Opération de déguerpissement : les forces de sécurités accusées de retirer de l’argent aux vendeuses

Le ministère de la sécurité a entamé une opération de déguerpissement sur les voies publiques de la capitale guinéenne. Les agents déployés continuent à faire leur travail. Les marchés se trouvant aux abords de la route Le Prince n’ont pas été épargnés par cette opération. Dans la matinée de ce mardi 17 septembre 2017, un reporter de Guineematin.com a fait un constat aux marchés de Koloma, Enco 5 et de Sonfonia. Les personnes interrogées ont diversement apprécié cette opération de déguerpissement.

Au marché de Koloma, aucun commerçant ou étalagiste n’est visible sur la chaussée. Les agents de la sécurité qui font l’opération ont délimité les lieux. La consigne est respectée par tous.

Depuis le début de cette libération des emprises, la circulation est fluide estime Mamadou Samba Sidibé conducteur de moto-taxi. « L’opération se passe très bien car actuellement les gens circulent avec deux files. Cela a diminué considérablement les embouteillages. Ceux qui étaient au bord de la route ont été sommés de quitter. Même nous les conducteurs de mototaxis, ils nous ont demandé de s’organiser afin de ne pas encombrer la route », a-t-il dit.

Au marché d’Enco 5, c’est un nouveau visage que l’on remarque. Aucune table n’est visible, tous les occupants des lieux ont été déguerpis. L’espace qui servait de marché ressemble aujourd’hui à un chantier. Les femmes vendeuses déguerpies étaient regroupées sous un manguier avec le visage froissé. C’est le silence radio qui règne, aucun déguerpi n’accepte de parler.

Au même moment, les agents de la sécurité sillonnent les lieux pour mettre le grappin sur tout réfractaire. Un homme en tenue s’en prend à un « réfractaire » ave un ton agressif. « J’ai dit de quitter ici, c’est la deuxième fois. Si je reviens trouver quelqu’un, la personne ira avec nous. Le pick-up viendra chercher la personne », menace le policier.

Au marché de Sonfonia, les opérations de déguerpissement ont créé dautres problèmes entre les occupants de la chaussée et les boutiquiers. Un fait qui empêche les gérants de boutiques d’écouler facilement leurs articles. « Les femmes vendeuses qui s’asseyaient sur la chaussée ont été déguerpies par les forces de l’ordre. Maintenant, elles n’ont pas où aller et elles doivent vendre pour satisfaire leurs besoins. Donc, elles viennent s’asseoir devant nos boutiques. Même pour avoir accès à la boutique c’est des problèmes. Souvent, il y’a des altercations entre nous ici. Dès fois, elles bloquent notre travail », a dit Alseny Diallo.

Selon un marchand, les forces de sécurité retirent de l’argent aux femmes qui contreviennent à la mesure. « Quand ils viennent, dans un premier temps, ils vont avertir les vendeuses de quitter la route. S’ils reviennent trouver celles-ci en place, ils vont prendre les marchandises et faire monter dans leurs voitures. Le plus souvent, quand ils prennent les marchandises, ils vont se déplacer jusqu’à quelques mètres pour que les gens viennent négocier avec eux. Là, il faut donner de l’argent pour avoir ta marchandise. Ça s’est passé sous mes yeux, ils peuvent prendre des tables et autres produits que les femmes étalent », a révélé Mamadou Barry.

Selon notre interlocuteur, cette opération de déguerpissement n’est que de la poudre aux yeux : « Ce n’est pas la première fois que ce genre de mesures sont prises mais au fil du temps nous remarquons malheureusement que les gens reviennent peu à peu. En tout cas, c’est de la poudre aux yeux, peut être c’est juste avoir quelques images », lance Mamadou Barry.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Facebook Comments Box