Dettes du 54ème anniversaire de l’indépendance à Boké : il menace de fermer la mairie

Mohamed Sakho

mohamed-sakho-qui-menace-de-fermer-la-communeLa commune urbaine de Boké condamnée par le tribunal à payer 250 millions à la famille Sakho : « si on ne nous paye pas vite, je vais fermer la commune », menace le représentant de la famille, lors d’un entretien avec le correspondant de Guineematin.com à Boké.

Pour rappel, à l’occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, commémoré à Boké, en octobre 2012, un domaine de deux hectares et demi, sis au quartier Kadiguira, secteur Koffia (commune urbaine de Boké) appartenant à la famille Sakho, a été pris par le ministère et la mairie de Boké pour la construction du siège de l’escadron mobile de Boké.

Après avoir attendu pendant trois ans (2012-2015) une indemnisation de l’Etat au nom duquel la mairie a agit, la famille victime, représentée par monsieur Mohamed Sakho, constatant qu’elle est dépossédée de son domaine sans qu’elle ne soit consultée, a porté plainte contre la commune urbaine pour revendiquer sa propriété, une réparation du préjudice et un payement des dommages et intérêts, à hauteur de 600 millions de francs guinéens.

Mohamed Sakho
Mohamed Sakho

Selon le représentant de la famille plaignante, monsieur Mohamed Sakho, qui a reçu le correspondant local de Guineematin.com, hier, jeudi 03 novembre 2016, le domaine litigieux dont elle se réclame propriétaire a une superficie de deux hectares et demi. « C’est un domaine agricole de deux hectares et demi contenant plus de cinq parcelles, sis à Kadiguira dans le secteur Koffia que la commune urbaine nous a retiré sans nous consulter, pour construire le nouveau siège de l’escadron mobile de Boké. Nous avions 152 plantes sur le terrain dont 100 pieds d’anacardiers, 40 pieds de manguiers et 12 pieds de citronniers en phase de production. Ils nous ont dépossédé de notre domaine, détruit tout ce qui y était et ils refusent de nous indemniser. Nous avons attendu pendant trois ans pour être indemnisé ; mais, toutes les démarches que nous avons effectuées sont restées vaines. C’est pourquoi, nous avons attaqué la commune urbaine en justice en septembre 2015 », a déclaré Mohamed Sakho à notre rédaction locale.

Après un jugement qui a duré environ cinq mois (de septembre 2015 à février 2016) entre la famille Sakho, représentée par monsieur Mohamed Sakho, et la mairie de la commune urbaine de Boké, représentée par l’agent judiciaire de l’état, le tribunal de première instance de Boké a rendu un verdict final condamnant la partie défenderesse (la mairie) au paiement au profit de la famille Sakho de la somme de 250 000 000 GNF (deux cent cinquante millions de francs Guinéens) à titre de dommages et intérêts pour tous préjudices confondus. Mais, à en croire monsieur Mohamed Sakho aucun franc de ce montant n’est encore perçu par la famille. C’est pourquoi, il dit en avoir marre d’attendre une promesse qui ne vient pas et menace de faire fermer la commune si on ne lui rend pas vite ce qu’on lui doit. Monsieur Sakho affirme avoir même payé au trésor public une somme de 625 000 GNF qui constitue 1% d’un premier montant de 62 500 000 GNF que la commune devait verser. « Si la mairie n’accélère pas pour nous payer, je vais donner le feu vert à mon huissier de justice, Maitre Alex Hector Soumah, d’informer les autorités civiles et militaires de partir fermer la commune. Nous ne pouvons plus patienter. J’ai trop dépensé d’énergie et d’argent pour cette affaire », a-t-il menacé.

A rappeler qu’au moment des faits jusqu’à la délibération du tribunal de première instance de Boké, c’est le Professeur Ibrahima Barry qui était maire de la commune urbaine de Boké. C’est seulement en novembre 2016 qu’il a laissé la place à monsieur Modibo Fofana, l’actuel président de la délégation spéciale. On se rappelle le jour de la passation de service entre les deux hommes où Guineematin.com était présent, le Maire avait déclaré publiquement : « aujourd’hui, je quitte la commune ; mais, je laisse derrière moi deux situations qui me font beaucoup de soucis. C’est le cas du village communautaire dont le domaine appartient à la mission catholique et celui du domaine appartenant à la famille Sakho dans le quartier Kadiguira où nous avons réalisé le siège de l’escadron mobile de Boké. Ce sont deux dossiers qui constituent des bombes à retardement », avait-il prévenu.

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Ibrahima Barry

Après la famille Sakho, le correspondant local de Guineematin.com s’est rendu au domicile de l’ex maire de la commune urbaine de Boké, le Professeur Ibrahima Barry, pour recueillir sa version des faits. Le maire Barry a tout d’abord confirmé qu’effectivement la commune doit des parcelles d’habitation à la famille Sakho. Mais, pas de l’argent ! Il précise également que c’est l’Etat qui a commis la mairie, lors des festivités du 54ème anniversaire de l’indépendance guinéenne de trouver des lieux appropriés pour réaliser des infrastructures. C’est ainsi que la plantation de la famille Sakho a été ciblée. « C’est lors de la première fête de l’indépendance célébrée à Boké, nous avons été commis par les autorités préfectorales et régionales d’identifier des sites pour la construction de certaines infrastructures. Les services techniques de la commune ont été associés aux services techniques de la préfecture. Comme ce sont des trucs d’utilité publique, nous avons demandé aux techniciens de recenser les arbres fruitiers. C’est ce qui fut fait. Mais, Monsieur Sakho est un peu pressé, alors qu’avec l’Etat il faut aller lentement. Il m’a diffamé partout dans la ville, en disant que c’est maire Barry qui a détourné son domaine ; il a fait ceci, il a fait cela. Mais, nous nous avions pris volontairement un engagement de trouver à chacun des déguerpis des parcelles d’habitation ailleurs. C’est ce qui a malheureusement retardé », a expliqué l’ex maire Ibrahima Barry.

Par conséquent, monsieur Barry a rappelé à son successeur Modibo Fofana que « l’Etat c’est la continuité », comme pour dire que l’équipe communale doit s’occuper de tous les programmes et engagements entrepris par l’équipe sortante. « Au moment de la passation de service, j’ai dit publiquement que la commune doit tel et tel. J’ai parlé par exemple des cas de ces parcelles de Koffia et du village communautaire qui appartient à la mission catholique. On a vu des gouvernements qui se succèdent ; certains viennent et d’autres quittent, mais l’administration continue à exister et à fonctionner. Aucun gouvernement ne dira qu’il a épuisé tous ses programmes et tous ses engagements. Ce sont ses successeurs qui viendront achever ou parachever ce qu’il a commencé. Alors, celui qui est actuellement à la tète de la commune est notre maire, nous tous. Il doit donc prendre ses responsabilités », a-t-il a dit l’ancien maire.

En réponse à la menace de Monsieur Mohamed Sakho de faire fermer la commune si ses droits ne sont pas vite rétablis, le Maire Ibrahima Barry dira : « si monsieur Sakho dit qu’il va fermer la mairie, peut-être qu’il peut le faire ! Mais, ça me surprendrait qu’un citoyen bien qu’il prétende être dans ses droits, puisse fermer une institution comme la commune. Je crois que c’est aller au delà de ses prérogatives », a-t-il conclu.

Guineematin.com a également tenté de joindre au téléphone le maire actuel monsieur Modibo Fofana pour avoir son opinion sur la question. Mais, en déplacement, toutes nos tentatives sont restées vaines.

De Boké, Mamadou Diouldé Diallo pour Guinematin.com

Tél. : 622 671 242 : 666 952 215

 

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