Guinée : journalistes et acteurs de la société civile à l’école du FMI

L’association guinéenne pour la transparence (AGT) et le Fonds monétaire international (FMI) ont organisé ce samedi, 15 avril 2017, un atelier de formation en direction des acteurs de la société civile et des journalistes sur les thèmes portant connaissance du FMI et la situation économique et financière de la Guinée et du monde. Un reporter de Guineematin.com a suivi cette formation pour mieux vous en parler…

Dans son discours d’ouverture, Dr Mamadou Taran Diallo, de la coalition Publiez ce que vous payez (PCQP) et membre de la société civile guinéenne, a précisé que ces thèmes choisis sont « d’actualité puisque depuis 2016, le Gouvernement guinéen brandit comme un trophée la signature d’un accord de programme avec le FMI et ce pour la première fois en 59 ans d’indépendance dont 33 ans de libéralisme ».

Dr José Sulemane, conférencier et par ailleurs Représentant résident du Fonds monétaire international en Guinée depuis 2016, a introduit son speech par l’historique de l’institution, créée en 1944 à Breton Woods, en même temps que la Banque mondiale, au New Hampshire, aux Etats Unis d’Amérique avec 44 membres au départ. Une création qui avait pour but d’éviter à l’humanité une récession économique à l’image de celle de 1930.

La Guinée a adhéré le 28 septembre 1963 au FMI qui compte actuellement 189 pays membres.

Bien entendu, le FMI et la Banque mondiale se complètent dans leurs objectifs de stabilité macroéconomique à court terme et de développement des pays membres à long terme.

Pour réussir cette mission, le fonds dispose d’une administration avec à sa tête un (e) directeur général (e) désigné par un conseil des gouverneurs réunissant les gouverneurs de chaque pays. La rencontre est annuelle. Cet organe est appuyé par le comité monétaire et financier international de 24 gouverneurs, qui se retrouve deux fois l’an. Le conseil d’administration regroupe 24 administrateurs, se retrouvant 3 fois dans la semaine, est le véritable laboratoire économique du Fonds.

Cet arsenal d’experts surveille et conseille les pays membres à travers des revues et programmes en utilisant un mécanisme de suivi-évaluation des critères de convergences.

Même si toutes les décisions sont presque consensuelles, comme au Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’Afrique se retrouve en parent pauvre avec le plus faible pouvoir de vote.

Les USA se taillent ka part du lion avec 16,53 % de vote puissance, le Japon, 6,12%, la Chine 6%, la France, la Grande Bretagne, 4% chacune, contre 1.61% pour le groupe Afrique II avec un totale de 23 pays. En guise d’illustration, la Guinée dispose d’un pouvoir de vote de 0,07% contre 0,09 % pour le Sénégal.

Autrement dit, tout le continent noir ne dispose que de deux administrateurs contre six pour le pays de l’Oncle Sam. Toute fois, il est à préciser que le pouvoir de vote reflète le poids économique de chaque pays membre. Ce qui exige des pays africains, plus d’efforts et d’imagination en vue d’améliorer son positionnement.

Selon l’administrateur résident du FMI, de l’indépendance à nos jours, la Guinée a négocié 10 programmes et n’a réussi qu’un seul, celui du programme de Facilité élargie de crédits (FEC) réalisé entre 2012 et 2016. L’expert rappelle que chaque année, le FMI envoie en Guinée 20 à 22 missions dans le cadre de la surveillance et d’assistance technique.

Ces explications sur le rôle, la mission, la composition, le fonctionnement du FMI et les avantages tirés de l’organisation par les pays membres ont été complétées par un débat riche en information entre participants et conférencier.

Abordant le second thème sur la situation économique et financière de la Guinée et du monde, le conférencier a axé son intervention sur les agrégats de l’économie mondiale notamment, les exportations, le produit intérieur brute (PIB), la balance commerciale et le prix des matières premières. Une réalité qui place l’Afrique à la queue du commerce mondial avec seulement 2% des produits exportés.

En Guinée, la variation du PIB perçue à la hausse, n’est pas synonyme de richesse mais de la nature de le calculer en 1968 et 2003, a indiqué l’expert. La croissance de la population avant 2003 était de 2,8% contre 3% en 2003. Il conclut que « si le PIB (2003) n’est pas de bonne qualité, les décisions qui vont être prises ne seront pas aussi bonnes ». Mesurant l’ampleur du travail à abattre dans le secteur économique, le patron du FMI en Guinée soulève la question du secteur informel guinéen dont la part dans l’économie nationale reste encore la grande inconnue. Cela peut faire l’objet de recherche, par exemple, dit-il.

D’ailleurs l’expert souligne que pour « mesurer le taux de pauvreté, il faut procéder à des enquêtes auprès des ménages.
Ce qui montre la structure des dépenses ». Une situation qui rappelle la problématique du recensement général de la population. « Si les données du recensement de la population sont fausses, cela fausse également la planification et les programmes de développement. Si la qualité de l’information n’est pas bonne, le message politique sera aussi erroné », soutient le conférencier et économiste, José Sulemane.

Sans langue de bois, le Mozambicain explique que le « FMI ne connait pas encore les résultats du recensement biométrique des fonctionnaires guinéens, malgré que la Banque Mondiale ait financé l’opération », expliquant du coût, qu’il s’agit de l’un des engagements du gouvernement intervenu dans la phase du programme FEC. L’autre problème soulevé par M. José est la situation conflictuelle du privé dans le public qui cherche à tuer le vrai secteur privé du pays.

Répondant toujours aux questions des participants, le conférencier, cette fois en citoyen avisé et non pas sous le manteau du Fons, avance trois Propositions de sortie de crise pour un pays comme la Guinée. Il s’agit :

D’abord, la fourniture d’eau, de l’assainissement et la disponibilité des poubelles dans tous les lieux publics à travers le pays, ensuite, l’électrification du pays, suivie du développement de l’agriculture et de la pêche et enfin, la qualité de la dépense publique (avec l’instauration d’une culture de la redevabilité).

Cette dernière équation engage les gouvernants à auditer les marchés publics, à ajuster les tarifs d’électricité, les produits pétroliers, et à renforcer la capacité des barrages hydroélectriques existants.

Avant la fin de la rencontre, les organisateurs ont promis de la démultiplier dans les huit régions du pays en vue de rapprocher les citoyens au FMI et permettre de lever l’équivoque qui pèse sur l’institution notamment la perception selon laquelle, il est imputé de l’échec des programmes d’ajustement structurel dans les pays les moins avancés dans les années 90.

Abdallah Baldé pour Guineematin.com

Tel : 628 08 98 45

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