Conakry : la gouvernance des ressources naturelles et la prévention des conflits en débat

Un atelier sur la gouvernance des ressources naturelles et prévention des conflits s’est ouvert ce mardi 07 mars 2017 dans la capitale guinéenne. Cet atelier de formation et de dialogue multi acteurs de trois jours est organisé par le Gorée Institute, a constaté Guinematin.com, à travers un de ses reporters.

Les activités du Gorée Institute ont démarré par une étude menée sur le terrain entre septembre 2013 et novembre 2014, en vue d’identifier les causes structurelles des conflits dans les communautés extractives des pays de l’Union du fleuve Mano. Pour le directeur exécutif de l’institue Gorée « La crise actuelle est révélatrice, à l’échelle globale mais aussi africaine, de la faiblesse des mécanismes de gouvernance des ressources dont regorgent les sols et sous-sols africains. Depuis ces dix dernières années, entre 10 et 15 millions d’hectares auraient fait l’objet de négociations ou de transactions avec des investissements étrangers dans les pays en développement, selon le PNUD. Mais en même temps, on a observé une accélération des concessions minières avec la croissance de la demande de matières premières pour ces économies dites émergentes. La très forte percée récente de la Chine en Afrique et les investissements colossaux qu’elle a consentis dans le secteur minier ou pétrolier explique en grande partie l’accroissement de près de 45 % des investissements directs étrangers en Afrique pendant cette décennie » a expliqué monsieur Doudou Dia.

Poursuivant son intervention, le directeur exécutif de l’institue Gorée ajoute qu’ « il est particulièrement important de mettre en place un dispositif institutionnel et réglementaire qui définit de façon claire les conditions et modalités d’affectation des ressources naturelles, avec comme souci principal, la sauvegarde des droits des populations à la base. A défaut, les frustrations nées d’une absence de tels mécanismes peuvent conduire à des troubles aux conséquences très importantes, comme l’expérience récente nous en a donné des exemples dans différentes régions en Afrique. Tirant les implications d’une telle situation, le Gorée Institute a amorcé une dynamique multi acteurs de concertation et d’échange. Il s’agit d’une approche ascendante de la gouvernance en vue de la prévention des conflits liés aux ressources naturelles », a-t-il indiqué.

Président la cérémonie d’ouverture, le ministre de l’unité nationale et de la citoyenneté, Kalifa Gassama Diaby a invité les participants à approfondir l’interrogation sur la construction d’un État qui peut garantir la distribution des matières premières dans un esprit équitable. « L’État et la démocratie est un couple complexe. A priori la démocratie est un instrument pour renforcer l’État, mais elle peut être aussi un instrument pour fragiliser l’État. La démocratie renforce l’Etat lorsqu’il est fondé sur l’État de droit. Et elle détruit l’État lorsqu’elle garantie la liberté ouverte. Et dans ce cas l’Etat serait fort. Mais, il ne sera ni légitime ni crédible. C’est ce qui fragilise la légitimité de l’État », pense le ministre.

Pour empêcher cela Gassama Diaby souhaite que les participants réfléchissent sur la nécessité « de faire face aux conflits, pour qu’il soit source d’impact, et qu’il soit une capacité de consolidation de la légitimité de la crédibilité de l’État. L’une des pistes importantes serait en sorte de faire que la puissance publique gagne en crédibilité, en légitimité et en efficacité auprès des citoyens. Pour cela, il faut que la puissance publique reçoive l’assentiment de nos concitoyens. La plus grande difficulté serait de ne pas pouvoir gérer ce conflit », a-t-il estimé.

Pour terminer, le ministre dira que cet atelier est extrêmement important : « il y a pas de paradoxe que l’abondance des ressources soit source de conflit. Et j’espère que cet atelier nous fera gagner un peu plus de lucidité et faire en sorte que l’État soit en mesure de faire respecter le principe de l’État de droit, le seul garant du respect des droits humains, de l’efficacité. Car il n’y aura pas de paix sans État effectif, sérieux et rigoureux, capable de satisfaire les besoins des citoyens », a souligné monsieur Diaby.

A rappeler que cet atelier de trois jours se déroulera en 12 sessions. Les participants discuteront sur le cadrage conceptuel ce mardi 07 mars 2017, suivi de l’analyse des conflits liés aux ressources naturelles demain mercredi 08 mars et enfin la journée du jeudi sera axé sur les orientations stratégiques, l’approche collaborative et le plaidoyer.

Abdoulaye Oumou Sow pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 620848501

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