Changement de régime à Ouaga : le silence pesant de Conakry jusqu’au départ du « parrain »

Alpha Condé, Blaise Compaoré, assisAprès plusieurs jours de contestation, le pouvoir vient de changer de mains au Burkina Faso. Ce vendredi 31 octobre 2014, a consacré la fin du régime de l’ancien médiateur dans la crise guinéenne, bien-veillant protecteur de l’ancien président de la junte guinéenne et surtout ami de longues dates du président guinéen, qu’on dit avoir toujours eu un logement à Ouaga 2000 pendant son long combat politique contre le général Lansana Conté, l’homme qui ne portait pas dans son cœur l’ancien chef de l’Etat Burkinabè. Le général Lansana Conté n’a jamais pardonné à Blaise Compaoré son soutien (supposé ou réel) aux rebelles qui ont semé le désordre, d’innombrales pertes économiques et humaines, surtout d’inimaginables crimes en Sierra Léone, au Libéria ; et qui ont également tenté de destabiliser la Guinée, en 2001.

Parrain réel ou supposé des rebelles, Blaise Compaoré a été aussi cité comme proche ou même ayant favorisé l’élection de plusieurs chefs d’Etat africains, notamment de la sous région ouest-africaine : Guinée, Côte d’Ivoire, Mali…

Ces derniers jours, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que le Burkina Faso vivait des moments historiques, mais les autorités guinéennes se sont bien gardées jusqu’à la fin du règne Compaoré de se prononcer (et ne pourront plus faire que prendre acte) sur cette actualité qui était pourtant vécue par beaucoup de Guinéens comme si elle se déroulait sur le territoire national. A part les relations personnelles entre Alpha Condé et Blaise Compaoré, les peuples Burkinabè et Guinéen ont beaucoup d’intérêts en commun et ils vivent nombreux les uns chez les autres.

D’ailleurs, dès son élection à la magistrature suprême de la Guinée, le président Alpha Condé avait même rapporté à Blaise Compaoré que l’une des attaques qu’il enregistre est que certains Guinéens disent qu’il est lui-même Burkinabè. La polémique avait enflé lorsque son ancien ministre de l’Agriculture, devenu opposant, Jean Marc Telliano (président du RDIG) a dit détenir des preuves que le chef de l’Etat guinéen était Burkinabè. Il a fallut l’intervention des experts et d’autres opposants pour recadrer le débat et préciser qu’il n’y avait pas débat sur la nationalité du président Guinéen.

Bref, un train devrait relier Kankan à Bobo-Dioulasso et beaucoup d’autres projets liaient Guinéens et Burkinabès, en comptant entre autres sur la proximité des deux chefs d’Etat. Sauf qu’avec le silence pesant des autorités guinéennes sur ces événements décisifs de l’histoire du Burkina Faso, voire du continent africain, on peut s’inquiéter de l’avenir des relations entre nos deux pays, si les nouveaux maîtres de Ouaga se fâchaient avec les autorités actuelles de Conakry…

Nouhou Baldé

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