Une bagarre mortelle dans un bar à Matam : « j’avais bu 3 bières », dit Issiagha Conté

Issiagha Conté ne pouvait s’imaginer qu’une banale dispute pouvait le priver de sa liberté pour de longues années. En fin juillet 2015, une altercation survenue dans un bar, situé au quartier Matam Lido, entre lui et un certain Djibril Bangoura, tourne au drame.

Au terme de la dispute, le jeune Bangoura trouve la mort, après avoir été étranglé par la chaine qu’il portait au cou. Mis aux arrêts par la Brigade Anti Criminelle (BAC), Issiagha Conté est mis sous mandat de dépôt le 04 août 2015 à la maison centrale de Conakry. Après plus de deux ans et demi de détention, Issiagha Conté a comparu ce mardi 10 avril 2018 au TPI de Mafanco, où il est poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Interrogé à la barre par la juge, madame Fatou Bangoura, l’accusé est revenu sur les faits. « Je me suis croisé avec lui dans un bar. Il m’a offert une bière que j’ai acceptée. Quelques temps après, je m’apprêtais à sortir du bar lorsqu’il m’a donné un coup. Ensuite, il a présenté ses excuses. Une fois que je suis allé au dehors, il m’a trouvé sous le manguier. Il proférait des injures. Ses amis lui ont demandé ce qu’il y avait. Il a répondu qu’il avait des problèmes avec moi. Dans les échanges, il a fait tomber mon téléphone qu’il a aussitôt ramassé. Puis, avec ses amis, il a voulu partir. Je l’ai saisi en exigeant qu’il me rende d’abord mon téléphone. On s’est bagarré. Trois militaires de passage sont intervenus en me conseillant de rentrer chez moi et d’attendre le lendemain pour porter plainte. Le lendemain, c’est un ami qui est venu me dire que le jeune était à l’hôpital. Il m’a dit d’aller me présenter à l’autorité. J’ai dis non. Entre-temps, c’est une foule qui est venue chez moi pour me chercher en disant que le jeune est mort. Par après, c’est la BAC qui m’a mis aux arrêts avant de m’envoyer quatre jours plus tard à la maison centrale », a relaté Issiagha Conté.

Après ces explications, la présidente va poser une série de questions au prévenu : est-ce que ce n’est pas le fait de l’avoir étranglé avec la chaine qu’il portait qu’il est mort ? Pourquoi l’avez serré pour le faire tomber dans le fossé ? Etiez-vous normal au moment des faits ?

Issiagha Conté dira que Djibril Bangoura n’est pas décédé sur les lieux. « Il était parti après la bagarre. Je l’ai pris au col mais pas avec une chaine. Il est vrai que j’avais bu, mais j’étais normal », a répondu l’accusé.

Quant au procureur, Aly Touré, il fera remarquer qu’Issiagha Conté n’était pas normal au moment des faits. C’est pourquoi, dira-t-il, l’accusé est entrain de dire des choses inexactes. A son tour, le procureur va poser une série de questions : « Combien de boites de bière aviez-vous bu ? Une simple dispute peut-elle causer la mort ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Combien de temps a duré la prise que vous lui avez faite au col ? »

Dans ses réponses, Issiagha Conté reconnaitra avoir bu trois bières tout en réitérant n’avoir rien fait sauf prendre le col de son adversaire. En outre, il dira ne pas se souvenir de la durée de cette prise.

Le procureur va répliquer que les documents fournis par les médecins, et versés au dossier, viendront au moment opportun démontrer la contradiction entre les affirmations de l’accusé et la réalité.

L’avocat de la défense, maitre Amadou Diallo va abonder dans le sens de faire ressortir le caractère non-intentionnel de l’acte. « Quand vous le preniez au col, saviez-vous qu’il allait mourir ? D’ailleurs, pour quelle raison avez-vous agi ainsi ? Est-ce que vous regrettez ce que vous avez fait ? »

Issiagha Conté répondra qu’il ne pouvait savoir que cette dispute allait cause de tels dégâts. Ensuite, il précisera que c’est à cause de son téléphone que la bagarre a éclaté, puisque le jeune avait l’intention de partir avec. Cependant, Issiagha Conté fera remarquer qu’il regrette la tournure des événements.

Le dossier est renvoyé au 08 mai 2018 pour entendre les parties civiles, notamment les parents de Djibril Bangoura.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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