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Baisse des prix : les producteurs d’aluminium sous pression

Baisse des coursC’est une mauvaise nouvelle dans les marchés de l’aluminium, une chute des prix entraîne des pertes énormes des producteurs. Guineematin.com vous propose cet article de notre confrère « Les Echos » du 27 octobre dernier.

Alcoa, Constellium, Rusal : les industriels souffrent de la chute des prix de l’aluminium. La baisse des valorisations boursières pourrait favoriser des rapprochements stratégiques.

La chute est impressionnante. En quelques mois à peine, le cours du producteur français d’aluminium Constellium, issu des anciennes usines de transformation de Pechiney, a été divisé par cinq à la Bourse de New York… Encore en baisse de 6,71 % à la mi-journée à Wall Street, le titre se négocie désormais aux alentours de 4,40 dollars, contre plus de 30 dollars en juin 2014. Depuis l’été, le groupe souffre de résultats décevants – Constellium a publié une perte nette de 47 millions d’euros pour son deuxième trimestre -, d’actionnaires remuants – plusieurs fonds mettent la pression sur le management pour obtenir des hausses de dividendes – mais aussi de la baisse continue des cours de l’aluminium, qui touche l’ensemble du secteur.

Sur le London Metal Exchange (LME), les cours de l’aluminium ont plongé de 20 % depuis le début de l’année, et sont au plus bas depuis six ans. En fin de semaine dernière, la tonne d’aluminium a chuté sous 1.500 dollars pour la première fois depuis juin 2009. De quoi faire vaciller les cours de Bourse de l’ensemble des producteurs mondiaux, qu’il s’agisse d’Alcoa (- 44 % en Bourse depuis le début d’année), du russe Rusal (- 42 %) ou de Rio Tinto (exposé via sa division aluminium). En cause ? Les intervenants de marché citent tous la Chine, dont les alumineries sont accusées de trop produire par rapport aux besoins actuels du pays. Le pays, qui a consommé 54 % de l’aluminium fabriqué dans le monde en 2014, a vu la demande finale ralentir chez lui. Et les perspectives sont médiocres. « La baisse de la production de véhicules, de câbles électriques, autant que le recul de l’activité du secteur de la construction au cours de l’été compromettent la croissance de la demande chinoise », écrit Morgan Stanley dans une note publiée lundi. Aujourd’hui, la plupart des producteurs d’aluminium chinois travaillent à perte. Pour autant, les analystes ne s’attendent pas à les voir réduire rapidement leurs capacités. Conséquence, la Chine en exporte des quantités importantes et le marché mondial déborde. Les experts de BNP Paribas prévoient un surplus de 1 million de tonnes cette année.

Cette dégringolade pourrait avoir des conséquences en cascade sur les grands groupes. Ce n’est pas un hasard si, fin septembre, Alcoa a annoncé sa scission à partir de 2016 en deux entités distinctes : l’une spécialisée sur les activités d’extraction, l’autre sur les produits à forte valeur ajoutée. Et déjà les analystes de JP Morgan anticipent un rapprochement de la seconde entité avec d’autres acteurs du marché, comme l’activité aluminium de Rio Tinto ou l’australien Alumina. « Vu les faibles valorisations actuelles, les consolidations pourraient s’accélérer », souligne un expert du secteur. Reste à savoir si, avec une valorisation d’à peine 470 millions de dollars, Constellium pourrait ou non faire figure de cible.

Les spécialistes, eux, distinguent les mouvements boursiers de la réalité industrielle. « Il y a une forme de panique des investisseurs liée aux cours de l’aluminium, alors même que les industriels sont protégés par des mécanismes de couverture sur les cours. Mais, sur le long terme, l’aluminium a de beaux jours devant lui », juge la même source. Outre son développement dans l’aéronautique, le matériau s’ouvre de plus en plus les portes de l’automobile. Pressés par des règles d’émission de CO2 toujours plus exigeantes, les constructeurs cherchent à réduire le poids de leurs nouveaux modèles, notamment en intégrant l’aluminium dans de plus en plus de composants.

Les Echos | 27/10/2015 | Maxime Amiot

 

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