Le sous-préfet de Malapouya à Guineematin : « nous n’avons pas de budget ! Les maires n’ont pas pitié de nous… »

Sidiki Kourouma, sous-préfet de Malapouya
Sidiki Kourouma, sous-préfet de Malapouya
Sidiki Kourouma, sous-préfet de Malapouya

Malapouya est une sous-préfecture de Boké, située à 43 km du chef-lieu. Elle couvre une superficie de 1 222 km2 avec une population de 10 000 habitants. La sous-préfecture est composée de cinq (5) districts à savoir : Djolol, Kounsikansi, Hafia, Bayah et Malapouya centre. C’est aussi une zone minière qui intéresse déjà certaines sociétés minières comme la SMB, Nimber Mining, etc. ; mais, qui n’a aucun agent de sécurité, a appris Guineematin.com à travers notre correspondant préfectoral.

Dans un entretien réalisé avec Guineematin.com dans la matinée d’hier, mardi 10 Mai 2016, monsieur Sidiki Kourouma, le sous-préfet de Malapouya, trouvé à son domicile, au centre-ville de Boké, a dépeint la situation de sa localité sur les plans infrastructurels, sécuritaires et économiques.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, le décryptage de cette interview.

Guineematin.com : monsieur le sous-préfet, quelles sont les principales activités pratiquées par les populations de Malapouya ?

Monsieur Sidiki Kourouma : les citoyens de Malapouya sont en majorité cultivateurs. Ils cultivent essentiellement l’arachide. Il y a l’élevage aussi qui est pratiqué.

Guineematin.com : Comment se porte votre collaboration avec la mairie ?

Monsieur Sidiki Kourouma : A ce niveau, la collaboration n’est pas toujours franche ! Comme nous, nous n’avons pas un budget de fonctionnement, nous vivons à la merci des maires qui, des fois, n’ont pas pitié de nous. A des rares fois, ils nous donnent le prix du carburant.

Guineematin.com : Parlez-nous un peu de la situation des infrastructures routières, scolaires et hospitalières à Malapouya ?

Monsieur Sidiki Kourouma : c’est tout à fait des problèmes. C’est seulement la route qui relie Boké à Malapouya qui est praticable. Sinon, pour aller de la sous-préfecture aux différents districts, c’est de la mer à boire, surtout en saison pluvieuse. Par exemple, pour se rendre au district de Hafia pendant l’hivernage, il te faut marcher la plus grande partie et prendre une pirogue pour le reste. La moto ne peut pas y aller. Mais, quand on va sur le domaine scolaire, il y a actuellement 21 écoles primaires à Malapouya et le collège est en construction. Il y a un problème énorme de postes de santé parce que c’est seul au centre rural qu’il y a un centre de santé plus ou moins équipé. Pour plusieurs cas de maladie, les gens sont obligés de se déplacer vers Boké, Kolaboui ou ailleurs.

Guineematin.com : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez à Malapouya depuis votre prise de fonction de sous-préfet ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Les difficultés que nous enregistrons à Malapouya sont énormes ! Nous avons un problème de moyens de locomotions parce que nous n’avons que des motos qui ne peuvent pas accéder à tout lieu. Nous n’avons pas de budget pour bien fonctionner sur le terrain. En plus, nous manquons notoirement d’infrastructures publiques parce que la sous-préfecture n’a même pas un local. C’est dans le bâtiment de la CR que j’ai pris une pièce que j’ai transformé en bureau pour pouvoir au moyen garder les documents administratifs. Et puis, je suis en parfaite insécurité là-bas. Il n’y a aucun agent de sécurité dans toute la sous-préfecture de Malapouya hors mis les garde-forestiers. En cas de soulèvement, on appelle automatiquement monsieur le préfet qui connait bien notre situation et il nous envoie des agents pour la circonstance.

Guineematin.com : Malapouya est actuellement convoité par plusieurs sociétés minières, parlez-nous en un peu ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Effectivement, la sous-préfecture de Malapouya est convoitée par des sociétés minières telles que la SMB, la société Nimber Mining. La SMB a découvert à Malapouya une bauxite dont la teneur est plus élevée que même celle de Katougouma. Elle exploite actuellement sur neuf (9) plateaux. Quand à la société Nimber Mining, elle est à la phase de sondage. Mais, toutes les deux, les relations sont positives entre nous.

Guineematin.com : Quels sont les délits à cause desquels les gens de Malapouya sont souvent interpellés à la justice ?

Monsieur Sidiki Kourouma : C’est souvent les conflits domaniaux qui opposent les gens là-bas. Mais, on a toujours géré ça à l’interne, à l’aide des sages. Il y a également les problèmes de stupéfiants qui se posent.

Guineematin.com : Quelles actions avez-vous menées depuis votre arrivée à Malapouya pour développer la localité ?

Monsieur Sidiki Kourouma : Avant ma nomination au poste de sous-préfet à Malapouya, les véhicules ne pouvaient pas arriver à la sous-préfecture tellement que la route était dégradée. Ils se limitaient dans le secteur de Missira, à 7 km de Malapouya centre. Mais, dès que je suis venu, j’ai fait de ma priorité cette route et grâce aux aides des uns et des autres, les résultats sont bons. A Malapouya, si vous avez constaté, aucun fonctionnaire n’aimait rester là-bas. C’est parce qu’il n’y a ni logements, ni des lieux de commerce pour qu’ils puissent acheter leurs besoins. Mais, moi, j’ai invité la population locale, les ressortissants à s’y mettre ; ils ont compris et aujourd’hui qu’il y a un net changement à Malapouya.

Guineematin.com : Votre dernier mot monsieur le sous-préfet ?

Monsieur Sidiki Kourouma : C’est d’abord vous remercier de vous intéresser à la réalité de ma sous-préfecture, Malapouya. Je profite donc de Guineematin.com pour exhorter l’État d’aider davantage Malapouya sur le plan d’infrastructures routières et sanitaires. Mais surtout de fournir un effort pour nous aider à avoir quelques agents de sécurité ; pas pour ma personne seule, mais pour les populations qui ont aussi besoin d’être sécurisées.

Interview réalisée par Mamadou Diouldé Diallo, correspondant de Guineematin.com à Boké

Tél. : 622 671 242 / 656 464 286

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