfecture de Gaoual.

Guineematin.com : Que peut-on retenir de la protection de l’environnement dans cette préfecture ?

L’environnement à Gaoual est plus ou moins protégé. Pour autant, il faut le dire, nous sommes confrontés à certaines difficultés liées à la coupe abusive du bois. La plupart des cas, nous sommes mis devant le fait accompli. Les coupeurs de bois sont connus et hébergés le plus souvent dans des familles sans que nous ne soyons prévenus. S’ils sentent que nous arrivons, ils sont informés par les complices et ils disparaissent dans la nature. C’est seulement lorsque nos patrouilles tombent sur eux qu’ils sont démasqués et sanctionnés.

Vos patrouillent ont-elle réussi à mettre la main sur des coupeurs illégaux de bois et quelle a été votre réaction ?

Vous savez, le service est organisé. Dans chaque préfecture il y a un coupeur agrée ; donc légal et destiné à fournir du bois à la consommation locale. Jusqu’ici nous évoluons sur cette base.

Mais est-ce que cet agrée est habileté à donner des autorisations de coupe à d’autres personnes dans les sous-préfectures par exemple ?

Pas du tout, s’il le fait, l’agrément lui est retiré. Nous bloquons le document et nous sanctionnons l’auteur. Et nous veillons à ce que la coupe se fasse par lui et uniquement.

Actuellement, on voit que l’environnement est fortement agressé. Qu’est-ce que vous faites pour renverser la tendance ?

Vous savez, comme je vous l’ai dit, à Gaoual, il n’y a qu’un seul agrée pour la coupe du bois de consommation et nous veillons à ce que le bois coupé soit effectivement en maturité. Mais en dehors de ce phénomène de coupe de bois il y a le nomadisme agricole qui est très préjudiciable à l’environnement. Partout où vous passez, c’est des champs sur brûlis. C’est une réelle menace pour notre environnement et nous sommes condamnés à trouver de solutions idoines pour nous mettre à l’abri. La coupe du bois actuellement est sélective dans la préfecture de Gaoual. L’Etat veille à réglementer le secteur et vous verrez avec l’implication de chacun et de tous, nous y arriverons.

Mais en plus de ces causes de destruction de l’environnement, un nouveau phénomène vient de s’inviter dans la danse. Il s’agit de la carbonisation. Qu’est-ce vous faites à ce niveau pour décourager les auteurs ?

En ce qui concerne la fabrication du charbon, Gaoual n’a pas connu l’ampleur du phénomène. Il faut s’en féliciter. Bien sûr, il y en a qui fabriquent le charbon, mais c’est pour les besoins de consommation locale. Et le charbon n’est pas commercialisé en dehors de la préfecture. L’autre phénomène qu’il faut déplorer c’est la recherche des pâturages. Gaoual est une zone agropastorale par excellence. Les éleveurs une fois la fin des pluies, sont à la recherche de pâturages. Ce qui passe aussi par les feus de brousse. On s’efforce à ce niveau à pratiquer les feus précoces en lieu et place des feus tardifs qui sont dommageables pour l’environnement.

En plus du reboisement, n’avez-vous pas d’autres solutions comme le biogaz à proposer aux populations pour la protection de l’environnement ?

Bien sûr que le biogaz est une des plus belles solutions que nous proposons aux populations pour réduire la consommation du bois mort et du charbon. Le biogaz est un outil intéressant dont nous encourageons l’utilisation par tous les ménages. D’autant plus qu’il utilise la bouse de vache et l’eau pour son fonctionnement optimum. Il est vrai que le projet est à l’étude mais certains foyers commencent déjà à l’expérimenter. Et c’est une bonne chose.

En dehors de l’Association pour la protection de l’environnement et la promotion du tourisme à Gaoual (APEPTG), quelles sont les autres ONG impliquées dans la protection de l’environnement évoluant dans la préfecture ?

Peut-être qu’il y en a des ONG qui évoluent dans la préfecture mais nous n’avons leur répertoire, ni leurs contacts. Mais en ce qui concerne l’APEPTG, nous sommes très ravis de faire sa découverte. Surtout qu’elle vise des actions intégrées comme l’agroforesterie et le tourisme. Autrement dit, l’écotourisme. Nous souhaitons que cette ONG que nous qualifions de pilote pour la préfecture collabore étroitement avec nos services pour inverser la tendance dégradante de l’environnement à Gaoual. C’est l’occasion pour mes services et mois d’exprimer notre satisfaction à l’APEPTG et ses membres pour ces belles initiatives. Nous appelons tous les citoyens à s’impliquer plus activement dans la protection de notre environnement. Car, aujourd’hui, avec les changements climatiques, nul n’est à l’abri des catastrophes naturelles.

Quel soutien vous proposez à l’APEPTG dont vous venez de visitez quelques actions sur le terrain ?

Notre soutien est total et notre disponibilité est entière pour l’APEPTG. Ces deux facteurs ne manqueront pas dans notre collaboration avec l’APEPTG que nous encourageons vivement à continuer cette belle initiative.

Interview réalisée à Madina-guilédji par Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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