Lettre au président Alpha Condé : Comment a été construit le centre islamique de Fatako ou la mosquée nuisible

Le mercredi dernier, 18 mai 2016, le chef de l’Etat, le professeur Alpha Condé, avait reçu une délégation des sages de Fatako aux environs de 18 heures, a appris Guineematin.com d’un des membres de la mission qui était venue solliciter le soutien de l’Etat pour la reconstruction de la vieille mosquée.

A l’issue de l’audience, le président Alpha Condé aurait promis d’assister personnellement à la pose de la première pierre ou d’envoyer une importante délégation. Ainsi, rendez-vous a été pris pour le lundi prochain, 30 mai 2016. Déjà, on apprend que le chef de l’Etat a offert 30 tonnes de ciment pour les travaux.

En attendant de revenir en détail sur la construction de cette mosquée, Guineematin.com vous propose, ci-dessous, la lettre de Elhadj Mamadou Samba au président de la République :

Fatako et Fogo habitaient le même village. Comme tout village musulman ils avaient la même mosquée. Des conflits entre éleveurs et agriculteurs conduisent à la dislocation du village, à la séparation des frères et au partage du matériel de la mosquée. Chacun s’installa ailleurs et construit sa mosquée il y a de cela quatre siècles ou même plus.

Celle de Fatako est parmi les rares mosquées où l’Almamy du Fouta Théocratique, l’Almamy de Timbo a fait une retraite de plus d’un mois et a béni le village et ses habitants pour l’accueil.

Pendant ces quatre cents ans, tous les habitants étant totalement abandonnés à la volonté divine c’est à dire à l’Islam, ont vécu dans l’entente, la solidarité, le respect de la tradition et de l’Islam authentique.

C’est en 1992 que tout a commencé ; comme d’ordinaire, tous nos ressortissants viennent pour la fête de Tabaski. Après fête des moutons, résidents et ressortissants se réunissent et parlent des projets de développement du village à court et à long terme. Cette année là, on parle de la mosquée et tout le monde était d’accord qu’il faut l’agrandir, la moderniser et la rendre accessible par tous les moyens de déplacements en toute saison. Ce qui fût entamé sans retard. Quatre grandes routes ont été ouvertes, des agrégats déposés (20 chargements de sables, 18 de graviers, 10 de granites et 40 tonnes de ciments) telle est la contribution pour un départ d’un fils du village (El Hadj Oumar Baldé). Un autre promet Vingt Cinq Millions de nos francs (El Hadj Ousmane Baldé). De l’argent est donc collecté à chacun selon ses moyens, le préfet de Tougué d’alors (Mr. Alioun Condé) contribue pour Cent Mille francs, le Sous-Préfet (Mr. Alpha Mamadou Baldé dit Roi) pour cinquante mille. Le montant total des contributions tourne au tour de Soixante Cinq Millions de Francs Guinéens dont la population ignore la destination.

L’année suivante, à la grande surprise de tout le monde, l’homme le plus écouté à l’époque refuse de parler de l’affaire ; et dit qu’il est venu pour prier et non pour affaire de mosquée, bloquant ainsi l’évolution des travaux pendant dix ans.

C’est en l’an 2000, comme on a fait pour l’école qui a été déplacée contre le gré de la population ; déplacé le marché central sans prétexte et sous le regard impuissant de la population, puis clôture de l’ancienne place et s’approprie. Personne n’a le droit à la parole parce que soutenu par certain ministre de l’ancien régime.

C’est le tour de la mosquée, on avance les mêmes intensions ; mais là, la riposte ne c’est pas faite attendre, elle est totale et ferme, on la rénove ou on la laisse telle. Ensuite, c’est la vague de répression qui commence (licenciement, divorce, emprisonnement et même des menaces de mort).

Entre-temps, nous avons pu faire des briques des ourdis, et nous avons apporté quelques fers à béton. La menace de transformer la place de l’ancienne mosquée en champ de taro est fréquente ; la riposte ne faiblissant pas, c’est la gendarmerie et l’armée qu’on déploie pour intimider les villageois.

En 2001, il fait part au Président de la République, feu le Général Lansana Conté, de son intention de construire une mosquée à Fatako et l’invite par la même occasion pour la pose de la première pierre. Ce dernier le déconseille parce qu’il sait, dit-il, qu’il y a une vieille mosquée à Fatako, si c’est autre chose, il fera le déplacement pour changer de l’air. C’est ainsi, en connivence avec la ligue islamique nationale, on vient dire au président désormais que c’est un centre islamique qu’on veut faire. Ainsi, le président est allé faire la pose de la première pierre du centre islamique de Fatako.

Depuis, les fils de Fatako l’on laissé évoluer sans le soutien d’aucun résident, si ce n’est un ouvrier qui cherche le prix de son pain.

En Avril 2016, il fait part de son intention d’inaugurer son centre islamique ; les fils de Fatako résidents ont été agréablement surpris de constater l’absence de tout responsable administratif et des forces de l’ordre, ce qui aurait mis le feu aux poudres, parce qu’on aurait essayé d’empêcher la prière dans l’ancienne mosquée.

Nous disons merci à ce coût de Maitre et à son initiateur qui a sauvé Fatako le 29 Avril 2016.

Fatako, le 30 avril 2016

Personne de contact : El Hadj Mamadou Samba Baldé

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