Crise post-électorale en Guinée : Dr. Sékou Goureissy dénonce

Dans la matinée de ce vendredi, 16 février 2018, Dr. Sékou Goureissy Condé, président de la Convention des Acteurs Non Étatiques de Guinée (CANEG) a organisé une conférence de presse pour dénoncer les violences post-électorales enregistrées en République de Guinée au lendemain des élections locales du 04 février dernier, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était à la maison de la presse.

Parlant de l’exemple de la commune de Ratoma, Dr. Sékou Goureissy Condé a enchaîné des interrogations. « Le constat est que notre pays bat aujourd’hui le record en perte en vie humaine en période de manifestation, surtout en période électorale. Le rôle de l’Etat est central, notamment la justice et des forces paramilitaires. Prenons l’axe Bambéto-Cosa : combien de familles ont été endeuillées dans cette partie de la Guinée ? Est-ce qu’il y a une statistique ? S’il n’y en a pas, il faut le faire. Lorsque vous prenez les manifestations d’une manière générale, plus de 70 victimes viennent de là. Mais, nous sommes déjà en guérilla urbaine. Et, lorsqu’on nous fait le bilan des manifestations, on nous parle d’un véhicule de la gendarmerie brûlé, des balles perdues récupérées, des blessés ou des morts par balles réelles. Ce qui est grave et même gravissime dans cette affaire, c’est l’indifférence humaine. Nous sommes tous indifférents face à ce phénomène », a-t-il dénoncé.

Le président de la CANEG a rappelé que la CMIS a été créée en 1987 ; mais, depuis 2007, la mission principale des forces de l’ordre en Guinée est devenue le maintien d’ordre sur l’axe Bambéto-Cosa. « Ça ne suffit pas. Lorsqu’il y a une expérience des opérations qui n’aboutie pas à la solution, il est important que le dispositif soit modifié ou que la démarche soit modifiée. Mais, nous avons la constance à Ratoma : les jeunes sortent et jettent les cailloux, les forces de l’ordre viennent pour jeter les grenades lacrymogènes ; si ça ne va pas, elles mettent de l’eau et si ça ne va pas encore, c’est les balles réelles qui sortent. C’est un échec et cette politique doit être changée », a-t-il dit.

Justement, par rapport à cette situation qui continue à endeuiller des familles, Dr Sékou Goureissy Condé, a dit que la Guinée est devenue un pays où la prolifération des armes légères est au dessus de la moyenne. « Qui dispose des armes et qui ne dispose pas ? Y a-t-il des statistiques ? Est-ce qu’il y a eu des poursuites à quelque niveau que ce soit », s’est –il interrogé avant de demander aux différents acteurs de dépolitiser le phénomène de violence à Ratoma. « Je demande la dépolitisation de ce phénomène. Que ce soit l’UFDG ou les autres partis de l’opposition qui viennent demander la relaxe pure et simple des jeunes de Bambéto-Cosa. Cela démontre que ce sont des militants de ces partis qui sont interpellés. Ce n’est pas comme ça que ça se doit. Ce sont des citoyens guinéens qui ont une réaction par rapport à une situation. Et, c’est cette situation qu’il faut bien analyser », a-t-il suggéré.

En outre, le conférencier a dit que si on ne fait pas attention, chacune des familles dans cette contrée aura une victime. « Finalement, la victimisation va se généraliser et les réactions seront incontrôlées. On ne peut pas jeter la pierre sur quelqu’un et retourner à la mosquée pour prier. On ne peut pas aussi tirer à balles réelles sur les gens et aller à la mosquée où à l’église pour prier. Il y a un dilemme à ce niveau », a-t-il dit.

Parmi les pistes de solution, le président du CANEG propose la mise en place d’un comité d’action devant impliquer tous les acteurs de la société civile et politiques. Mais, en attendant, Dr Sékou Goureissy milite aussi en faveur d’un repli de l’exercice de la force conventionnelle ou l’utilisation des armes dites conventionnelles en la matière, notamment celles qu’il qualifie aujourd’hui de classiques. « Lorsqu’on parle de balles réelles, notre pays est fragile. Il a toutes les chances de se développer ; mais, il est à risque », a-t-il entre autres.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 68 00 41

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