A toi Oumar Bah, c’est maintenant et pour toujours ! Tu reposes dans ton DAROUN Sonké

oumar-daroun-bahToutes les prémisses étaient déjà là pour s’en rendre compte, tu faisais ton adieu. Oui, ce jour-là même, dans mon rêve, je vois bien ta chemise qui était accrochée dans ma chambre s’écrouler. Je sursaute du lit et je vois bien qu’elle est tombée. Mon rêve s’apparente à la vérité. Une imagination bizarre me hante. Es-tu dans ma chambre ou quoi ? Pourquoi cette chemise tombe alors qu’elle n’est pas la seule accrochée ? Je me pose autant de questions.

Il est déjà 7h45′, je dois faire vite ma toilette pour aller au boulot. Sous une fine pluie, je rallie KIPÉ ou se trouve le siège de la rédaction de Guineematin. En arpentant les escaliers, je songe à t’appeler. Mais, je me dis que peut être tu dormais, parce que tu as passé la nuit à voyager.

Me voilà à la rédaction, où je trouve mon collègue Alpha Kanso Diallo et mon patron Nouhou Baldé. Les deux me paraissent bizarres. Je m’assois dans le fauteuil, avec une colère incommensurable. « Il va me sermonner tout de suite et je me vois mal à l’aise. Je m’en veux dans la chaise. Il y a plusieurs jours que je ne suis plus le reporter que j’étais. Je sens que je ne suis pas rentable et je fournis moins d’efforts qu’avant. Aucune inspiration. Je pense perdre l’imagination. Je me vois encore bizarre et je ne pense rien faire. Quelque chose me dit rentre à la maison. Mais pour faire quoi ? », de cette cogitation, il m’est demandé d’aller à Matam, pour une réunion de l’association des parents d’élèves en prélude à la rentrée scolaire. Ce qui fut fait rapidement.

Arrivé à Matam, deux choses me viennent en tête. Comme c’est dans une heure la réunion, je dois aller te faire la surprise ou bien j’attends la fin de la réunion ? J’opte pour la deuxième. Voilà une heure passée dans l’enceinte du lycée Matam. Mon téléphone crépite. J’ignore les appels. Agacé, j’essaye de le mettre sur mode vol. Quelques minutes après, je désiste et active même la connexion internet. Les appels s’intensifient à nouveau. Cette fois-ci je décroche. J’entends une voix inconnue au bout du fil. « Bonjour, tu as les nouvelles de Daroun ? ». Je réponds à mon interlocuteur : « Oui, il est certainement arrivé ce mati ».

Encore des appels, j’ignore les numéros, donc je refuse de répondre. Dans la foulée, c’est Alfa qui m’appelle pour tes nouvelles. Ensuite, un numéro avec l’indicatif du Sénégal. C’était Adama Hawa Sow qui venait aux nouvelles encore.

Étant en réunion je ne répondais plus aux appels. Elle m’envoie une capture d’écran pour m’annoncer ta  »mort » avec un commentaire. « Dis-moi que ce n’est pas vrai. J’essaie de te joindre mais, tu ne décroches pas », écrit-elle.
Je me sens dans un rêve. De là, commence mon  »calvaire ». J’essaye tes numéros, impossible. Celui de ton grand frère Ibrahima ne passe pas non plus. Je ne sais plus quoi faire. Je reçois concomitamment les appels, mais je suis incapable de confirmer ou infirmer ta  »mort ». J’appelle mon patron et décide de me rendre à Coléah. Arrivé, je trouve la maison familiale fermée. Les voisins m’apprennent que Koto a voyagé pour Mamou. Une sueur envahit mon front. Tes voisins s’inquiètent et j’enchaine : « Oumar bara fagha? Oumar est mort? ». La réponse des voisins est affirmative. Je suis informé en même tant que Fodé Sanikayi Kouyaté, qui était au téléphone avec moi. Ainsi, le monde s’effondre. Daroun parti à Jamais. Et la confirmation est faite. Le monde est informé.

Voilà que le rétro commence. Je n’arrive toujours pas à me souvenir le premier jour de notre rencontre. Mais, depuis ce jour nous sommes restés frères « jumeaux ». Voilà maintenant que tu es parti. La nouvelle s’est répandue. La nation te pleure. Tes parents, amis et connaissances restent inconsolables.

Mais moi, je sais que tu n’es pas mort. Tu t’es juste éclipsé. Pour moi, tu ne mourras jamais, parce que tu restes toujours dans mon cœur.

Comme tu savais que tu devais aller sans revenir. C’est pourquoi tu as bien voulu dire au-revoir à tes amis. Je me rappelle notre dernière sortie dans un restaurant à Kaloum. Diakite, Aissata, son ami, Alpha, toi et moi, avons passé une belle soirée, ce 29 août 2016. Oui tu me disais au téléphone, petit viens pardon. Tu ne sais pas ce qui doit se passer. Mais efforce-toi à venir. Par ton insistance, je me suis rendu au lieu du rendez-vous.

Notre bande de  »kalakala », comme à son habitude. La retrouvaille était encore plus spéciale. Alfa, AISSATA, son ami et moi faisons la même commande. Mais toi, tu as préféré commandé le poulet. Dans un Soussou d’un bingervillois, tu nous as mis aux éclats avec ton humour. Mais malheureusement, tu n’as pas eu le poulet ce jour.

Cette nuit-là, nous nous amusons comme si c’était la dernière. Je me souviens encore des mots doux pour notre Ashley. Quand je pris ton café en face de la bluezone de Kaloum, avant que nous ne remontions pour le restaurant. Pendant plus de trois heures, nous avons parlé de tout et de rien.

A notre retour, nous sommes passés par ton quartier Coléah pour te déposer. Là, c’était vraiment la joie. Nous nous moquions de toi avec ta culotte. Tu fis demi-tour. Et, j’arrête le moteur avec insistance, malgré l’opposition de Diakité. Alfa, comme à son habitude, te sermonna. Aissata te donna une bise. Et c’était la dernière. Tu t’éloignas dans ton quartier et ta silhouette disparut. Donc, c’était pour toujours. Si tu me l’avais dit, j’allais te serrer dans mes bras. Pour te dire à jamais.

Voilà juste un mois après cette soirée du 29 août 2016, le 29 septembre 2016, Mamou te retenait et moi, je te perdais. Ce jour là, je compris encore qu’Allah est bien le miséricordieux et qu’Il fait ce qu’Il veut, quand Il veut et comme Il le veut. C’est pourquoi, je prie Dieu de te pardonner. Qu’Il t’accorde sa miséricorde, son pardon et qu’Il se montre indulgent à ton égard. Que tu sois accueilli avec bienveillance et qu’Il fasse de ta tombe une demeure spacieuse. Qu’Allah te purifie en usant de l’eau, de la neige et de la grêle. Qu’Il te purifie de tes fautes ainsi que Tu purifies une tunique blanche de la souillure. Mon Dieu, accorde-lui en échange une demeure meilleure que la sienne, un conjoint meilleur que le sien et introduis-le au Paradis. Préserve mon ami Oumar BAH du châtiment de la tombe et du feu infernal. » Amine.

Bien avant cette journée noire du 29 septembre 2016, nous avons eu beaucoup de choses en commun. A vouloir rappeler tous ici, je risque de passer le restant de ma vie à écrire notre histoire. Elle fut dur, belle, mais aussi avec beaucoup de balbutiements. De notre blog commun à notre parcours universitaire, jusqu’à notre engagement-citoyen avec l’association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI), les souvenirs sont énormes. Tu es parti alors que nous venons d’enfanter le projet LAHIDI. Tu vas s’en achever ton site  » le SYBA » en construction. Tu vas avec plein de projets dans la tête. Oui, mon DAROUN. Tu vas sans que nous ne prenions l’appartement pour vivre avec notre petite famille que nous avons souhaité réuni pour toujours en une seule. Tu es parti sans que ton satisfecit de major de ta promotion ne te soit remis. Tu es parti et tu ne reviendras plus JAMAIS !

La dernière fois que nous avons parlé, c’était le mercredi 28 septembre 2016. Tu me dis : Sot, je suis à Kourémalé, j’arrive. Mais je pense que cette fois nous allons passer plus de jours que prévus. Nous faisons assez de crevaison… » Et bien oui, c’est cette panne même qui eu raison de toi. Voilà, la dernière fut fatale et te fera périr dans l’eau. Né dans la lagune, tu as détesté l’eau, pourtant ton destin était lié bien à cette eau. Je continue à compter les jours, mais jamais ce jour là arrivera…

Il y a un mois, tu as été dans ton Bingerville natal (Côte-d’Ivoire). Tu es allé certainement voir pour la dernière fois les tombes de Papa et Maman. Tu as prié sans pour autant savoir que tu étais sur le point de les rejoindre. Et voilà qu’eux reposent dans ton Bingerville natal, toi Mamou (Dounet) te retient. Et leurs Daroun Sonké natal t’ouvre son sol pour ton repos éternel.

Pour t’accompagner Alfa, Aisssata, Houssainatou Tounkara, Diakité et moi avons découvert ton village d’origine.
Perché sur une colline, le village qui a vu naître tes géniteurs, laisse découvrir toute sa splendeur aux visiteurs. Derrière ce beau village, le marigot qui laissait transparaître les sources de tes inspirations. J’ai compris pourquoi tu aimais tant Daroun Sonké. J’ai vue le Bantangni (fromager) et j’ai compris que tu n’étais pas forgeron et ton fer chaud était marin. De toi les péripéties de Mondoblog Rfi à parler de Bantagni.

Ce vendredi 30 septembre, je te voyais partir, sans pouvoir te venir en aide. Aujourd’hui, j’ai compris combien de fois tu comptais pour ton village. Tous les imams des différents coins et recoins de TIMBI Madina étaient là pour te rendre un dernier hommage.

Je suis fier de voir que tu partes dans la dignité et dans la pudeur. OUMAR BAH, tu as toujours partagé et souvent tu t’es privé pour les autres. Tes amis étudiants en savent quelque chose. Tes collègues de travail ne t’oublieront pas si vite. Tu as été là pour tout le monde. Même dans ta tombe, tu as bien partagé.

Je vois encore ces sept personnes te prendre pour te déposer dans ta tombe. J’entends encore les prières des sages. Je vois encore les onze oiseaux qui survolaient le ciel que je montrais à DIAKITE alors que tu étais entrain d’être enfoui dans le sol. J’entends encore l’imam demander que la natte qui devait couvrir ta tombe soit ramenée à la mosquée pour les potentiels morts à venir. Oui, je compris là que ton sens de partage te suit même dans ta tombe. Il était 15h15 ‘ quand je compris vraiment que je suis pas dans un rêve. Et bien, tu venais d’être enseveli dans le cimetière de Sonké Missidè.

Tout le monde était presque parti et, il ne restait seulement que ton cousin et grand frère Ibrahima, DIAKITE, Alfa et moi. Chacun de son côté s’est mis à prier. Je me suis mis à genoux tout en implorant la miséricorde en sanglots.
Voilà terminé, Oumar Daroun Bah à plus. C’est maintenant l’heure pour nous de demander la route. AISSATA et Houssainatou inconsolables. Alfa apprend son admission pour CFI et fonds en sanglot. « C’est bien Oumar qui m’avait encouragé à postuler et voilà, il ne sera pas là pour qu’il saute de joie. Et pourtant les résultats devaient sortir le 28 septembre et c’est maintenant que je suis informé ».

La tristesse s’empare encore de nous à nouveau. Le trajet fut long, entre angoisse et joie, nous avons rejoint Conakry et Houssainatou, Labé. La vie reprend peu à peu. Mais, je n’arrive toujours pas à m’en remettre. Mon cauchemar continue et ton envie me hante.

Et, tu partiras ! Voilà Mamou te retiendra ! DAROUN Sonké te garderas pour toujours.
Plus personne pour m’appeler  »Sot », Oumou chéri. Ma go, je vais plus aller dans ta voiture. Je vais plus aller à Coléah pour boire le bouillon. Tu m’as demandé ma photo pour toujours. Et moi, j’implore Allah pour que ton amen repose en PAIX.

De notre trio (Alfa Diallo, toi et moi), il reste désormais le duo (alfa et moi). Pour nous, tu ne mourras jamais et resteras toujours dans nos cœurs.

A Dieu mon autre frère Oumar DAROUN Sonké BAH (RIP).

===============Ton double Abdoulaye Oumou Sow===============

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