Labé: Une procédure judiciaire qui suscite des interrogations dans une affaire de sorcellerie

Labé, entrée de la villeLe Tribunal de Première Instance de Labé a pris une décision non comprise par le public dans une affaire de diffamation connectée à des histoires de sorcellerie, a constaté sur place le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.

L’incident qui a été tranché ce mercredi 8 avril par le Tribunal de Première Instance de Labé a éclaté il y a une dizaine de jours dans la périphérie de la commune urbaine entre des citoyens venus de la sous-préfecture de Korbé (relevant de la préfecture de Lélouma) pour consulter des marabouts se disant spécialistes dans le dépistage et le traitement des sorciers.

Tout a commencé quand une jeune dame tombée malade à Korbé n’a pas été soulagée par les produits médicaux prescrits par les structures sanitaires de Lélouma et Labé. Son époux a fait alors recours à ces marabouts qui officient à Boléya, un secteur du quartier Tata I, dans la commune urbaine de Labé où la malade du nom de Marlyatou a été internée pour quelques jours.

Venue aux nouvelles de l’état de santé de sa petite-fille, Mme Mariama Korka DIALLO a été accusée par le marabout d’être responsable de la maladie de Marlyatou. Lorsqu’elle a nié les faits, cette pauvre dame a été obligée de prendre des décoctions préparées pour les besoins de la cause par les charlatans qui lui extorqué des aveux sous l’effet de la torture. Elle dénonce alors une prétendue complice du nom de Houlaymatou qui a été invitée à se présenter à Labé par un appel téléphonique émis à partir du « centre de traitement de Boléya.»

Prises en otage, ces deux dames finissent par dénoncer un aventurier du nom de Yaghouba vivant en Europe. Informé, ce dernier dépose immédiatement une plainte contre les deux dames et les deux marabouts pour dénonciation calomnieuse et diffamation à la Direction Régionale de la Police de Labé.

Ce dossier fini par tomber entre les mains du parquet de Labé qui décide immédiatement de placer les deux dames sous mandat de dépôt à la maison centrale. Comme une trainée de poudre, la nouvelle de l’arrestation de deux sorcières fait le tour de la ville. Des arrestations que l’opinion présente comme étant un trophée de guerre des charlatans qui sont rentrés triomphalement à la maison pour continuer leurs activités.

Quelques jours après, l’affaire est renvoyée devant le Tribunal de Première Instance de Labé qui inscrit le dossier au rôle de l’audience correctionnelle du mardi 7 avril dernier. Les deux dames qui avaient avoué être sorcières lors de l’enquête de police se rétractent devant le juge audiencier Boubacar BAH. A l’issu du débat contradictoire qui a continué dans la matinée de ce mercredi 8 avril, le tribunal a infligé une amende de 200 mille francs guinéens à chacun des deux marabouts. Il semble que le juge audiencier a ordonné aussi la libération pure et simple des deux dames.

Une décision de justice qui laisse perplexe de nombreux curieux qui avaient envahi la salle d’audience du Tribunal de Première Instance de Labé dans l’espoir d’être édifier sur une affaire de sorcellerie au lieu du cas de diffamation traité. Surtout que pour l’opinion locale et pour la presse, la détention préventive confirmait que les dames ont été internées à la maison centrale pour une affaire de sorcellerie.

Il convient de signaler qu’aucune juridiction guinéenne ne peut recevoir une plainte pour sorcellerie parce que la loi ne le prévoit pas.

Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

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