Pour peu qu’on se promène dans le pays profond, on se rend compte du gâchis du Guinéen, du manque de considération à nos devanciers et surtout l’indifférence de l’opinion au patrimoine historique du pays.
Malgré son potentiel historique et touristique très enviable, le pays ne fait presque pas rêver. En tout cas, on ne voit toujours pas les touristes se bousculer aux portes de la capitale guinéenne pour visiter nos sites. Pourtant il en regorge beaucoup de valeurs, beaucoup de richesses et une grande histoire qui peuvent intéresser aussi bien les étrangers que les Guinéens eux-mêmes.
La liste des vestiges est très longue. Le Fortin de Boké ou la maison des esclaves, le village de la reine Niara Belly de Boffa, la case d’Alpha Yaya à Foulamory dans la préfecture de Gaoual, la mosquée d’Elhadj Oumar Tall à Dinguiraye, la case des Almamy du Fouta à Timbo, le caveau des Grands à Labé, Bissandougou, la capitale de l’empire Wassoulou de l’Almamy Samory Touré et Sibilibaro, un de ses villages de résidence dans la préfecture de Kérouané, sont autant de valeur qui attendent d’être exploitées et valorisées pour le bien du public.
Sur cette liste non exhaustive, viennent s’ajouter les villages de naissance de ceux qui ont dirigé la Guinée, notamment le premier d’entre eux, le Président Sékou Touré, né à Faranah, en 1922, a-t-on appris de nos livres d’histoire.
Son village natal, contrairement à ceux de Senghor du Sénégal né à Joual et d’Houphouët Boigny à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, n’attire pas de monde et n’intervient même pas dans le langage ordinaire des autorités ni locales, ni régionales ou préfectorales. Malgré sa proximité, à seulement 800 m de la porte du parc du Haut Niger, la localité n’offre en rien d’un village présidentiel et son trésor, presqu’inconnu du grand public.
Sidakoro, puisqu’il s’agit de cette bourgade, située à plus de 70 km, au Nord Est de la ville de Faranah, est un district relevant de la commune rurale de Bendou, capitale du détarium, un fruit sauvage aux grandes vertus et très prisé par les Nigérians, Nigériens et Ghanéens.
A Sidakoro, le premier visiteur est frappé par le caractère ordinaire de cette localité pourtant emblématique. Peu de maisons en tôle sont visibles entre les nombreux toits en paille. Les plus nombreuses de ces cases rondes gardent encore leur beauté architecturale ancienne.
Sur un carrefour, est dressé un majestueux fromager au pied duquel est établi un réparateur de vélo et de moto.
Ce gros arbre dont l’espèce domine le relief de la savane, est planté à 10 m devant une case ronde rénovée et couverte de tôles rouges, grâce aux soins du Général Sékouba Konaté, ancien président de la transition.
Cette bâtisse flanquée d’une véranda, est sur le rayon d’un carrefour de la route qui continue dans la profondeur du parc et l’autre qui rentre dans le village un peu sablonneux. A première vue, le visiteur a l’impression qu’il s’agit de la vraie case native de l’enfant de Faranah. Mais non, ce béton a été élevé pour protéger le mur en banco d’une circonférence plus modeste et qui a vu naître le premier Chef d’Etat guinéen, le Président Ahmed Sékou Touré. Celui qui règna sur le pays de 1958 à sa mort en 1984.
Dans cette case mythique, d’une sortie unique, un lit en terre pleine et un genre en raphia font le décor. Dehors, sur le mur, de part et d’autre de la porte de sortie sont accrochés le portait à droite du Général Sékouba Konaté et à gauche du Président Sékou Touré.
Selon notre guide, Mory Traoré en compagnie d’une de ses filles, le père « de Sékou Touré, Alpha Touré, boucher de son état, est venu dans ce village, chercher le tutorat du vieux Ansoumane Traoré qui l’a accepté. Le fils de ce dernier, Sarandan Traoré, (le père de notre guide) est rentré à l’école au même moment que Sékou Touré et les deux étaient des amis d’enfance ».
Il déplore que ce vestige soit laissé à l’abandon et pousse un cri de cœur pour les Guinéens, à commencer par les autorités de la place y accordent plus d’importance. Cela pourrait ouvrir à la localité d’innombrables opportunités, notamment d’emploi et de développement du secteur touristique. Sera-t-il entendu ? Wait and see !
De retour de Sidakoro, Abdallah Baldé pour Guineematin.com
Tél. : 628 08 98 45
