Liberté de la presse en Guinée, plainte contre les gendarmes, perspectives…Tham Camara se confie à Guineematin

La journée mondiale de la liberté de la presse sera célébrée demain jeudi 03 mai 2018. En prélude à cette fête, un reporter de Guineematin.com a rencontré Amadou Tham Camara, journaliste et président de l’AGUIPEL (Association Guinéenne de la Presse en Ligne).

Avec monsieur Tham Camara, il a été question entre-autres d son regard sur la liberté de la presse en Guinée mais aussi de ce que l’AGUIPEL fait pour assurer la protection des journalistes.

Guineematin.com : quel est votre regard sur la situation de la liberté de la presse en Guinée ?

Amadou Tham Camara : si l’on tient compte du dernier classement de Reporters Sans Frontières (RSF), il faut se dire que le pays a reculé. C’est évident, parce que cette année, il y a eu beaucoup de faits qui corroborent ce recul-là. Alors, il y a eu d’abord le fait que des journalistes ont été interpellés, des journalistes de radios ont été indûment enfermés. Tout ceci n’est pas de nature à donner une bonne image de la liberté de la presse, surtout que par moment, le président de la République lui-même s’est mué en censeur, en demandant à la presse de ne pas donner la parole à tel ou tel acteur. Tout ceci a concouru à dégrader un peu la liberté de la presse. Somme toute, la liberté de la presse reste un baromètre de la démocratie et si cette liberté est écornée, la démocratie s’en ressent tout simplement.

Guineematin.com : les journalistes font l’objet de plusieurs brimades sur le terrain de reportage. Vous, en tant que président d’association de presse, qu’est-ce que vous faites pour assurer la protection des journalistes ?

Amadou Tham Camara : chaque fois que nous sommes saisis, évidemment nous dénonçons par les moyens qui sont les notre. Et, s’il s’agit des communiqués nous ne manquons pas. Si le problème se judiciarise, nous nous constituons partie civile, parfois nous portons plainte. Chaque fois que des incidents malheureux arrivent, nous prenons notre responsabilité en dénonçant par des communiqués de presse, dans le cas échéant, nous nous transportons en justice, ce sont là les actions que nous prenons.

Guineematin.com : récemment il y a des journalistes qui avaient été violentés à l’escadron mobile numéro 3 de Matam, leur matériel de travail détruit. Une plainte régulière a été déposée auprès du Parquet Général de la Cour d’Appel de Conakry. Où en est-on aujourd’hui sur cette affaire ?

 Amadou Tham Camara : vous savez, la justice ne va pas à la vitesse voulue. Elle a sa vitesse que nous déplorons, mais sur lesquelles nous n’avons pas beaucoup de levier. Mais, c’est un chantier sur lequel nous travaillons, nous sommes en intelligence avec les avocats qui suivent le dossier. Aux dernières nouvelles, le parquet a écrit à notre avocat pour des compléments d’informations que nous devons fournir. Nous devons lui répondre, pour lui donner ces informations complémentaires. Donc, le dossier n’est pas bouclé et ça n’avance pas au rythme souhaité. Mais, que voulez-vous ? C’est le rythme de la justice guinéenne, nous n’avons pas beaucoup d’emprise sur cette justice-là. Ce que nous pouvons faire, c’est de mettre des bouchées doubles afin que les actions aboutissent.

Guineematin.com : qu’est-ce qui est prévu demain pour la célébration de cette fête ?

Amadou Tham Camara : la presse est conviée demain à La Maison de la Presse à partir de 10 heures, où nous allons nous retrouver autour des thèmes que nous allons développer. Des thèmes d’actualité qui seront débattus par d’éminents professionnels des médias et donc nous allons essayer de marquer ce coup, faire l’état des lieux, faire notre introspection. Nous avons invité la plus haute autorité du pays, le président de la République, mais également certains partis principaux notamment le RPG, l’UFDG et l’UFR à cette cérémonie. C’est pour qu’ensemble nous célébrions la liberté de la presse qui même diminue. Si  la liberté de la presse recule, c’est un recul pour la démocratie. Donc, il faut que les problèmes de la presse soient ressassés demain devant les autorités pour que chacun sache quels sont nos problèmes, quels sont nos difficultés afin qu’ensemble on puisse trouver les meilleures solutions possibles.

Entretien réalisé par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tel. (00224) 621 09 08 18

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