Alpha Condé président de l’UA : « C’est la Guinée qui doit payer ses frais de déplacement et autres implications financières »

Après l’élection du chef de l’Etat guinéen, le professeur Alpha Condé, à la présidence de l’Union africaine, hier, lundi 30 janvier 2017, à Addis Abeba (Ethiopie), Guineematin.com a consulté le juriste Mohamed Camara pour mieux comprendre les avantages et charges liés à cette fonction.

Entretien !

Guineematin.com : Au-delà de l’honneur, qu’est-ce que la présidence de l’Union africaine apportera à la Guinée de façon concrète ?

Mohamed Camara : La désignation du Président Alpha CONDE comme le 15ème Président de l’Union Africaine apportera au-delà de l’honneur, un rayonnement diplomatique à la Guinée en incarnant le leadership africain. Une visibilité nettement accrue du pays et une convoitise en direction de la Guinée pour préparer les positions communes de l’Union Africaine dans les relations avec les partenaires techniques et financiers. Cette désignation pourrait aussi influer sur le climat interne sous l’angle de la vertu de l’exemplarité en apaisant le climat social avec des actions démocratiques, en rejetant systématiquement les pratiques anticonstitutionnelles pour de vrai conformément à l’article 30 de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine, en prouvant davantage sa capacité en médiation et en prospective. Enfin, en voulant éventuellement demander que le 29ème Sommet se tienne en Guinée, cela aura des retombées économiques et touristiques sur le pays. Les Guinéens doivent l’accompagner pourvu qu’il développe l’écoute et avoir le triomphe modeste. Que cela ne soit pas une récupération politique du parti au pouvoir avec des risques de saignées financières illogiques sur fond de propagande, de démagogique ambiante ou de paresse institutionnelle festive. De même, face à cette désignation du Président Guinéen, la classe politique opposante doit éviter de jouer aux cassandres au risque d’être perçue comme développant une obsession à nier les acquis, à faire un nivellement par le bas ou être disposée à faire de l’obstruction systématique et généralisée. Face à l’image du pays, il faut savoir raison gardée.

Guineematin.com : Qu’est-ce que le président Alpha Condé sera obligé de faire pour l’Union africaine au cours de cette année de présidence ?

Mohamed Camara : Tout en se gardant d’agir dans les attributions du Président de la Commission pour éviter une querelle de leadership, le Président de l’Union doit dans la mesure du possible, relayer la voix de ses pairs pour la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit. La résolution des crises ouvertes en anticipant sur celles en latence. Favoriser l’électrification du continent. Aider à lutter contre le chômage, le phénomène terroriste, l’immigration clandestine, le dérèglement climatique en mutualisant les efforts avec ses pairs et en synergie avec les Comités Techniques Spécialisés (CTS).

Guineematin.com : Qui doit payer les frais de déplacement et autres implications financières de la présidence de l’UA (la Guinée ou l’UA) ?

Mohamed Camara : C’est la Guinée. Il faut tout de même nuancer à ce niveau, l’Union Africaine est censée financer ses propres actions. Mais, elle n’a pas les moins financiers de ses ambitions. Les ¾ de son financement venant des partenaires financiers, réduisant ainsi, sa marge de manœuvre. A l’évidence, c’est la Guinée qui prendra en charge les déplacements du Président de l’Union. L’accessoire suivant le principal. Cela ne signifie pas que l’essentiel du budget de la Guinée y sera englouti, non ! Mieux, le Président de l’Union peut raréfier ses déplacements pour se consacrer à l’œuvre de construction nationale en laissant le soin aux organisations sous régionales et régionales de régler graduellement les crises en application de l’article 52 de la Charte des Nations Unies, avant d’arriver sa table.

Guineematin.com : Est-ce qu’il y aura un cabinet destiné à la présidence de l’Union africaine pendant cette année de présidence ?

Mohamed Camara : Il y a un Secrétariat général avec un personnel à l’Union Africaine qui prête son service aux organes de l’Union. Mais, pas spécifiquement dédié au Président de l’Union. Pour faire simple, le Président de l’Union est comme un Président tournant du Conseil d’Administration d’une Association avec un mandat court d’un an pour représenter ses pairs, servir d’interlocuteur, impulser les grandes orientations et veiller aux idéaux prônés par ses pairs. Alors que le Président de la Commission est comme le Président d’un Bureau Exécutif avec un mandat de 4 ans, renouvelable. L’un est plus ou moins honorifique et l’autre est plus opérationnel et technique avec ses attributions clairement consacrées et son champ d’application.

Guineematin.com : Est-ce qu’il sera possible pour le président de se faire représenter à certains rendez-vous ?

Mohamed Camara : Bien sûr que oui. C’est de l’ordre du possible et du normal pour se consacrer également à son mandat national.

Guineematin.com : Merci encore une fois et excellente journée.

Mohamed Camara : C’est un devoir.

Entretien réalisé par Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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