« Ville morte » et marches, marche et « ville morte »… l’opposition va-t-elle pourrir le dernier mandant d’Alpha Condé ?

OppositionA bien suivre la dernière communication du porte parole de l’opposition guinéenne, ce lundi 04 avril 2016, après la réunion au QG de l’UFDG, les adversaires d’Alpha Condé n’ont pas été échaudés par l’échec des deux journées « ville morte », au contraire ! Aboubacar Sylla, Cellou Dalein Diallo et leurs pairs semblent bien animés de la volonté de pourrir le dernier mandat du professeur Alpha Condé. 

Tout d’abord, il n’est pas facile de trouver l’adjectif consensuel et accepté de tous pour coller aux deux journées « ville morte » de l’opposition les 30 et 31 mars dernier. Si le pouvoir parle de « non événement », l’opposition acclame « un succès ». Mais, il est maladroit de chercher à expliquer que l’opposition n’est finalement représentée dans notre pays que par la portion des citoyens qui ont décidé de rester inactifs les 30 et 31 mars 2016…

Il y a donc eu un échec ! A Boké par exemple, c’est l’un des responsables de l’opposition qui a dit au correspondant de Guineematin.com qu’il pensait que sa préfecture n’était pas concernée par les deux journées « ville morte ». Et, combien de militants et sympathisants de l’opposition sont allés le 30 mars par exemple à la banque pour retirer leurs sous qui venaient d’être virés pour la fin du mois ? Il y a donc eu une mauvaise organisation de l’opposition qui a entraîné un échec des deux journées « ville morte ».

D’ailleurs, l’opposition voulait-elle seulement faire chômer « gratuitement » quelques partisans ? Non ! La journée ville morte vise à « paralyser » les activités de la ville pour forcer le pouvoir à faire des concessions au risque de perdre beaucoup plus… Et, ce n’est pas ce qui s’est passé les 30 et 31 mars ! Cela ne peut donc aucunement faire reculer un pouvoir !

Malgré tout, ce n’était qu’un premier pas ! Aujourd’hui, ce sont les femmes qui sont mises devant pour sortir le mardi 12 avril dans la commune urbaine de Kaloum, précisément entre le Port Autonome et le ministère de la Justice. Une courte distance qui montre une simple volonté de se faire entendre. On est encore loin des longues marches de 2012 qui poussaient les opposants à arpenter la route Le Prince de Cosa à Dixinn, etc. suivies ou pas de répression. Mais, justement, certes « courte », la marche des opposantes le mardi 12 avril permettra de relancer le débat sur l’impunité qui semble devenir la règle de la gouvernance Alpha Condé. Les pancartes, banderoles et autres afficheront en gras des réclamations qui porteront sur les assassinats des militants de l’opposition sans jugement et l’emprisonnement des militants pour n’avoir fait qu’exercer un droit constitutionnel : manifester publiquement ! La distance est donc courte, mais suffisante pour rappeler que monsieur Alpha Condé s’est battu plus de quarante années de sa vie pour la démocratie, mais a tué le peu de démocratie qu’il a trouvée dans notre chère Guinée.

Aujourd’hui, c’est un secret de polichinelle, la célérité de la justice (voire même sa sévérité) dépend du bord politique de la victime et du coupable. Ce n’est que dans la Guinée d’Alpha Condé que deux camps peuvent s’affronter et qu’un seul soit inquiété voire persécuté, comme ce que nous avons observé à Koundara ! Ce n’est que sous la gouvernance d’Alpha Condé que la justice peut condamner des personnes « au temps passé en prison » comme nous l’avons suivi avec les militaires accusés dans l’affaire du 19 juillet 2011… Ce n’est donc pas inutile de marcher entre le Port Autonome de Conakry et le ministère de la Justice pour dire que « le peuple voit et entend l’injustice et l’impunité » qui sévissent dans notre cher pays.

Par ailleurs, le surlendemain de cette « courte » marche, le jeudi 14 avril 2016, l’opposition guinéenne demandera aux citoyens de boycotter les activités sur toute l’étendue du territoire national pour paralyser le pays afin d’obliger le gouvernement à baisser le prix du carburant conformément cours du baril sur le marché mondial. Il est évidemment fort à parier que s’ils ont décidé de récidiver, les adversaires du régime Alpha Condé ont dû mûrir leurs stratégies et mieux organiser cette prochaine « ville morte ». En espérant qu’il n’y aura aucun dégât, ils vont peut-être mieux coordonner leurs actions afin que l’impact soit plus grand et affecte concrètement la vie publique de sorte que le pouvoir soit contraint de reculer et de faire ce petit geste qui pourrait soulager le bas peuple.

Et, si on a bien compris le message délivré ce lundi par Aboubacar Sylla, l’opposition n’a pas commencé ses contestations pour seulement une journée ou deux, elle semble tellement exaspérée aujourd’hui que les prochaines semaines, voire les prochains mois, risquent d’être ponctués continuellement de « ville morte » et de marches, si le pouvoir s’obstine à n’écouter que les cireurs de chaussures…

Bref, tout porte à croire que la nouvelle lecture politique de l’opposition est celle qui voudrait que « quand tu danses avec un aveugle, il faudra de temps à autre lui marcher dessus de sorte qu’il comprenne qu’il n’est pas seul sur la piste »…

A un peu plus de quatre ans de la fin de son dernier mandat constitutionnel, c’est peut-être le moment pour le chef de l’Etat guinéen de faire le choix d’être réellement un dictateur ou un démocrate. C’est à dire, huiler la machiner de l’injustice et de la répression ou appliquer les principes et bonnes pratiques de la démocratie, de la bonne gouvernance et du respect des libertés et droits humains.

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

 

 

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