Mendicité galopante à Conakry : « c’est à l’Etat de trouver une politique durable »

Aboubacar Touré, administrateur culturel

Malgré l’interdiction de la mendicité en Guinée et les nombreux déguerpissements visant les mendiants, la pratique a refait surface. Ils se sont réinstallés et continuent de tendre la main. Devant cette situation, un reporter de Guineematin.com a interrogé certains citoyens ce samedi 23 septembre 2017. La démarche vise à savoir ce que préconisent nos compatriotes pour trouver une solution à ce phénomène.

S’exprimant sur la question, Aboubacar Touré, administrateur culturel, pense que faire déguerpir les mendiants en leur donnant de l’argent n’est pas la solution. « C’est aux autorités politiques de prendre leurs responsabilités. Je pense que ça ne suffit pas de les déguerpir en leur donnant de l’argent. L’argent là va finir. Mais, il faut leur donner un endroit où ils peuvent rester de façon durable. Leur cité de solidarité qu’on avait construite par exemple doit être refaite pour leur permettre de rester là. Créer des ateliers de formation pour leur permettre de gagner leur vie décemment », a-t-il proposé.

Monsieur Touré a fait remarquer que certains font la mendicité parce qu’ils sont handicapés, mais, dit-t-il, « ce handicap ne veut pas dire qu’ils ne vont pas apprendre d’autres métiers. Il y a beaucoup d’infirmes qui ont appris des métiers. Alors, c’est aux autorités de mettre en place cette politique. C’est à l’Etat de trouver une politique durable pour pouvoir sortir ces gens de la mendicité », a-t-il lancé.

Pour sa part, monsieur Diaré Bah Lamine, l’intendant du club de Football AS Batè Nafadji, a dit qu’avant de déguerpir les mendiants, il faut d’abord leur trouver un endroit où ils peuvent gagner leur vie. « Ce n’est pas facile, l’Etat interdit la mendicité, or il n’y a pas de boulot, il n’y a rien. Là où ils font la mendicité, c’est là-bas, ils gagnent leur vie. L’Etat doit essayer de créer des entreprises. Tous les guinéens peuvent travailler, mais, ici il n’y a pas d’emplois, il n’ y a pas d’entreprises et il n’y a pas d’embauche. Donc, pour moi, si l’Etat ne peut pas les recaser dans un endroit, il faut les laisser là où ils sont. C’est mieux », pense-t-il.

Soumah Soribah, étudiant en Biologie, dit avoir pensé que la campagne de déguerpissement que le gouvernement avait effectuée, en donnant de l’argent aux mendiants, était la bonne solution. « Mais, comme cela a pris de l’ampleur encore à Conakry, ça n’a pas été une solution. Pour moi, comme c’est interdit, le gouvernement doit prendre tous ces gens là, pour les ramener dans leurs villages respectifs. Ils vont travailler dans les champs et cesser d’emmerder les gens à Conakry dans la rue », a proposé monsieur Soumah.

Selon lui, ces mendiants constituent l’une des sources d’insalubrité à Conakry. « C’est des gens qui s’installent n’importe où et n’importe comment en produisant des ordures n’importe comment. Ils constituent une des sources d’insalubrité dans la cité. Alors, la solution c’est de les rapatrier dans leurs villages d’origines, voire même les suivre jusqu’à ce qu’ils obtiennent du travail au village », soutient le biologiste.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 654 416 922/664 413 227

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