Menace de fermer des radios privées : « Alpha Condé ne connaît pas les limites de ses prérogatives », Makanéra

La menace de fermer  toute radio qui diffuserait une communication du syndicaliste Aboubacar Soumah (qui a lancé la grève qui paralyse le système éducatif guinéen depuis deux semaines) suscite de vives réactions de protestation en Guinée et dans les milieux guinéens de l’étranger. En séjour à Paris (France), Alhousseiny Makanéra Kaké, ancien ministre de la communication du président Alpha Condé a joint Guineematin.com au téléphone pour dénoncer cette sortie dangereuse de son ancien patron.

Décryptage !

Je trouve cette déclaration du Président Alpha Condé très dangereuse pour la démocratie et la liberté dans notre pays.

D’abord, cela prouve que le Président ne connaît pas ses prérogatives. Il est le Président de la République ; mais, il n’a aucune compétence pour fermer une radio en Guinée. Son décret n’est pas supérieur à la loi sur la liberté de la presse et celle sur la Haute Autorité de Communication. La loi sur la HAC est claire : c’est seule la HAC qui est l’organe chargé de réguler les médias. Et, pour fermer une radio, la loi est claire sur les démarches à suivre. Donc, un Président de la République qui dit devant tout le monde que quand quelqu’un diffuse là communication d’un syndicaliste qu’il va fermer la radio, c’est dire qu’il ne connaît pas les limites de ses compétences. Ce n’est pas parce qu’il est de mauvaise fois ; mais, il ne connaît pas !

Quand vous commettez quelqu’un à faire un travail qu’il ne connaît pas, il va vous envoyer vers le chaos. C’est comme si vous remettez un véhicule à un aveugle et vous lui dites de conduire.

Ensuite, ce n’est pas parce que c’est le média qui est visé ; mais, quand on dit que c’est Alpha Condé qui sait ce qui va être diffusé ou pas dans les radios, ce qu’on n’a plus la liberté d’opinion dans le pays. S’il n’y a pas la liberté d’opinion, on ne parlera pas de démocratie. C’est pourquoi, je dis que tous les guinéens épris de paix et de liberté devraient se lever aujourd’hui pour s’opposer à cette décision du Président Condé avec vigueur.

On diffuse le communiqué de Dash, on parle des terroristes, d’Al-Qaïdà… Nous, en Guinée, on nous interdit de parler des syndicats ? Et, sachant que quand on regarde au fond de cette affaire, c’est lui-même Alpha Condé qui a tord ? Le principe général dans tous les pays du monde, quand vous êtes un travailleur, syndicaliste, on ne peut pas changer votre position administrative. On ne peut pas vous donner de promotion contre votre volonté. C’est impossible et c’est ce que les meneurs de la grève ont subi. Donc, quand on parle de grève sauvage, je ne sais pas à quel niveau ça se situe.

Propos recueillis et décryptés par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tel: 622 68 00 41

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