Drépanocytose : manifestations, prévention, traitement… Dr Saliou Béla dit tout à Guineematin

Dr Saliou Bela Diallo, médecin chef adjoint de la pédiatrie de Donka et maître assistant à la faculté de médecine odontostomatologie de la faculté des sciences et techniques de la santé de l’Université d Conakry

L’humanité célèbre, le 19 juin de chaque année, la journée mondiale de la drépanocytose. Selon nos informations, la lutte contre la drépanocytose est devenue, depuis 2009, l’une des priorités de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) pour la zone Afrique. Cette lutte occupe le quatrième rang dans les propriétés en matière de santé publique mondiale après le cancer, le sida et le paludisme.

En prélude à cette journée, qui sera célébrée demain mardi, 19 juin 2018, un reporter de Guineematin.com a rencontré le Docteur Saliou Béla Diallo, médecin chef adjoint de la pédiatrie de l’hôpital national de Donka. Le Dr Saliou Béla est maître-assistant à la faculté de médecine, odontostomatologie, à la faculté des sciences et techniques de la santé de l’Université de Conakry.

Guineematin.com: dites-nous tout d’abord ce que c’est que la drépanocytose

Docteur Saliou Béla Diallo : la drépanocytose est une maladie du sang où une partie du sang qu’on appelle hémoglobine est malade. Il y a une substitution de sa composition chimique, biologique et entraîne une déformation de l’hématie, donc du globule rouge qui perd un peu de son élasticité et de sa contractilité et de sa mobilité pour devenir un peu rigide et retransformer en faux, c’est-à-dire sous forme de faucille, sous forme d’arc, pour pouvoir rendre l’hématie non bien fonctionnelle et entraîner des signes pathologiques assez importants avec des complications qui peuvent dépasser même 15 à 20 différentes parties de l’organisme correspondants aux différents appareils. C’est une maladie invalidante qui peut entraîner la mort et qui peut se manifester avec une fréquence autour de 20 à 25 % au niveau de la population infantile. Elle est très fréquente en Afrique, dans les pays du Maghreb et ceux de l’Afrique subsaharienne.

Guineematin.com: que peut-on retenir des symptômes ou manifestations de cette maladie ?

Docteur Saliou Béla Diallo: la drépanocytose est caractérisée par des signes fonctionnels tels que la douleur, de la fièvre, l’amaigrissement, un faciès globuleux avec os qui sont saillis, surtout au niveau de la région du tibia décharnée, avec une poitrine un peu bombé. Chez les enfants souvent, ils sont maigrichons avec une fatigue incessante,  qui ont des signes pulmonaires, des signes osso-articulaires, des abdominaux tels que un ballonnement, quelques fois avec des lésions cutanées correspondant à des plaies.

Guineematin.com : est-ce que la drépanocytose est  guérissable, est-ce qu’on peut la traiter ? 

Docteur Saliou Béla Diallo: ce qu’on appelle drépanocytose, il y a la maladie drépanocytaire, qui est la drépanocytose homozygote SS ou bien SC, qui est une maladie invalidante très sérieuse, et donc qui a ses complications très énormes ; et la drépanocytose hétérozygote qui est asymptomatique, qui n’entraîne pas de maladie. En réalité, la drépanocytose ne guérit pas, elle est suivie pour ne pas qu’elle se complique. Le drépanocytaire peut vivre aussi longtemps que les hommes normaux à condition que ce dernier ait un suivi particulier, un comportement particulier et une attention particulière de sa santé.

Guineematin.com: comment se transmet la drépanocytose ?

Docteur Saliou Béla Diallo: le problème c’est que, si une femme homozygote ou hétérozygote se marie, c’est-à-dire une femme qui porte la drépanocytose se marie à un homme qui porte la drépanocytose, il y a de fortes chances que ces enfants soient des drépanocytaires malades ou bien que la moitié soit drépanocytaire malade, ou que le quart soit des drépanocytaires malades. Donc, c’est fonction du degré d’atteinte des sujets, aussi bien la femme que l’homme. Elle se manifeste très tôt chez l’enfant, c’est pourquoi c’est une maladie de l’enfant.

Donc, ses signes se manifestent très tôt avant le troisième anniversaire, avant la troisième bougie, ça entraîne le tableau clinique assez important: des infections cardiovasculaires, des pathologies suggestives avec des complications rénales et neurologiques, avec des méningites, ça peut aller jusqu’aux accidents cérébraux, assez importants, difficiles à traiter dont les produits sont difficiles à accéder et le coût très élevé. Donc, les victimes chez l’enfant jusqu’à son âge adulte, c’est congénitale, ils attrapent la maladie à la conception, ils vivent avec dans le ventre, et puis, nait avec, et là il commence à grandir, les signes cliniques commencent. Il peut vivre selon qu’on s’occupe de lui, il peut devenir adulte mais, il est drépanocytaire de la naissance jusqu’à la mort.

Guineematin : autant dire que c’est un réel problème de santé non ?

Docteur Saliou Béla Diallo: bien sûr, c’est une maladie de santé publique, qui est prise en charge parmi les maladies de longue durée, elle occupe une place importante. La drépanocytose, c’est un problème très grave, très sérieux qui est un problème de santé publique et doit être une préoccupation majeure de la population, des gouvernements, de toute la société.

Guineematin.com: est-ce qu’il y a des mesures préventives de la drépanocytose ?

Docteur Saliou Béla Diallo: oui, il faut d’abord un examen prénuptial, avant même de faire un mariage, il faut conseiller aux sujets porteurs d’hémoglobine de se marier. C’est la première mesure. Après les examens, si l’on est drépanocytaire, il faut être suivi par un médecin spécialiste, être vacciné autant que possible contre tous les germes et puis suivre un traitement particulier, éviter les crises rapprochées, prévenir toutes les infections par cette vaccination, par la prise en charge des maladies courantes, éviter l’anémie sévère, faire du sport modéré, suivre une alimentation riche et variée, pour éviter les carences qui peuvent aggraver le tableau clinique de la drépanocytose. Avoir permanemment son médecin, suivre les consultations  et les contrôles courants, se comporter convenablement par rapport à l’environnement, par rapport la société et par rapport à soi-même.

Guineematin.com: disposez-vous de statistiques par rapport à cette maladie ?

Docteur Saliou Béla Diallo: la drépanocytose fait partie des dix pathologies les graves, les plus meurtrières. Elle fait partie des dix premières maladies de la cause de morbidité et de mortalité, elle fait partie des cinq principales maladies les plus dangereuses pour la population infantile, dont la mortalité est de moins de 10%.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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