Réintégration Socio-économique : 2 000 personnes vulnérables et jeunes à risque accompagnés

70 milliards de francs guinéens ! C’est le montant mis sur la table par l’Union Européenne pour financer une initiative du Gouvernement guinéen appelée PARSS (Programme d’Appui à la Réforme du Secteur de Sécurité). D’une durée de cinq ans, ce programme a notamment un volet qui vise à appuyer les personnes vulnérables et les jeunes à risque ayant suivi une formation militaire, mais n’ont pas été insérés dans les casernes. C’est le Programme National de Réintégration Socio-économique (PNRSE).

Démarré en janvier 2014, ce programme prendra fin en mars 2019. Et, pour mieux informer l’opinion guinéenne de son exécution, les promoteurs de ce programme ont animé une conférence de presse hier, lundi 24 septembre 2018, au siège de l’Agence guinéenne pour la promotion de l’emploi (AGUIPE).

Le Programme National de Réintégration Socio-économique (PNRSE) est une réponse du gouvernement et plus particulièrement du Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle, de l’Emploi et du Travail, à travers l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi (AGUIPE). Ce programme vise comme objectif, la création d’emplois temporaires, notamment par la mise en place de travaux à Haute Intensité de Mains d’œuvre (HIMO), la promotion de l’entrepreneuriat local, la formation technique et professionnelle et l’autonomisation économique et sociale des femmes en soutenant les Activités Génératrices de Revenus (AGR).

Raymond Lataste

A l’occasion de la rencontre d’hier avec les médias, c’est monsieur Raymond Lataste, chargé de programme à la section gouvernance de la Délégation de l’Union Européenne en Guinée, qui a expliqué l’origine de ce projet et les raisons qui ont incité son institution à le financer.

« Ce projet s’inscrit dans le cadre de la Réforme du Secteur de Sécurité qui a été une des principales priorités du président professeur Alpha Condé après son élection en 2010 et que l’Union Européenne accompagne depuis son lancement. L’idée du projet dont nous parlons aujourd’hui était de réintégrer dans la société des individus qui avaient appris ou pratiqué le métier militaire ; mais qui n’étaient pas intégrés dans l’armée. Ces individus, jeunes pour la plupart, appelés ‘’jeunes à risque’’, constituaient un risque pour la sécurité des biens et des personnes en Guinée s’ils étaient laissés pour compte », a-t-il indiqué.

Egalement, ce projet s’est intéressé à d’autres couches de la société guinéenne, a ajouté Raymond Lataste, notamment les personnes les plus vulnérables de la société et qui sont le plus durement touché par le sort : « orphelins et veufs, veuves avec enfants à charge, victimes de violation de droit dont les violences basées sur le genre, victimes d’Ebola, filles mères… Ces personnes tentaient de survivre au jour le jour sans aucune perspective ; et, le projet de l’Union Européenne leur a permis d’avoir des perspectives et des améliorations de leurs conditions de vie », a expliqué le responsable de programme à la section gouvernance de la Délégation de l’Union Européenne en Guinée

De son côté, monsieur Sékouba Mara, Directeur Général de l’AGUIPE, a accentué son intervention sur les résultats obtenus depuis le démarrage du projet, en janvier 2014 ; des résultats qu’on doit situer en trois phases.

Sékouba Mara

Parlant de la phase 1 qui concerne la création d’emplois à impact rapide avec composante épargne, monsieur Mara a cité 2 000 personnes dont 1 000 jeunes à risque et 1 000 vulnérables, dont plus de 60% de femmes parmi les vulnérables ont bénéficié des emplois à impact rapide à travers l’approche (HIMO+ Epargne). 2000 emplois créés à travers la mise en œuvre de 20 projets de haute intensité de mains d’œuvre (assainissement, réhabilitation d’infrastructures, reprofilage de pistes, reboisement et curage de caniveaux) avec une composante épargne dans les Communes de Ratoma, de Matoto et dans la Commune urbaine de Kissidougou.

Concernant la phase 2 qui concerne la promotion des activités génératrices de revenus pour l’autonomisation économique des participants en s’appuyant sur l’épargne constituée à la phase 1, le DG de l’AGUIPE a également annoncé : « plus de 1 600 participants ; soit environ 80% des bénéficiaires de la phase 1 (jeunes à risque et vulnérables)- dont plus de 60% de femmes- se sont constitués en groupement d’intérêt économique ; soit 91 groupements au total dont 45 à Conakry et 44 à Kissidougou. 91 microprojets d’activités génératrices de revenus formulés par les groupements dans les secteurs agricoles, élevage, saponification, transformation, petit commerce (huile de palme, riz importé, riz local, poissons frais/ fumés, pagnes) ».

Enfin, Sékouba Mara a dit que la troisième phase consistera à appuyer les associations/coopératives qui ont démontré leur volonté de développer leurs capacités entrepreneuriales dans différents secteurs de l’économie lors de la phase 2.

« A cette étape, le programme favorisera la mise en réseau des groupements pour leur assurer une meilleure maitrise de la commercialisation. Il s’agira de consolider les acquis et de promouvoir la diversification et le renforcement des activités économiques par un meilleur accès aux crédits et au marché », a dit le Directeur Général de l’Agence Guinéenne de la Promotion de l’Emploi.

Pour la réalisation des différents projets, des ONG ont été recrutées par l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi pour accompagner les bénéficiaires. Selon Ibrahima Sory Sylla de l’ONG Carbonne Guinée, « cette première phase était axée sur les activités HIMO comme le curage des caniveaux, l’assainissement, la construction, le reprofilage de certaines routes. On a accompagné ces bénéficiaires en leur donnant des formations. Aussi, on les a beaucoup sensibilisés parce que l’idée est que comment ces guinéens peuvent être ensemble sans problème. Chaque fois qu’ils travaillaient, ils étaient payés par jour ».

Avec un budget de plus de 70 milliards de francs guinéens, le Programme d’Appui à la Réforme du Secteur de Sécurité (qui a démarré en janvier 2014) prendra fin en mars 2019.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tél. : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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