Elhadj Saïkou Oumar: « le dialogue politique nous a permis d’avoir la paix, qu’on respire un peu dans l’espace commercial »

Saikou Oumar Diallo, président de la chambre de commerce de Matam et vice-président de la chambre régionale de commerce de Conakry

elhadj-saikou-oumar-diallo-et-nouhou-baldeComme annoncé précédemment, une forte délégation de la chambre de commerce de Matam et du Groupe Organisé des Hommes d’Affaires (GOHA) a rendu visite à Guineematin.com, ce mardi 25 octobre 2016. L’occasion a été mise à profit pour échanger avec Elhadj Saikou Oumar Diallo, président de ladite chambre de commerce, pour parler de l’actualité. Il a été essentiellement de la signature des accords politiques, des difficultés de mettre en place la chambre nationale de commerce, tout comme le mauvais état de nos routes.

Guineematin.com : bonjour Elhadj Saikou Oumar Diallo et bienvenue à Guineematin. Quel est le rôle de la chambre de commerce de Matam que vous présidez ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : bonjour et merci à vous. La chambre de commerce est un lieu de transit pour tous les opérateurs économiques. C’est un lieu de convergence pour qu’on puisse aller de l’avant et travailler en harmonie au sein de cette corporation.

Guineematin.com : vous êtes aussi membre du GOHA et donc des contacts partout en Guinée. Comment les guinéens apprécient les activités de votre organisation ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : comme vous le savez déjà, pour les activités en Guinée on peut dire que ça va partiellement. Vous savez aujourd’hui qu’il y a des difficultés. Quand on parle du commerce, il faut parler de mécanismes qui nous amènent à être compétitifs. Et, la première des choses c’est d’avoir la paix, les infrastructures de base telles que les routes. Mais, vous connaissez aujourd’hui l’état de nos routes. On des difficultés et on n’arrive pas vraiment à joindre les deux bouts.

Guineematin.com : vous avez suivi l’accord politique, malheureusement vous n’avez pas été invité, bien qu’on parlait des commerçants. Comment appréciez-vous ces accords ?

elhadj-saikou-oumar-diallo-president-de-la-chambre-de-commerce-de-matam-0Elhadj Saikou Oumar Diallo : nous n’avons pas été invités à ce dialogue et nous souhaiterions être consulté dans les prises de décision qui nous concernent. Et, comme on le dit souvent, parler de nous sans nous, nous pensons que c’est toujours contre nous. Mais, cette fois, avec ces accords, nous pensons qu’il y a quelques éléments des accords que nous apprécions. Cette indemnisation des victimes de pillages nous préoccupait à plus d’un titre. Même si c’est partiel, c’est un début et on espère qu’ils vont continuer. Si ce dialogue résulte pour qu’on puisse avoir la paix, pour qu’on puisse respirer de l’air frais dans l’espace commercial, nous saluons la paix, nous saluons l’entente entre les politiques. Parce que sans l’entente, sans la paix nous ne pourrons pas fonctionner. Ce dialogue a commencé à nous donner un peu de satisfaction, au niveau de la confiance qui nous lie à nos clients et nos partenaires. Et sans la confiance, les investisseurs ne viennent pas. C’est un facteur que je salue. On ne parle pas du fond, mais sur le plan de la forme déjà, nous saluons la paix.

Guineematin.com : Que pensez-vous de ceux qui disent qu’il faut élargir les indemnisations non pas seulement à ceux de 2013, mais même à ceux des années précédentes, notamment en juillet 1985 ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : nous sommes d’accord. Mais, il ne faut pas qu’on rejette les accords qui viennent d’être signés. Pour indemniser les gens, il faut bien commencer par quelque chose. Si on commence par 2013, le reste viendra avec la bonne volonté des décideurs. Ça fait longtemps que les gens attendent et, si on ne commence pas par quelque chose, vous voyez où est-ce que ça peut mener ?

Guineematin.com : avant même ce dialogue, il y a eu le premier septembre la rencontre entre le président de la République et le chef de file de l’opposition, vous êtes justement concernés par la paix qui règne maintenant. Mais, il se trouve qu’il y a trop de commentaires sur cette rencontre. Quelle est votre opinion là-dessus ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : tout acte qui amène à ce qu’il y ait la paix dans un pays, le premier bénéficiaire c’est nous les opérateurs économiques. Sans la paix, nous ne pourrons rien faire. Donc, quelque soit les actes qui vont dans ce sens, nous ne ferons que saluer. Depuis la rencontre des deux géants de la politique dans notre pays jusqu’à nos jours, nous pensons que si ça continue comme ça, c’est tous les guinéens qui vont en bénéficier. Si nous ne travaillons pas, si nous avons des difficultés ce n’est pas seulement nous qui seront bloqués, c’est tout le pays. Donc, nous saluons cette rencontre et nous les encourageons, nous leur disons de penser au peuple, de penser aux opérateurs économiques qui ont pris des engagements partout, aussi bien au niveau national tels que les banques, les particuliers, qu’au niveau international.

Guineematin.com : quels sont les problèmes que la chambre de commerce de Matam rencontrent aujourd’hui ?

elhadj-saikou-oumar-dialloElhadj Saikou Oumar Diallo : comme vous le savez, la chambre régionale de commerce n’est pas mise en place tout comme la chambre nationale. Donc, c’est des initiatives que nous prenons, nous-mêmes pour engager certaines activités u niveau de la commune, au niveau de la sensibilisation, du règlement des conflits et tout ce qui s’en suit. Mais, actuellement nous avons des difficultés. Tout est cher sur le marché.

Guineematin.com : à votre avis, à quoi est due cette cherté de la vie ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : ça s’explique par beaucoup de facteurs. On a le dédouanement qui est vraiment cher, au niveau des infrastructures routières ça ne va pas, les gens n’arrivent pas à circuler. Dans le commerce, il faut parler de libre circulation, alors qu’aujourd’hui on est comme dans un bunker. Ceux de l’intérieur du pays ne peuvent pas venir à Conakry et ceux de la capitale ne peuvent pas faire librement leurs activités. On ne peut pas évacuer les marchandises vers l’intérieur du pays, en plus forte raison vers l’extérieur. Comme vous le savez, si la Guinée est bien gérée tous les pays limitrophes de la Guinée peuvent venir s’approvisionner ici. Maintenant, si ceux qui ont des ports ne peuvent pas venir ici, c’est des pertes. Nous sommes coincés. Je profite de cette occasion pour lancer un appel à l’Etat pour qu’il puisse faire quelque chose très rapidement pour les infrastructures routières.

Guineematin.com : jusqu’à présent la chambre nationale de commerce tarde à être mise en place. A votre avis, pour quelles raisons ça coince ? A quel niveau se situe le problème ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : nous souhaiterions avoir des réponses, tout comme vous, au plus haut niveau du département du commerce jusqu’au delà. Nous souhaitons vivement que cette chambre nationale de commerce puisse voir le jour. Ceux qui tiennent le levier pour qu’on puisse allé de l’avant doivent agir pour que ça puisse bouger, si non c’est le pays qui est bloqué.

Guineematin.com : quelles appréciations faites-vous du travail des médias, notamment les médias en ligne vis-à-vis de nos lecteurs ?

elhadj-saikou-oumar-diallo-president-de-la-chambre-de-commerce-de-matamElhadj Saikou Oumar Diallo : je suis fan de la presse en général, plus particulièrement de la presse en ligne. Parce que en temps réel et partout où nous sommes, nous pouvons avoir accès directement. Donc, depuis que les médias en ligne ont commencé à émerger dans ce pays, les gens ont informés en temps réel. Vous comblez un vide géant au niveau de la presse en ligne. Nous vous félicitons, nous vous encourageons. Nous allons continuer encore à dire à tous les opérateurs économiques de vous soutenir, au moins d’envoyer leur publicité chez vous pour que vous puissiez exister de plus.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un dernier mot pour nos lecteurs et téléspectateurs ?

Elhadj Saikou Oumar Diallo : vous êtes une corporation à partir de laquelle chacun a un bénéfice sans que vous ne tapiez à la porte des gens. Et, chacun de nous doit vous accorder une attention particulière pour que vous puissiez continuez ce que vous êtes entrain de faire. Il n’y aura pas une société pacifique, il n’y aura pas développement dans un pays si les médias ne jouent pleinement leur rôle. Et, je pense Guineematin et tant d’autres, vous êtes vraiment impartial et vous faites preuve d’équité. Il y a beaucoup d’équité dans le traitement de l’information. D’où l’importance de lancer un appel aux opérateurs économiques, aux bonnes volontés, d’assister les médias. A l’Etat aussi d’assister les médias, cela va pousser les autres à leur emboiter le pas. Et, les médias ne sont pas contre le développement, au contraire. Donc sans médias, il n’y aura pas de développement. Je souhaite que vous aussi, vous continuiez à travailler dans l’éthique et la déontologie pour que chaque lecteur puisse se reconnaitre dans ce que vous faites.

Interview réalisée par la rédaction de Guineematin.com

 

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