Exactions militaires à Mali : les victimes doutent d’un éventuel dédommagement par l’Etat

Colonel Issa CamaraUn peu plus de deux semaines après les événements tragiques qui ont secoué la commune urbaine de Mali, suite à la barbarie des hommes du colonel Issa Camara, le calme est revenu dans la cité. Mais la situation reste encore très tendue et les victimes doutent d’un éventuel dédommagement de la part de l’Etat, à appris Guineematin.com, de source locale.

En effet, la situation est désormais calme et les activités ont repris dans la petite ville de Mali. Un calme rendu possible suite à l’implication effective des forces vives de la préfecture, du gouvernorat de Labé et du passage de l’état major de l’armée, conduite par le chef d’état major adjoint de l’armée de terre, Général de brigade Édouard Théa.

Lors des nombreuses rencontres organisées par les différentes missions, des promesses ont été tenues, allant dans le sens d’arrêter, de juger et de condamner les coupables à la hauteur de leur forfaiture.  « La situation est calme maintenant. Il y’a eu le passage de beaucoup de missions, dont le chef d’état major adjoint de l’armée de terre, le procureur près le tribunal de première instance de Labé, le procureur militaire et autres. Pratiquement, tous ces missionnaires ont promis que toute la lumière sera faite, les coupable seront arrêtés, jugés et condamnés », a confié le président des organisations de la société civile de Mali, Boubacar Arsama Diallo, joint au téléphone ce lundi 07 juillet 2016.

Qu’en est-il du respect de ces promesses ?

En tout cas, la population de Mali et les victimes de la barbarie en particulier, doutent de la sincérité du gouvernement et restent pessimistes quant à un éventuel dédommagement : « Je peux vous dire que la population n’a pas confiance aux promesses du tout, surtout les victimes. Est-ce qu’ils seront dédommagés? Y’en a qui ont complètement perdu leur chiffre d’affaires et qui ne peuvent même plus recommencer leurs activités. Mais ils ne s’attendent vraiment pas à un dédommagement. Ils doutent très fort parce qu’il y en a eu à Siguiri, à Kouroussa, à Conakry, où a chaque fois il y’a vandalisme, mais jamais de dédommagement malgré les promesses », a estimé le président des organisations de la société civile de Mali.

Il ajoute ensuite, « du côté de la société civile, nous on les rassure, on leur demande de faire confiance surtout à la justice. Nous espérons que la lumière sera faite et que chacun sera dédommagé », dit-il.

De la situation des familles des militaires

On se souvient qu’à la suite des événements tragiques du 18 au 19 juin dernier, les populations de Mali avaient décidé de rompre toute collaboration avec les militaires et leurs familles respectives. Du coup, ils ont été chassés des quartiers et obligés de se confiner au camp où ils vivent dans des conditions difficiles.

Depuis lors, des voix se sont élevées pour apaiser les tensions et renouer la bonne collaboration, à l’image du commandant de la deuxième région militaire de Labé, colonel Ibrahima Kalil Condé qui, à travers les médias, a demandé pardon à la population de Mali.

Face à cette situation, monsieur Boubacar Arsama Diallo s’inquiète des conditions de vie des femmes et des enfants de militaires et affirme mener des démarches pour que la population les accepte.

« Les familles des militaires sont toutes entassées au camp, il n’y a pas de place. Actuellement nous sommes en train de mener des démarches pour voir si la population va accepter ne serait-ce que les femmes et les enfants, parce que il y’en a parmi elles, des femmes dont les maris ne sont pas en ville, donc qui n’ont pas participé aux pillages », confie Boubacar Arsama Diallo.

Que sont devenus Issa Camara et sa bande ?

Au delà des militaires qui avaient quitté la ville et dont on ne connaît pas la destination après les événements, d’autres continuent encore à circuler librement sous l’œil impuissant de la population et des victimes.

Chose qui n’est pas sans conséquences. A en croire des fils de Mali, la présence de ces militaires en ville augmente la frustration et attise les tensions.

En ce qui concerne le fameux colonel Issa Camara, des sources indiquent qu’il circule librement à Conakry sans qu’il ne soit inquiété.

« La population commence à constater que les mêmes militaires qui ont tiré et pillé les magasins sont entrain de revenir en ville et se promener. Ça risque d’irriter les gens et pourrait conduire les jeunes à s’attaquer à eux. Pourtant, on avait signifié au procureur militaire qu’on ne peut pas cohabiter avec les militaires qui ont utilisé des fusils contre la population. Et ceux qui ont tout perdu ne peuvent pas supporter de les voir se promener en ville. Ça risque de dégénérer si la situation ne change pas », rapporte notre interlocuteur.

A suivre!

Mamadou Mouctar Barry pour Guineematin.com

Tél. : 621607907

 

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