Paul Moussa révoqué pour malversations financières : la réaction de Taran Diallo de l’AGT

Mamadou Taran Diallo, ministre de la Citoyenneté et de l’Unité Nationale

Figure de proue de la société civile guinéenne, le fondateur de l’Association guinéenne pour la transparence (AGT), Dr Mamadou Taran Diallo, contacté au téléphone par Guineematin.com dans la matinée de ce vendredi, 08 juin 2018, estime que la révocation et les poursuites judiciaires annoncées contre Paul Moussa Diawara, ex-Directeur général de l’Office guinéen de publicité et Sékou Camara, ancien Directeur général de l’Office guinéen des chargeurs, constituent une suite logique et répondent à un impératif de la bonne gestion des deniers publics.

Selon Dr Taran Diallo, la Guinée n’est pas pauvre ; mais, elle est juste mal gérée. « A travers l’Association guinéenne pour la transparence, une ONG engagée dans la lutte contre la corruption, nous avons longtemps dénoncé et déploré les cas de corruption et de détournement des deniers publics au niveau de l’administration. Cette fois, nous avons deux hauts fonctionnaires relevés de leurs postes pour malversations financières. C’est une suite logique. Ceux qui ont mal géré ou qui ne respectent pas les normes de l’administration publique doivent être sanctionnés. Mais, il faut chercher à ce que ce soit un processus régulier et systématique pour l’ensemble de l’administration publique et de tous ceux qui ont des charges de fonction publique ».

Par rapport à cet acte posé par le tout nouveau Premier ministre, Chef de gouvernement, Ibrahima Kassory Fofana, cet activiste de la société civile reste mesuré. « Il vous souviendra que le nouveau Premier ministre a attendu sa prise de fonction pour procéder à la déclaration de ses biens, contrairement à l’esprit de la Constitution. Il devait le faire tout comme les ministres d’ailleurs, la déclaration de ses biens avant sa prise de fonction. Mais, ce qu’on a vu, ce qu’ils sont allés (et le Premier ministre et les ministres qui l’ont accepté), retirer des formulaires à la Cour Constitutionnelle. Ce qui ne doit impressionner personne pour le moment ».

D’ailleurs, Dr Taran Diallo pense que les autorités doivent apporter plus de sérieux et de la rigueur dans ces déclarations. Ce qui vient de se passer, ce à quoi on peut s’attendre, poursuit-il, « après la révocation et l’instruction faite à l’agent judiciaire de l’Etat d’engager des poursuites judiciaires contre ces anciens hauts cadres, c’est de faire en sorte que ce soit désormais un processus continu au niveau de toute l’administration ».

Très engagé dans la lutte contre la corruption, le fondateur de l’Association guinéenne pour la transparence estime que « la Guinée est loin d’être pauvre ; elle est seulement mal gérée. Il va falloir lutter efficacement et sérieusement contre la corruption en encourageant la bonne gestion des deniers publics pour voir améliorer le niveau de vie des populations. Voilà ce que nous attendons avec ce premier acte posé par le nouveau Premier ministre. Il ne doit pas s’arrêter là. Le processus doit continuer jusqu’au bout et tout le monde verra que c’est pour le bien de toute la Guinée ».

Concernant les attentes de la société civile, Dr. Mamadou Taran Diallo a dit : « nous attendons, après ces audits qui ont abouti à cette révocation, que les poursuites annoncées aient effectivement lieu ; et, s’il y a malversations, effectivement, que ces biens de l’Etat et fonds soient retrouvés et retournés à l’Etat et les auteurs soient jugés et condamnés. Cela pourra servir de leçon et dissuader d’autres personnes à l’avenir ».

Concernant les risques de récupération politiques et communautaristes pour dissuader les dirigeants et compromettre l’aboutissement de ce dossier, Dr Taran Diallo promet que la société civile guinéenne va entrer en possession du rapport d’audit incriminant la gestion de Paul Moussa Diawara et de Sékou Camara. « Après cela, nous allons essayer de le suivre en justice pour la défense de l’intérêt public. Je pense, comme vous l’avez dit, qu’il faut s’éloigner de ces considérations pour empêcher qu’il y ait des interprétations et des amalgames de gauche à droite ».

Enfin, monsieur Taran Diallo conseille les deux incriminés « d’aller se défendre au tribunal où il y aura un débat contradictoire. Et, ce n’est pas la peine de faire des amalgames et des interprétations ». En tous les cas, la société civile, dit-il, entend suivre ce procès pour « être non seulement témoin de ce qui se passe, mais également d’en essayer de relayer dans l’opinion publique ».

Propos recueillis par Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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