Maroc-Patrimoine : le Roi Mohammed VI redonne aux Médersas de Fès leur grandeur et leur splendeur millénaire

Revisiter l’histoire en replongeant dans le quotidien exaltant et frénétique de Fès ‘’la spirituelle’’, haut lieu de la connaissance, du savoir faire et des sciences de la religion au service du rayonnement de la civilisation islamique, c’est ce que nous avons vécu, ce mardi 23 mai 2017 en assistante a la cérémonie solennelle  de présentation  des monuments réhabilités et restaurés sur instructions du Roi Mohammed VI de l’ancienne Medina de Fès, Cité millénaire encore vivante, premier site marocain classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981.

En effet, c’est conscient du rôle et de la place de la vieille ville de Fès, capitale académique et spirituelle du Maroc et de l’importance de son patrimoine que sa Majesté, le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine (Commandeur des Croyants) avait lancé le 04 mars 2013, un ambitieux programme de restauration et de réhabilitation de 27 monuments historiques doté d’une enveloppe de plus de 4 millions d’euros.

Parmi ces monuments qui datent du 8eme, 9eme, 10eme, 11 eme et 12 eme siècle, figurent l’Université Al Quaraouiyine, l’un des premiers et plus grand établissement d’enseignement supérieur islamique dans le monde ainsi que cinq (5) Medersas (écoles coraniques) de grande facture. Il est utile de souligner que la médersa est, selon des spécialistes attitrés approchés à Fès « une école théologique musulmane où l’on enseigne, dans le monde sunnite, un ou plusieurs des quatre rites (hanafite, chaféite, malékite et hanbalite) correspondant à quatre écoles de droit, légèrement différentes sur certains aspects canonique et traditionnel. On y dispense également et surtout la philologie et la linguistique arabe ». De grands établissements d’enseignements et de diffusion du savoir qui ont fait la réputation du Maroc dans la civilisation contemporaine que le Roi visionnaire et bâtisseur cherche à préserver et a valoriser pour les générations actuelles et futures

Sur les instructions du souverain chérifien, des maitres artisans marocains (maâlmine) alliant dextérité, ingéniosité et savoir faire ancestral, ont restauré à l’identique, ces monuments en posant des zelliges, bois et autres plâtres … des monuments qui vont contribuer, selon Fouad Serghini, Directeur General de l’Agence pour le Développement et la Réhabilitation de la Medina de Fès « au renforcement des circuits touristiques au niveau de l’ancienne médina de Fès, à l’embellissement du cadre bâti, au développement socio-économique de cette Cité-Musée et à la préservation de son patrimoine matériel qui reflète la grandeur d’un passé architectural glorieux et l’authenticité d’un savoir-faire inégalé dans les domaines culturel, urbanistique et social ».

Ces grandes écoles ont été restaurées et rouvertes, à des fins d’hébergement et d’enseignement, au profit respectivement d’étudiants du cycle terminal et de ceux de la filière de la calligraphie de l’Université Al Qaraouiyine.

Ce nouveau cycle permet ainsi l’accès à l’Université Al Quaraouiyine, à la faveur d’un concours annuel, d’étudiants titulaires du baccalauréat se prévalant de la mémorisation intégrale du Saint Coran, qui se consacreront à l’acquisition du savoir selon un régime d’études densifié et rigoureux durant cinq ans.

Ces édifices réhabilités viennent conforter le statut religieux dont jouit la Cité de Fès en tant que capitale académique et spirituelle du Maroc et  le patrimoine matériel et immatériel du Royaume.

L’Université Al Quaraouyine un creuset pour la formation et diffusion des valeurs d’un Islam modéré et tolérant.

Située au cœur de la cité spirituelle et du savoir à Fès,  L’Université Al Quaraouyine fondée au 9ème siècle, sous la dynastie des Idrissides  demeure un haut lieu de mémoire et d’histoire et constitue un acteur majeur dans la diffusion des sciences de la religion, au service du rayonnement de la civilisation islamique.

Dans la vision du Roi, cet établissement scientifique participe aujourd’hui à la mise en œuvre de la politique africaine du Royaume à travers  la formation de plusieurs étudiants originaires de pays africains (notamment des Guinéens) dans les domaines des sciences de la charia, des études et de la pensée islamiques.

Il contribue ainsi à la formation d’ouléma, de chercheurs spécialisés, d’imams, de morchidines et de morchidates, mais aussi à l’élaboration de programmes spéciaux de formation, de qualification et de formation continue dans le domaine de l’encadrement religieux.

Le souverain chérifien ce grand homme d’Etat qui construit et consolide le pont  entre le Maroc et les pays de l’Afrique sub saharienne est connu et reconnu sur le continent qu’i sillonne ces dernières décennies pour son engagement et sa détermination à jeter les bases d’une réelle intégration africaine au nom d’un partenariat stratégique qu’il en cesse de promouvoir. Mais, l’autre chantier titanesque ouvert par le Roi en sa qualité de Commandeur des Croyants (Amir Al Mouminine), c’est la promotion et la consolidation des valeurs d’un islam tolérant.

C’est en cela que le Roi Mohammed VI  est persuadé qu’en ‘’redonnant aux medersas leurs lettres de noblesse d’antan, ces établissements veillerons de manière permanente à la diffusion des valeurs de l’Islam du juste milieu, de la modération, de la tolérance et de l’ouverture sur l’autre pour dresser un rempart contre les extrémismes religieux, le terrorisme et l’intolérance’’.

Le souverain chérifien en présidant aux cérémonies de réouverture de ces monuments était en compagnie  de Mme Irina Bokova Directrice Générale de l’UNESCO, d’Abdulaziz Othman Altwaijri, Directeur Général de l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) et d’une brochette d’invités et de personnalités. Voir photo en bas.

C’est dans une ambiance festive que le Roi Mohammed VI a visité la Medersa Mohammadia, édifiée par Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, les Medersas de Seffarine (dédiée à l’enseignement des sciences sociales et humaines) et de Mesbahiya, ainsi que la Medersa de Sahrij qui abrite le cycle de formation en calligraphie accueillant déjà 15 étudiants.

Le roi s’est par ailleurs rendu à l’observatoire Dar Al Mouaqqit « un des monuments historiques restaurés qui sert à la fois d’observatoire pour un savant astronome chargé de l’observation du croissant lunaire et du calendrier des horaires de prière, et de musée où sont exposés d’anciens instruments astronomiques marocains et arabes.

Fès, berceau de la Tidiania, trait d’union cultuel et culturel avec l’Afrique noire

A quelques encablures des medersas restaurés de Fès, se trouve un site qui ne désempli pas … c’est le mausolée (Zawiya) d’une blancheur immaculée abritant le tombeau de Cheikh Ahmed Tidjane Chérif. Un monument au contour rectangulaire  avec différents paliers … c’est ici, où repose depuis l’an 1815 (année du calendrier Grégorien), Cheikh Ahmed Tidjane Chérif, le Saint homme de Fès, l’enfant d’Aynouhmady et petit-fils du prophète Mohamed (PSL).

L’apôtre de la Tidjaania dont les adeptes se comptent par millions au Maroc et en Afrique sub saharienne, le Cheikh  enseignait la «tarixa» Tidjanya dans sa Zawia de Fès. Il y recevait des érudits de la trempe des  El hadji Omar Foutiyou Tall de Dinguiraye et autres El Hadj Malick Sy et El Hadj Ibrahima Niasse du Sénégal. En quête de connaissances religieuses et spirituelles supplémentaires, ces érudits et leurs talibés sont passés par la Zawiya de Fès. La Tidjaania partie de Fès a irradié les contrées lointaines de l’Afrique de l’ouest a travers la diffusion d’un islam tolerant avec des rites et valeurs qui enseignent l’humanisme, le partage et la solidarité en opposition au radicalisme, a la violence et aux extrémismes. Ces valeurs enseignées par le Saint homme depuis des millénaires à Fès, la cité spirituelle, le Maroc les partage avec le continent noir et le reste du monde.

Mausolée de Cheik Tidiane à Fès

Aujourd’hui encore, ce sont de milliers pour ne pas dire des millions  de pèlerins adeptes de la Tidjaania venus  d’Afrique de l’ouest  qui  visitent Fès et se recueillent  devant le Mausolée du Cheikh. Un lien cultuel et culturel solide et indéfectible qui témoigne de la profondeur des racines africaines du Maroc.

Rappelons que le Royaume du Maroc fut l’un des premiers pays à avoir ratifié la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de 1972. Fès, cette cité millénaire vivante  a été le premier site du Maroc à être classé depuis 1981 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle abrite dans ses labyrinthes que nous avons eus le plaisir et le loisir de visiter, plus de 30.000 artisans et des milliers de commerçants.

De Fès, Ibrahima Ahmed Barry pour Guineematin.com

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