Mamady Kaba révolté contre les viols en Guinée : « le corps de la femme est sacré »

Mamady Kaba, président de l’Institution National Indépendante des Droits Humains (INIDH)
Mamady Kaba, président de l’Institution National Indépendante des Droits Humains (INIDH)
Mamady Kaba, président de l’Institution National Indépendante des Droits Humains (INIDH)

La question du viol et autres violences faites aux femmes a été entre-autres sujets débattus, ce jeudi  5 mai 2016 au siège de Guineematin.com, à l’occasion d’une interview de Mamady Kaba, président de l’Institution National Indépendante des Droits Humains(INIDH) avec plusieurs autres journalistes venus des radios Lynx Fm, 7/7 Fm, City Fm, du site Mediaguinee.com et de l’hebdomadaire L’Indépendant.

Selon monsieur Kaba, tout ce qui touche au corps de la femme en Guinée, est tabou. « Vous remarquez même, quand une fille s’habille d’une certaine manière, le regard de la société est négatif. Le corps de la femme est sacré. Et la femme elle-même doit travailler à maintenir cette sacralité », a enseigné  monsieur Kaba.

Et de poursuivre : «Quand une femme est violée, ou une fille, elle n’en parle plus. Parce que c’est le silence qui la protège.  En venant au quartier, dans sa famille pour dire qu’il y a tel qui m’a violée, on ne la voit plus comme victime, mais comme une femme souillée. Et dans ce cas parmi toutes les familles qui ont su que vous avez été violée, aucun fils ne vous prendra en mariage. Et quand vous voulez la  fille en mariage, votre propre famille vous dira que c’est une pute. Donc le fait pour la femme d’exprimer sa souffrance de viol la culpabilise. Et ça la fragilise dans la société. Alors cela pousse les femmes à entretenir le silence » a-t-il regretté.

Monsieur Kaba dit que c’est quand  la tentative de viol a échoué,  que la femme peut s’exprimer en disant que tel à tenté de la violer.

Aujourd’hui, dit-il, le combat contre le viol est un « combat très compliqué ». C’est pourquoi il conseille l’ensemble de la société guinéenne à changer la façon de percevoir une femme violée, en la considérant uniquement comme une victime, mais pas comme une coupable.

Il a fait savoir que  tant que les femmes violées continueront d’apparaître aux yeux de la population comme des coupables, « nous n’aurons pas de solution contre le viol parce que  le violeur n’a aucun effort à fournir pour se protéger  et la femme elle-même fait tous les efforts  nécessaires pour le protéger à travers son silence ».

« Nous préconisons qu’il y ait une réflexion nationale sur le viol, pour que des voies et moyens soient définis, afin que les femmes violées ne gardent pas leur souffrance dans le cœur  jusqu’à  la mort. Qu’elles aient une opportunité de l’exprimer, tout en conservant  sa dignité, et que le coupable soit retrouvé, puni et jugé sans que la dignité de la femme ne soit remise en question. Dès que les femmes auront la preuve qu’elles peuvent extérioriser leurs souffrances, et être protégées contre ce regard négatif de la société, elles vont lutter contre leur violeur, car le viol fait partie des plus graves humiliations que les femmes subissent», mentionne   le président de l’INIDH

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

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