Report de la marche de l’opposition : ce qu’en pensent certains citoyens de Conakry

Initialement programmée pour ce jeudi, 19 juillet 2018, la marche pacifique de l’opposition républicaine a été reportée à une date ultérieure. Les opposants veulent ainsi donner une chance au gouvernement de Kassory, qui a pris l’engagement de faire face à leur revendication. L’annonce du report de cette marche est bien accueillie par certains citoyens de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Selon les opposants, le report de la marche se justifie par l’engagement du Premier ministre, Kassory Fofana à apporter des solutions à un certain nombre de préoccupations des adversaires politiques d’Alpha Condé.

Baldé Abdourahmane

Selon Baldé Abdourahmane, chauffeur de taxi rencontré à Cosa, dans la commune de Ratoma, le report de la marche de l’opposition est une bonne chose. « Le report de la marche d’aujourd’hui est nécessaire. On ne marche pas pour marcher seulement. Si le chef de gouvernement a envoyé une lettre aux opposants pour demander à ce qu’on lui laisse régler les problèmes, que lui, il va voir ce qu’il faut pour que ça marche, moi je pense que ça ne vaut pas la peine de marcher. Vous savez très bien comment nous vivons aujourd’hui dans ce pays. Il y a des gens qui vivent au jour le jour. Et, s’il y a la manifestation aujourd’hui, ce n’est pas facile de sortir. Cela coïncide avec le problème de l’augmentation du prix du carburant. Donc, la situation est très difficile à l’heure là. Ils n’ont qu’à essayer de penser aux gens qui n’ont pas de moyens. Je suis sûr que si Kassory accepte, il pourra résoudre leurs problèmes parce qu’il a été de l’opposition, il les connaît tous », dit-il.

Abdoulaye Condé

Pour Abdoulaye Condé, entrepreneur de son état, rencontré à Matoto, pense que la loi doit être respectée, si le dialogue et les marches ne résolvent pas les différends. « Dans beaucoup de pays, on a vu que la solution est toujours trouvée autour de la table. En Guinée aussi, ça a été fait beaucoup de fois, on a vu les conséquences. Les gens ont toujours fini par se retrouver, discuter et s’entendre. Dans notre intérêt à nous tous, c’est de se retrouver, discuter et trouver la solution pour les guinéens, parce que si les choses sont chères, c’est cher pour tout le monde. Si ça va, ça va pour tout le monde. Si ça ne va pas aussi, ça ne va pas pour le monde. Maintenant, si on marche, on ne trouve pas la solution, on dialogue, là aussi on ne trouve pas la solution, le mieux c’est de respecter la Loi. Parce que elle, elle s’applique sur tout le monde. Avec la Loi, il n’y a pas mille mesures », lance monsieur Condé.

Mohamed Kouyaté

De son côté, Mohamed Kouyaté se montre plus virulent. Cet artiste résidant à Matoto, se présentant comme dépositaire des traditions Mandingue, estime qu’il n’y a aucune importance pour les opposants de recourir aux marches pour réclamer leurs droits. « Pourquoi la marche ? Pourquoi l’opposition? Qui s’oppose à quoi ici ? Pourquoi aller dans la rue pour marcher et caillasser ? Ils s’opposent à quoi ici ? On connait qui est qui ici. Tous ceux qui se réclament opposants ici ont fait du mal. Ce sont eux qui ont mis ce pays dans cette situation. Alpha Condé est venu ici, il n’a trouvé aucun franc dans la caisse de l’Etat. Ces opposants là, ils marchent contre qui et contre quoi ? Si c’est pour des détenus, même si c’est des détenus politiques, c’est des casseurs. C’est la Loi qui va régler ça. Tous ces opposants là, sont des fils de la Guinée. On ne s’oppose à un gouvernement que s’il fait quelque chose de mauvais. Chez nous ici, on réclame nos droits en insultant le Chef de l’Etat, ce n’est pas bon ça », martèle notre interlocuteur.

Pour rappel, l’opposition républicaine veut battre le pavé pour réclamer : « la restitution des voix détournées » lors des élections locales du 04 février 2018, la poursuite des auteurs des assassinats de ses militants lors des manifestations politiques et l’indemnisation des victimes, la libération des militants détenus dans les prisons de l’intérieur du pays suite aux violences postélectorales.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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