Conflit religieux à Labé : ce qu’un des Wahhabites a confié à Guineematin

Daarou Niila, Mamadou Diouldé Barry Darou-NylaLors d’un bref séjour à Labé le mois février dernier, un reporter de Guineematin.com s’est intéressé au conflit religieux devenu patent dans la cité de Karamoko Alpha Mo Labé. Un conflit qui oppose deux sectes islamiques : les ‘’Tidjaniya’’ et les ‘’Sunnites’’ ou ‘’Wahhabites’’.

Pour comprendre les raisons, notre reporter a rencontré le porte parole des ‘’Wahhabites’’, Outaz Mamadou Diouldé Barry, son ami Abdoulaye Cissé, directeur de l’école primaire franco arabe de Tata 1 et le Grand imam de Labé, Elhadj Thierno Badrou Bah.

Mamadou Diouldé Barry Darou-Nyla : il y a de cela plus de 15 ans que ces différentes mosquées ont été construites. Depuis, on est entrain de dialoguer pour savoir comment on pourra les ouvrir. Mais, Depuis le temps d’Elhadj Abdourahmane Bah, et aujourd’hui son successeur qui est son fils, Elhadj Badrou Bah, responsable de la ligue islamique de Labé, on ne parvient pas. Il y a eu assez de pourparlers, mais ça ne marche toujours pas et on ne comprend toujours pas le pourquoi.

Sur la reprise du conflit après un temps d’accalmie, Mamadou Diouldé Barry explique : « Effectivement, on était parti jusqu’à Conakry pour rencontrer le secrétariat aux affaires religieuses et la présidence de la République pour trouver une solution. Le président a envoyé ici à Labé une délégation ayant à sa tête le grand Imam, Elhadj Mamadou Saliou Camara et le général Boureima Condé. Après leur retour à Conakry, la ligue islamique nous a invités à nouveau au dialogue que nous avons fait en deux réunions. Après tout, nous avons compris que la ligue islamique régionale ne veut pas de l’ouverture de ces mosquées. Parmi ceux qui refusent cette ouverture, figure, Elhadj Badrou Bah et son frère Elhadj Safioulaye Bah. Elhadj Safioulaye a dit même que cette mosquée dans laquelle nous nous trouvons ici pour cette interview n’est pas propice pour une prière du vendredi, mais une mosquée où des enfants peuvent apprendre à prier. Nous avons jugé cela inacceptable. Ne voulant pas créer de problème dans le pays, nous avons décidé de nous calmer d’abord. Mais, quelques temps après, on s’est dit de reprendre à prier parce que la prière appartient à Dieu, pas à un humain ».

Revenant sur leur refus d’aller prier dans les autres mosquées homologuées par la ligue islamique, le porte parole, Mamadou Diouldé Barry, dit : « On prie dans ces mosquées, mais ce que vous devenez comprendre, il y a eu assez de choses qui se sont passées. Le prophète Mohammad (PSL) avait dit qu’il arrivera un moment où les musulmans vont se diviser en 73 sectes, où chacun aura des choix que ne veut pas l’autre. Avant, on priait tous ensemble, mais puisqu’on n’a pas pu accepter le ‘’Tidjaanisme’’, ils nous ont pas accordé même une place. Ceux qui en disposaient ont été enlevés. Nous avons plus de dix (10) imams qui ont été relevés de leurs fonctions dans les différentes mosquées. Partout où on parle d’une mosquée, ils disent que celui qui croise les bras n’aura pas de place. Maintenant, si tu n’aimes pas de problème et puisque là où c’est commun, ça pose problème, tu vas te retourner toi aussi. Sinon, dans tout le pays, on trouve les imans de tous les bords, sauf à Labé où c’est la pensée unique. Si tu ne fait pas ce qu’ils disent, ce sont des problèmes », dit-il.

« Le pays n’a besoin que de la paix, rien d’autre. C’est pourquoi nous nous sommes retirés pour se retrouver dans nos mosquées, mais avec ça aussi ils nous refusent. Actuellement, nous avons près de dix (10) mosquées dans la ville. Comme ils nous ont refusé l’ouverture de certaines mosquées, ceux parmi nous qui disposent les moyens sont partis construire des mosquées dans leur domicile. On prie dans ces mosquées jusqu’à ce dernier temps. Récemment, le gouverneur Sadou Kéita nous a convoqués pour dire que jusqu’à présent la ligue régionale ne nous autorise pas à ouvrir les mosquées, puisqu’il avait lu sur le net que des affrontements pourraient avoir lieu le vendredi qui suivait notre rencontre »

Pour terminer, Mamadou Diouldé Barry exhorte les responsables du pays à assumer leurs responsabilités : « Je demande à chaque responsable de ce pays de regarder ce que la loi dit pour comprendre que la Guinée est un pays laïque où chacun est libre dans sa croyance. Nous demandons à la ligue régionale de faire attention et ce ne sont pas tous, c’est Elhadj Badrou Bah et son frère. Ceux-ci doivent savoir que ce qui se trouve partout en Guinée ne peut pas ne pas être à Labé », conclut-il.

Entretien réalisé à Labé et décrypté par Mamadou Alpha Baldé

Tél : 622 68 00 41

 

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