Macka Baldé (NFD) : « Mouctar Diallo peut remporter la commune de Ratoma. C’est le terrain qui commande et non le bruit »

En séjour en Guinée, notre ami, Macka Baldé, vice-président des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD) et fondateur du site « Libre Opinion » a rendu une visite amicale à Guineematin.com, le jeudi passé, 26 octobre 2017. Nous en avons profité pour lui poser des questions sur notre pays, le regard qu’il porte à la gouvernance du président Alpha Condé, les élections locales, son parti, les NFD et sur bien d’autres sujets. Ce qui a finalement donné une longue interview… 

Décryptage !

Guineematin.com : Bonjour Macka Baldé, quelle lecture faites-vous de l’actualité sociopolitique de notre pays ?

Macka Baldé : merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer chez vous, à Guineematin.com, un site de référence, un site que je lis quotidiennement. Avant tout, depuis mon arrivée ici, je constate que le pays est un peu malade, il ne bouge pas, surtout au niveau de la circulation et au niveau de la pollution. Quand vous sortez aujourd’hui à Conakry, vous trouvez qu’il y a beaucoup de personnes qui brûlent des poubelles dehors, c’est quelque chose qui est inadmissible. Et, vous voyez aussi des véhicules qui circulent, qui polluent l’atmosphère, et s’ajoute à cela la poussière, c’est vraiment dommage. Et, je crois que l’Etat ne fait rien pour la population ou je dirai que c’est peu, contrairement aux pays de la sous-région qui font mieux que la Guinée. Donc, je pense que par rapport au développement de la Guinée d’abord, nous avons besoin de leadership qui pourra faire que ce pays-là puisse sortir de l’ornière, parce que depuis quelques années, la Guinée a toujours été comme ça. Tous les chefs qui arrivent, ils tiennent des promesses, mais à la fin de leur mandat, où à l’approche de la fin de leur mandat, ils disent que d’ici 30 ans ou d’ici 40 ans, nous allons faire en sorte que Conakry soit comme New York. Je demande aux guinéens de faire beaucoup attention et exiger des réponses adéquates par rapport au développement, que ça soit sur le plan sanitaire, sécuritaire, surtout sur le plan de la route. Aujourd’hui, la sécurité a besoin d’être reformée. Vous voyez comment on assassine les gens ? Il y a de l’insécurité dans le pays, presque tout est à revoir.

Guineematin.com : vous êtes vice-président des NFD, qui est un parti de l’opposition. Vous venez d’arriver en Guinée, qu’est-ce qui a changé au niveau de la gouvernance ?

Macka Baldé : moi, je pense que par rapport à la visibilité de la Guinée à l’extérieur, la visite du président Alpha Condé en France a été bien. On m’a même invité, ça m’a plu de venir partager quelques moment avec nos compatriotes. Sur le plan de la visibilité de la Guinée à l’étranger, ça a apporté beaucoup de choses. Dans la gestion de l’administration, je ne sais pas, mais il n’a pas apporté beaucoup de choses, parce qu’il avait promis la césarienne, je crois que ce n’est pas effective, il avait promis de restaurer l’autorité de l’Etat, aujourd’hui il y a des manifestations un peu partout en Guinée, que ça soit dans son fief à Béyla, Kérouané etc. A Conakry, l’opposition manifeste souvent, c’est comme si l’Etat était absent, il n y a pas de leadership de l’Etat qui contrôle les choses. Je pense que sur le plan de la gouvernance, ça n’a pas changé. Aujourd’hui, le professeur Alpha Condé s’est fait entourer de personnes qui ont gouverné depuis 1984, qui ont gouverné avec Lansana Conté, qui ont gouverné avec le capitaine Dadis, qui ont gouverné avec Sékouba Konaté. Quand vous regardez dans son gouvernement, vous ne trouverez pas plus de 10 personnes qui sont vraiment du RPG, qui ont lutté avec lui. Donc, ça c’est un échec aussi, parce qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Quand on vient pour commander le pays, pour changer les choses, il faut venir avec une équipe. Quand on veut se présenter à une élection présidentielle, on a un projet de société et ce projet de société a des principes, vous avez des cadres, une fois au pouvoir, c’est avec ces cadres là qu’il faut travailler, constituer une équipe. Mais, on ne vient pas s’asseoir pour dire comment je vais faire pour envoyer de l’eau, de l’électricité, alors que vous êtes venus sur la base d’un projet de société. Donc je n’ai pas compris cet acte, parce que jusqu’à présent le projet du RPG n’est pas appliqué. Donc, de ce point de vue, je pense que c’est un échec.

Guineematin.com : vous êtes de l’opposition, comment vous trouvez la lutte des opposants face à Alpha Condé, vous pensez que c’est efficace ?

Macka Baldé : je suis de l’opposition, mais je trouve que la lutte qu’elle mène ici n’est pas trop efficace puisse que ça n’a rien apporté, il n y a que des morts, on a 80 morts sous le magistère de monsieur Alpha Condé et jusqu’à présent, il n y a pas d’enquêtes sérieuses. Donc, on ne peut pas continuer à endeuiller les familles et continuer avec les mêmes stratégies.

Guineematin.com : qu’est-ce que vous allez faire alors ?

Macka Baldé : ce qu’il faut faire, il faut trouver d’autres moyens pour lutter contre ce régime. Il faut exiger à ce régime de respecter son serment. Il y a une Constitution qui est là, qu’on ne doit pas toucher, il faut exiger que le pouvoir respecte ses engagements. Je ne suis pas contre les manifestations, mais continuer à manifester, ça va fatiguer tout le monde. Il y a le citoyen lambda qui est là, qui ne peut pas ouvrir sa boutique, les femmes qui ne peuvent pas acheter les condiments pour préparer. Quand il y a des manifestations, la ville est paralysée et les investisseurs ne peuvent pas venir. Quand il y a l’instabilité, ça joue sur tout le monde, que ça soit l’opposition ou le pouvoir.

Guineematin.com : alors par quelle forme, par quel moyen vous allez lutter contre le pouvoir ?

Macka Baldé : la forme la plus efficace d’abord, c’est de dénoncer et d’alerter l’opinion nationale et internationale sur le danger qui guette le pays quand ça continue comme ça. Si ça ne résout pas le problème, en ce moment l’opposition va se réunir, puisque ma voix seule ne suffit pas, mais on va être plus exigeant.

Guineematin.com : comment votre parti est géré, vous demandez des comptes au président Mouctar Diallo ?

Macka Baldé : nous demandons des comptes au Président Mouctar. Le parti est très bien structuré, il y a un Président, il y a des vice-présidents, il y a des secrétaires nationaux, etc.

Guineematin.com : quelle est l’orientation d’aujourd’hui, vous allez manifester ou vous êtes contre les manifestations ?

Macka Baldé : moi personnellement, je suis contre les manifestations. Les NFD, pour l’instant, on ne s’est pas réuni pour une décision commune, mais moi Macka Baldé, vice-président des NFD, je suis contre les manifestations. Si les manifestations visent un objectif bien déterminé, je suis pour, mais si c’est pour sortir pour juste dire il faut changer les têtes de la CENI, alors que ce sont ces mêmes personnes qui ont mis ceux qui sont à la CENI, je ne suis pas d’accord pour qu’on sorte les gens pour juste dire qu’on change les gens à la CENI. Je peux participer à une manifestation quand on va demander à ce que les prix des denrées alimentaires soient revus à la baisse, je vais sortir pour manifester quand on va demander au gouvernement de règlementer le système du logement en Guinée, je vais sortir pour manifester quand on va dire aujourd’hui que le président Alpha Condé veut un troisième mandat. C’est précis. Mais, le monsieur est en train de faire son mandat, laissez le faire son mandat, demandez-lui des comptes. Mais actuellement, la Constitution l’autorise d’exercer sa fonction de président de la République jusqu’en 2020. Au de-là de 2020, s’il n’organise pas des élections, c’est nous même qui allons-nous lever, en ce moment, nous allons nous lever pour exiger son départ. Le peuple souffre énormément actuellement, alors qu’il y a des personnes qui touchent des millions et des milliards par mois.

Guineematin.com : des personnes qui touchent des millions et des milliards, des députés par exemple ?

Macka Baldé : les députés touchent entre 2 000 et 2500 euros et il y a des députés qui avaient demandé des passeports diplomatiques pour leurs enfants, pour leurs femmes etc.

Guineematin.com : vous voulez parler de votre président Mouctar Diallo qui est député ?

Macka Baldé : je critique les députés qui bloquent les lois, Mouctar Diallo a fait deux propositions de loi pour les guinéens de l’étranger, pour le problème de loyer, ça a été boycotté.

Guineematin.com : qui a boycotté ?

Macka Baldé : c’est les deux majorités, le camp de l’UFDG et le camp du RPG. C’est eux qui sont majoritaires au niveau du parlement. Si eux ils n’adhèrent pas au projet, ça ne marche pas. Même si l’UFDG adhère, si le RPG n’adhère pas, ça ne peut pas marcher. Mais, je pense qu’au niveau de cette assemblée nationale, il y a beaucoup de choses à revoir, parce que depuis sa mise en place, elle n’a fait aucune proposition de loi, si ce n’est que pour voter pour qu’on débloque des montants, c’est juste une affaire de sous, il n y a jamais eu une vraie proposition de loi qui permettrait à la population guinéenne de voir le bout du tunnel. On n’a même pas une route nationale. Puis que le mandat des députés arrive à terme en 2018, si des élections ne sont pas organisées, moi-même je vais me lever, faire des pétitions à travers internet. Nous ne voulons plus de consensus, le consensus ne va pas arranger le pays, il faut mettre des gens qui peuvent, des personnes en qui la population a confiance. Il faut que les guinéens comprennent que partout au monde, c’est les populations à la base qui choisissent leurs élus locaux. C’est seulement en Guinée qu’on désigne les gens.

Guineematin.com : mais c’est comme ça que Macka Baldé a été choisi pour être vice-président des NFD non ?

Macka Baldé : je dois être clair avec vous, j’ai adhéré au NFD. Il y a une convention nationale qui m’a élu pour un premier temps, comme vice-président, et ça a été approuvé par le congrès ici. Et, il y a eu une retraite à Bruxelles, j’étais le président de la commission d’organisation.

Guineematin.com : est-ce que vous serez candidat aux prochaines élections locales et probablement à l’Assemblée Nationale ?

Macka Baldé : à l’Assemblée Nationale, il se peut que je sois sur la liste. Mais, je suis en train de voir sur le terrain. Mais, la vraie question qu’il faut se poser est de savoir s’il y aura des élections locales. On va exiger, mais là il y a des bruits au niveau de la CENI. Mais, je sais qu’il y a des ficelles qui sont tirées au niveau de la CENI, pour dire qu’elle est ceci ou cela.

Guineematin.com : qui tire ces ficelles à votre avis ?

Macka Baldé : il y a certains de l’opposition qui ne voudront pas qu’on aille aux élections, parce qu’ils ne sont pas prêts, je ne vais pas citer de noms.

Guineematin.com : vous ne citez pas de noms, parce que vous n’en n’avez pas ?

Guineematin.com : si, j’en ai, mais je ne veux pas citer ici. Nous, on avait une dynamique pour la commune de Ratoma, parce qu’on avait notre candidat et même à l’intérieur du pays et à Dixinn par rapport à ces élections communales. On n’a pas renoncé, on est toujours candidats à Ratoma et notre candidat pour la commune de Ratoma, c’est Mouctar Diallo. Maintenant, dans les autres communes, on verra en fonction de la capacité des membres des NFD.

Guineematin.com : vous-même vous serez candidat quelque part ?

Macka Baldé : non, les communales ça ne m’intéresse pas, parce que je n’habite pas ici, j’habite en France. J’ai ma maison dans la commune de Ratoma, mais là, notre candidat, c’est Elhadj Mouctar Diallo qui est le candidat des NFD. Donc, je veux juste vous rappeler que nous au NFD, il y a une transparence, toutes les décisions que le parti prend, c’est des décisions concertées. Je vous rappelle qu’en France aussi, je suis membre d’un parti où je suis chargé des relations entre l’Afrique et l’Europe au niveau de ce parti. Ce parti était candidat à l’élection présidentielle de 2017, mais malheureusement, on n’a pas eu les 500 parrainages.

Guineematin.com : un petit parti comme les NFD en Guinée, ça veut dire que vous militez dans les petits partis ?

Macka Baldé : moi, ma conviction c’est quoi ? J’ai milité dans les grands partis, mais je suis ma conviction. Moi, dès que je suis quelqu’un pour la ligne politique, dès que le parti abandonne cette ligne politique, moi je me débarrasse de cette personne.

Guineematin.com : vous avez milité pour quel autre parti avant, le RPG ?

Macka Baldé : je n’ai jamais milité pour le RPG, j’ai milité à l’UFDG. J’ai quitté parce que l’orientation politique ne me convenait plus. Je préfère qu’on parle des NFD, parce que l’UFDG, c’est du passé. Sinon, l’UFDG est un parti où je me suis donné corps et âme, même en 2010, j’étais sur le terrain. Mais, j’ai compris que mon objectif n’était pas le même avec l’UFDG.

Guineematin.com : c’est quoi cet objectif ?

Macka Baldé : notre but, c’est diriger ce pays, faire en sorte que les populations soient en l’aise. Les NFD ont aujourd’hui cette capacité, on a ces moyens. On se prépare pour 2020.

Guineematin.com : en 2020 c’est vous ou Mouctar Diallo ?

Macka Baldé : en 2020, je ne sais pas qui va se présenter au compte des NFD, je ne sais pas si c’est Mouctar ou si c’est une autre personne. Il y aura un congrès pour désigner le candidat des NFD en 2020. Donc pour l’instant, on ne peut pas se déterminer pour dire si c’est Mouctar, si c’est moi ou si c’est une autre personne.

Guineematin.com : vos adversaires disent que vous êtes incapables de gagner une commune, comment vous vous pouvez prétendre gagner les élections présidentielles ?

Macka Baldé : On n’a pas été aux élections d’abord monsieur Baldé. Qu’est-ce qui a effrayé certains acteurs politique pour tirer les ficelles ? Parce que le RPG sait aujourd’hui qu’ils sont morts et d’autres partis politiques aussi. C’est comme à Ratoma, quand la dynamique s’était enclenchée, si on partait aux élections on allait gagner, ça il n’y avait même pas match sur ça. On peut remporter Ratoma, en politique, c’est le terrain qui va commander, ce n’est pas du bruit.

Guineematin.com : et le terrain c’est quoi ?

Macka Baldé : le terrain, c’est les militants, c’est la campagne, c’est le projet de société, etc. Etre maire, c’est être à proximité, c’est-à-dire, c’est le quotidien des populations, c’est le manque de terrain de jeux, c’est le manque d’infrastructures, par exemple les routes.

Guineematin.com : pourquoi vous tenez tant à Ratoma ?

Macka Baldé : on tient tant à Ratoma parce que si on a cette commune, on aura la présidence en 2020. Celui qui a Ratoma, si c’est avec les NFD, nous serons à Sékhoutoureya. Je dis bien, si c’est nous qui commandons Ratoma, en 2020, soyez sûrs qu’on arrivera.

Guineematin.com : en attendant, quel conseil vous donnez à celui qui est à Sékouthoureya, le professeur Alpha Condé, vous avez dit en coulisse que vous l’avez rencontré ?

Macka Baldé : bon, quand il était allé en France, sous la présidence de François Hollande, j’ai été invité. On s’est vu, avec Ségolène Royale… On n’a pas échangé ; mais, j’étais avec lui. J’ai échangé quand-même avec beaucoup de ministres qui étaient avec lui, les Kassory, les Bah Ousmane, le Ministre de la Justice, Makalé, Maladho. Mais ça, c’était une question de l’image de la Guinée qui était en jeu, parce que les Champs Elysées, les guinéens n’avaient jamais vus le tricolore guinéen sur les Champs Elysées.

Guineematin.com : donc, pour une fois, vous avez applaudit Alpha Condé ?

Macka Baldé : je n’ai pas applaudit Alpha Condé, je n’aime pas du tout sa politique. Mais, quand il s’agit de la Guinée, surtout à l’extérieur, je suis prêt. On m’avait invité à plusieurs rencontres, je me suis libéré pour une journée, je suis venu assister, puisque je suis un enfant de la Guinée, je lutte pour que les enfants de la Guinée puissent sortir de la misère qu’ils connaissent aujourd’hui.

Guineematin.com : alors quel conseil, qu’est-ce que vous lui dites ?

Macka Baldé : le conseil que j’ai, c’est la manière dont il gouverne le pays, franchement c’est déplorable. Le professeur Alpha Condé a fait presque toute sa vie en France, il connait comment le guinéen souffre. Aujourd’hui, quand vous prenez la corniche, quand je partais à Mariador tout récemment pour un atelier, j’ai vu comment les gens ont construit de manière anarchique sur les bordures de mer. A Paris, il y a des périphéries intérieures et extérieures. Si vous voulez vraiment développer le pays, surtout qu’il est vers la fin de son mandat, il pouvait mettre des initiatives en place au niveau de l’habitat, qui peut dédommager les gens sans aucune appartenance ethnique. On crée une bretelle jusqu’à Kagbelen, on fait en sorte que chaque bretelle ait une sortie. Comme ça, les embouteillages vont disparaître complètement pour rendre Conakry vraiment beau. Quand les bailleurs de fonds arrivent à Conakry, qu’est-ce qu’ils constatent d’abord, c’est comment le guinéen se comporte au niveau de la conduite. Les guinéens conduisent, je ne sais même pas comment, personne ne respecte sa droite, les panneaux de signalisation ne sont pas respectés.

Guineematin.com : est-ce que c’est vraiment Alpha Condé à ce niveau-là ?

Macka Baldé : c’est Alpha Condé, parce que c’est lui qui est à la tête de ce pays, c’est lui qui oriente les politiques de ce pays. S’il dit aujourd’hui que celui emprunte le sens interdit paie une amende d’un million de francs guinéens, il applique ça sur les citoyens, je vous assure qu’il n’y aura pas de sens interdit.

Guineematin.com : est-ce que les injures dans la circulation, c’est Alpha Condé aussi ?

Macka Baldé : les injures, c’est un problème d’éducation, ce n’est pas Alpha Condé qui gère les injures. Mais, quand on insulte quelqu’un sur la route, peut-être que vous pouvez porter plainte. A ce niveau aussi, il faut que la justice fonctionne, parce que quand moi je porte plainte et que je n’ai pas assez de sous, celui que j’accuse a plus de moyens que moi, il appelle un ministre, il appelle un colonel, on étouffe le dossier. Ça doit cesser. Quand vous venez devant la justice, que ça soit un ancien ministre ou un ancien président, devant la justice, vous êtes tous égaux. On ne regarde plus votre passé, mais on regarde les actes que vous avez posés. Si c’est condamnable par la loi, on condamne, si ce n’est pas condamnable on vous acquitte. Mais, on ne doit pas regarder l’argent. De ce point de vue, Alpha Condé doit faire face à la justice, parce que j’ai l’impression que la justice a échoué. Le Ministre Sacko aussi qui était un avocat au niveau de Montpellier, j’ai eu un entretien avec lui à Paris, je pense que ça ne fonctionne pas. Mais, quand un Ministre est en manque de résultats, la meilleure manière pour lui, pour ne pas être comptable de tout ce qui se passe, il faut démissionner. Puisque moi, quand on me confie une mission que je ne peux pas réaliser, je démissionne, parce que je n’ai plus intérêt à m’asseoir là-bas. Vous me confiez quelque chose, je trouve que je n’ai pas de possibilité à le réaliser, je démissionne. Mais en Guinée, les gens ils sont là, ils n’arrivent pas à réaliser, ils ne laissent pas d’autres patriotes faire le boulot. Et, on ne nomme pas les gens en fonction de leur CV, on ne nomme pas les gens en fonction de leur compétence. Je vois des gens qu’on nomme par ci, par-là, parce qu’ils sont militants d’un parti politique. Ce n’est pas normal, on ne doit pas nommer quelqu’un parce qu’il est militant d’un parti politique, on doit le nommer par rapport à sa compétence. C’est le CV qu’on regarde et votre vision. Quelques fois, le CV peut tromper parce qu’il y a des gens qui peuvent mettre un faux CV, dire que j’ai occupé tel poste à l’étranger, alors que c’est faux. Il faut donc nommer quelqu’un par rapport à ses orientations politiques, sa stratégie de redresser la tâche que vous lui avez confiée. Si ça convient à votre orientation politique, vous le maintenez, si ça ne convient pas, vous dites, bon vous êtes du RPG, je vous démets de votre fonction, vous restez travailler pour le parti, après je vais vous confier un autre poste de responsabilité moins important. Le professeur Alpha Condé s’est fait entourer par des personnes dont la majeure partie vont le tromper parce qu’ils vont dire monsieur président présentez-vous pour un troisième mandat, vous êtes le meilleur, vous êtes le président de l’Union africaine, vous pouvez faire un troisième mandat. Mais, le signal que je vais envoyer aux guinéens, la dernière fois, il y a le Président togolais qui est venu ici en catimini. Le président togolais est venu ici, la presse n’était pas informée. Selon vous, pourquoi la presse n’était pas informée alors que c’est un chef d’Etat qui rend visite au président de l’Union Africaine? Puisque le président togolais a un problème chez lui, par rapport à la modification de la Constitution, et Alpha Condé en tant que président de l’Union Africaine, il est obligé de réagir. Mais, s’il réagit en cachète, ça veut dire que peut-être je ne sais pas, il a l’ambition de le faire chez lui. Mais, s’il sort devant les écrans, il conseille l’autre en exigeant qu’il respecte la Constitution, un an après il dit que je veux changer ma Constitution, ce n’est pas faisable puisqu’il a exigé le respect de la Constitution.

Guineematin.com : le président togolais aussi ne s’est pas prononcé aussi officiellement, on ne sait pas si monsieur Alpha Condé ne l’a pas dissuadé…

Macka Baldé : je ne sais pas, ce que je sais, c’est que depuis qu’il est là, il entretient le flou. Mais, il ne peut pas modifier la Constitution, car la constitution le lui interdit, la Constitution est à ce niveau verrouillée.

Guineematin.com : et s’il tentait de modifier la Constitution ?

Macka Baldé : à ce niveau il ne peut même pas ! D’abord, les gens souffrent, que ça soit en Haute Guinée, les gens du Fouta, les gens de Conakry. Tout le monde est unanime qu’il y a la pauvreté, les jeunes ne sont pas employés. Quand vous prenez le secteur de l’éducation, qui est un secteur clé du développement du pays, puisse que c’est au niveau du primaire qu’on forme les futurs cadres, ce n’est pas à l’Université, mais si la base est pourrie, si le sous-bassement est pourrie, même si vous faites 10 étages, ça va s’écrouler.

Guineematin.com : vous dites que les guinéens souffrent, et aujourd’hui, beaucoup de guinéens tentent l’immigration clandestine parfois au péril de leur vie pour rejoindre l’Europe. Vous qui vivez là-bas, quels conseils vous avez à leur donner ?

Macka Baldé : ce que je vais donner comme conseil à la jeunesse guinéenne, c’est de résister. Je conseille les jeunes à chercher le visa s’ils veulent se rendre en Europe. Je ne conseille à aucun compatriote de prendre le désert, ils doivent s’abstenir d’aller en Europe par la mer, c’est très dangereux parce que c’est au risque de leur vie. Vous pouvez rester en Guinée, aujourd’hui vous souffrez, mais à moment ça change, vous devenez riche en étant dans votre pays. Si vous voulez vraiment partir, vous vous battez pour aller de façon légale. Aujourd’hui, l’Europe ce n’est pas ce que les gens pensent. Vous pouvez travailler en Europe mais la vie là-bas est dure, parce que vous n’avez pas assez de temps, même avec vos enfants. Là-bas, il y a une exigence dans le travail, si on vous dit 8 heures, 8 heures doit vous trouver là-bas. Il y a du travail, mais il y a beaucoup de charges à payer. Donc, si vous êtes en Guinée et que vous gagnez bien votre vie, c’est mieux de vivre ici. L’atout de l’Europe c’est quoi ? Il y a la transparence, il n y a pas de corruption, il y a les routes, il y a de l’électricité, il y a l’internet, il y a la santé. Quand vous êtes malade, si vous ne pouvez pas vous déplacer, vous n’avez qu’à taper le 18 et tout de suite vous avez une ambulance médicalisée qui vient en moins de 5 minutes chez vous.

Guineematin.com : monsieur Baldé concrètement dans le domaine de la santé, qu’est-ce que les NFD proposent aux guinéens ?

Macka Baldé : d’abord dans le domaine de la santé, si les NFD arrivent au pouvoir, nous allons exiger aux médecins de laisser cette histoire de mendiants dans les centres de santé. Quand vous arrivez, qu’on ne vous demande pas de l’argent avant de vous traiter, c’est comme ça que ça se passe partout dans le monde. On ne doit pas demander de l’argent à un patient qui souffre, qui est dans le désespoir.

Guineematin.com : je parle de projet, qu’est-ce que les NFD proposent aux guinéens ?

Macka Baldé : qu’est-ce que je propose, c’est d’abord de former très bien les médecins qui ne sont pas bien formés et d’appliquer le sermon qu’ils ont prêté. Et, qui parle de vie, parle de l’être humain. Donc, les médecins doivent d’abord voir la priorité des patients, l’argent vous laissez ça de côté. Et nous, on va très bien payer les médecins. Si le médecin par exemple touche aujourd’hui 5 millions, on va les payer à 10 millions de francs guinéens. Donc, on va augmenter les salaires à 100%.

Guineematin.com : d’où vous allez sortir cet argent ?

Macka Baldé : mais ce pays-là est très riche. Je vais vous donner un exemple, quand vous prenez la commune de Ratoma, s’il y avait vraiment les routes, la sécurité, il y a l’électricité, il y a l’eau, les citoyens que vous êtes, vous devez payer la facture, les taxes obligatoirement, ça c’est l’argent public. Si vous avez une voiture vous devez payer les vignettes, s’il y a une route à péage, vous devez payer pour pratiquer. Il y a plusieurs choses que vous pouvez faire pour avoir de l’argent, avec même les citoyens et vous développez le pays. C’est comme ça que ça se passe ailleurs, on n’invente pas les choses, c’est la population même qui participe au développement de sa localité. C’est le maire qui oriente le développement de son quartier, le ministre n’a rien à faire dans ça, sauf si c’est devenu grave, c’est-à-dire si le maire n’arrive plus à gérer quelque chose, en ce moment le ministre concerné intervient. Quel est le rôle de la commune ? C’est de renommer les centres de santé, c’est de former les médecins. Le maire va s’entourer de toutes les personnes utiles pour lui permettre de développer sa commune. On va créer ce qu’on appelle carte vitale pour tous les habitants de la commune de Ratoma. Une carte vitale, c’est une prise en charge médicale, si vous êtes malades, vous venez la présenter et on vous soigne. Cette carte vitale, on ne la donnera qu’aux populations de Ratoma. Si la personne travaille, on ne va pas la prendre à 100%, mais si la personne ne travaille pas, on va s’en occuper parce qu’on ne peut pas la laisser mourir. Donc, en ce moment on va faire en sorte que la personne là soit soignée par la commune. C’est ça aussi, l’Etat doit être là pour la population, on ne vient pas au pouvoir pour s’enrichir, on vient pour travailler pour les citoyens. En France, quand vous êtes maire, vous travaillez pour les autres, eux ils dorment tranquillement, s’ils ont besoin de ça, ils vous appellent, tout de suite moins de 10 minutes, ils sont là. Donc, si on a la commune de Ratoma, les guinéens connaîtront ce que c’est les NFD, et ça sera une chance pour nous de remporter le pouvoir en 2020.

Guineematin.com : un dernier mot ?

Macka Baldé : je vais juste dire aux guinéens que j’ai un grand projet qui n’est pas encore fini, peut-être dans un mois ça va finir. Et en France peut-être vous connaissez c’est quoi le bon coin ? Donc, j’ai créé un site international qu’on appelle boufad.com, il regroupe 15 pays : vous avez les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique. Du côté de l’Afrique, vous avez la Guinée, le Mali, le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Cameroun, le Gabon, le Burkina-Faso, le Togo, le Bénin, etc. Tous ces pays-là sont sur le site. Vous pouvez vendre ou acheter des terrains ou chercher de l’emploi sur le site. C’est un grand site pour lequel j’ai investis beaucoup de millions. Je suis vers la fin du projet, je vais présenter le projet bientôt aux guinéens. Je suis aussi le fondateur de libreopinion et la radio libre opinion. Je remercie aussi l’équipe de Guineematin qui a eu l’honneur de me recevoir ici. Je remercie vos journalistes que je lis souvent et qui sont très efficaces sur le terrain. J’espère qu’on aura le temps de discuter parce que je serais désormais très fréquent ici. Parce que si le projet que je viens de vous dire abouti, je serais ici à tout moment car on aura des bureaux un peu partout en Afrique et un peu partout dans le monde.

La Rédaction

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