Kamsar : la pression démographique et l’exploitation minière accentuent la dégradation de l’environnement

KamsarC’est du moins le constat de la mission parlementaire de la commission développement rural, ressources naturelles et environnement de l’Assemblée nationale qui a visité le littoral guinéen, mi-juillet 2016, a constaté Guineematin.com à travers un de ses journalistes. 

L’Honorable David Camara et ses collègues après Katougouma, où ils ont failli se faire renvoyer par les responsables de la SMB, se sont rendus le mardi 19 juillet dans la commune rurale de Kamsar, qui abrite le siège de la compagnie des bauxites de Guinée (CBG).

Reçu par les responsables locaux de Kamsar, les députés ont touché du doigt les vrais problèmes environnementaux qui assaillent cette localité. Il ressort dans les échanges que la forte pression démographique et l’implantation des sociétés minières dans la zone, constituent les deux principaux facteurs de dégradation de l’environnement dans cette partie du littoral.

Selon Mme Sama Kaba, Sous-préfet des lieux, la population de Kamsar est passée de 315 habitants en 1973 à 350 mille en 2010 avant de s’établir à près de 500 mille habitants, selon le dernier recensement.

A cette démographie galopante s’ajoute l’implantation tous azimut des sociétés minières comme la CBG, l’EGA et la COBAD qui entendent chacune aménager un port sur les côtes de cette capitale bauxitique du pays.

Comme si cela ne suffisait pas, quelques 300 débarcadères sont recensés sur ce littoral et la pêche, parfois avec différents types de trafics, y est pratiquée sans la moindre réglementation, a déploré devant les députés, le président de la délégation spéciale, Djibril Trésor Bangoura.

En outre, les sages comme le doyen Amara Bangoura, rappelle non sans regret de la disparition de Taady, une bande de terre engloutie par les eaux avant de tirer la sonnette d’alarme. Pour le vieux, il est incontestable que les changements climatiques sont à la base de cette perte de terre.

Djibril Trésor Bangoura quoique déterminé à lutter contre la dégradation de l’environnement, dénonce le manque de moyen. « Les sociétés ne paient pas les taxes aux communes rurales. Les 0,4% du chiffre d’affaire à verser annuellement aux collectivités pour leur développement, n’arrivent pas dans les caisses », a souligné M. Bangoura.

S’il reconnaît que la CBG, depuis quelques années, débourse 500 mille $ pour toutes les collectivités de Boké, l’élu déplore la méthode de gestion et demande le respect des codes, des collectivités et minier du pays.

A la CBG, les députés ont échangé avec les responsables de la compagnie sur les mesures prises pour atténuer les impactes et autres dégâts environnementaux liés à l’exploitation minière.

Tour à tour, M. Aliou Barry, Moustapha Sylla et Habib Diallo, respectivement surintendant HSSE, directeur de la construction et responsable chargé des relations avec les communautés, se sont relayés pour informer les députés des mesures en vigueur dans la société et conformément aux conventions internationales auxquelles la CBG reste soumise.

Du reboisement à la captation des particules de poussière dans l’air en passant par l’assainissement , le traitement et le recyclage des eaux usées, des huiles et autres substances toxiques, les cadres de la CBG ont convaincu la délégation du souci de la compagnie à s’inscrire dans la logique de « zéro accident, zéro pollution et zéro plainte ».

Parlant des chiffres, un montant de 30 millions $ sont prévus pour le financement d’un plan quinquennal dans la lutte pour la protection de l’environnement. Déjà 1375 ha de carrières sont réhabilités, 80 autres sont répertoriées et un plan de fermeture est établi selon les normes internationales en la matière, à en croire les responsables de la CBG.

En réponse, les députés, se sont réjouis de la disponibilité et de l’accueil dont ils ont fait l’objet et encouragé la compagnie à continuer cet élan de protection de l’environnement, conformément aux lois du pays.

Les parlementaires ont rappelé la nécessité de faire usage du code minier en vigueur en vue d’établir des relations pérennes de partenariat avec les communautés environnantes, et dans la sauvegarde de l’environnement.

Rappelons que la compagnie des bauxites de Guinée est un conglomérat public-privé où la Guinée détient 49% des actions contre 51% de plusieurs autres actionnaires, à la tête desquels Rio Tinto.

Elle a été crée en 1963 et l’exploitation a démarré dix ans plus tard. Actuellement, la compagnie extrait et exporte quelques 14 millions de tonnes par an et dispose d’une convention qui s’établit sur plus de 50 ans.

Le programme s’est poursuivi le mercredi 20 juillet 2016 par la visite de la préfecture de Dubréka, où les côtes ne sont pas en reste dans la dégradation de l’environnement.

Abdallah Baldé, envoyé spécial à Boké pour Guineematin.com

Tél. : +224 628 089 845

 

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