Droits de l’Homme : Gassama Diaby dénonce une défaite morale de notre société

 

Gassama DiabyViolences faites aux femmes, des multiples cas de viols, la vindicte populaire, les conditions de détentions dans les prisons guinéennes, la non application de la loi… le ministre des Droits de l’Homme et des Libertés publiques dénonce et laisse entendre que l’espoir est tout de même permis.

Guineematin.com vous propose, ci-dessous, l’intégralité de la déclaration du ministre Khalifa Gassama Diaby à l’occasion de la journée internationale des Droits de l’Homme.

Le 10 Décembre 2015, notre pays à l’instar  des autres Etats de l’Organisation des Nations Unies, célébrera  la Journée Internationale des Droits de l’Homme.

Cette  Journée des Droits de l’Homme en 2015 coïncide avec le lancement d’une campagne qui marque le 50eme anniversaire des deux Pactes Internationaux relatifs aux Droits de l’Homme : le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et le Pacte International relatif aux Droits Economiques Sociaux et Culturels qui ont été adoptés par l’Assemblée Générale de Nations Unis  le 16 Décembre 1966.

Le thème de cette année  « Nos Droits, Nos Libertés, Toujours » exprime parfaitement la volonté des Nations Unies à rappeler l’importance et la nécessité de continuer sans relâche et avec ténacité à défendre, à promouvoir et a garantir l’essence, la lettre et l’esprit de ces deux pactes fondamentaux dont on fête  la 50eme année.

Cette campagne qui durera toute l’année, est centrée sur le thème des Droits et Libertés, de facon générale, universelle et intemporelle.  Autrement dit l’ensemble de ces valeurs humanistes,politiques et juridiques sur lesquelles se fonde la Charte Internationale des Droits de l’Homme et bien sûr la charte fondatrice de l’organisation des Nations Unies.

Mesdames et Messieurs,

Chers Compatriotes,

Ces Droits, ces libertés, pour chacun, pour tous, et pour toujours, sont aussi pertinents et indispensables aujourd’hui qu’ils l’étaient lorsque ces pactes ont été adoptés il ya de cela 50 ans.

Ces deux pactes précisent les libertés fondamentales, ces droits fondamentaux indispensables à la dignité humaine, à la justice, à la stabilité des sociétés politiques et à la paix.

Qu’il s’agisse de la liberté d’opinion,  celle de croire ou de ne pas croire  à l’abri de la peur et du besoin, la liberté d’expression,

Qu’il s’agisse du droit à la vie, au respect de sa dignité, celle de ne pas être discriminee ou injustement traité, le droit à la liberté, à la sécurité, à l’éducation, à la santé, à l’égalité entre hommes et les femmes et à l’élimination de toutes les formes de discrimination….

Toutes ces valeurs, tous ces principes parce qu’ils sont indispensables à une vie humaine harmonieuse et paisible, sont et doivent demeurer de Toujours, de tout Temps et de tous Lieux….Donc nécessairement aussi pour nous, pour notre,pays la Guinée et pour toutes ses filles et fils.

Nous nous devons par conséquent, tous, chacun où il se trouve,  en premier lieu l’Etat, la puissance, agir pour donner corps, sens et vie à ces valeurs essentielles pour tout être humain.

Ces Pactes à travers les Libertés et les Droits qu’ils consacrent,  constituent pour les gouvernants des outils et des repères essentiels pour garantir que les Droits et les libertés soient promues, respectées et garanties, et que  les réponses humanistes, cohérentes et pérennes soient apportées aux conflits, aux crises et aux difficultés existentielles et fonctionnelles inhérentes aux sociétés politiques.

Aussi, si ces deux pactes forment un moyen et un instrument pour les peuples et les citoyens d’exiger des résultats et de demander des comptes à leurs gouvernements en matière de respect et de défense de leurs droits civils, politiques, économiques sociaux et Culturels et pour garantir des compensations et réparations pour les éventuelles violations de ces  Droits et Libertés, leur mise en place et leur effectivité exigent aussi de l’ensemble des acteurs non étatiques,  notamment la société civile et les citoyens, qu’ils s’inscrivent fidèlement et loyalement dans l’esprit et la perspective de leur respect et leur épanouissement. Cela impose un certain nombre de devoirs et exige esprit civique et citoyen.

Mesdames et Messieurs,

Chers Compatriotes,

La célébration de cette Journée dans notre pays coïncide à un moment crucial de consolidation et de renforcement de notre système démocratique.

Je voudrais au nom du Gouvernement, exprimer nos sincères remerciements et notre profonde gratitude à l’endroit de tous ceux qui œuvrent pour la défense et la promotion  des droits humains, par conséquent du renforcement de la paix et de la justice sociale  en République Guinée.

Aujourd’hui, la question des Droits de l’Homme est au cœur de la gouvernance : ONG, Entreprises, toute la société guinéenne s’approprient  du concept des Droits de l’Homme.

Cela est salutaire, mais nous devons tous nous engager pour sa concrétisation et sa pérennisation.

Cet engouement, ne doit pas nous éloigner des grands défis auxquels notre pays est confortés pour faire de la Guinée une société respectueuse de la dignité humaine, des Droits et Libertés des citoyens et de l’être humain.

Ces défis sont le respect de libertés fondamentales, la lutte contre l’impunité, l’amélioration continuelle et ferme des conditions d’arrestation et de détention de nos concitoyens, l’abandon des discours et des comportements de violence et de haine,  le bannissement total des violences faites aux couches sociales et sexuelles vulnérables et fragiles notamment les femmes, les enfants et les pauvres, sans oublier la problématique des Droits de l’Homme dans les zones minières, dans nos campagnes,  dans nos villages et dans les familles

Il doit être mis fin de façon ferme et impitoyable à cette fâcheuse tendance de nos concitoyens à se rendre justice. Ces comportements aussi explicables sont ils ne sauraient se justifier ou être pardonnés.

La vindicte populaire est inacceptable, et cela doit être dit à nos concitoyens de façon claire et ferme. Et la loi doit être appliquée à ceux et celles qui s’autoriser ont cela.

Et surtout, disons le net, ces comportements n’honorent pas notre pays, encore moins eux qui agissent ainsi.

Sur la problématique des violences faites aux femmes,

J’ai ici à l’esprit avec douleur et tristesse le cas de cette jeune fille de 6 ans à Labé qui a été violée par un homme de 40 ans.

J’ai ici à l’esprit le cas toujours à Labé de cette jeune fillette de 9 ans qui revenait du marigot lorsqu’elle fut agressée par un jeune homme, qui l’a violée dans une maison inachevée avant de s’en fuir

J’ai ici à l’esprit le cas de cette jeune fille de 9 ans qui a été violée dans la commune de Ratoma par un militaire à la retraite âgé d’une soixante d’années.

J’ai ici à l’esprit de ce cas dramatique de Télimélé où la victime avait succombé après avoir subit un viol horrible

J’ai à l’esprit le cas des deux fillettes à Coyah qui ont été lâchement violées

En plus de ces cas emblématiques nos pensées vont envers toutes ces victimes silencieuses et innocentes qui paient le plus lourd tribut de ces violences immondes et horribles dont les auteurs agissent impunément dans la plupart des cas, puisqu’ils ne sont souvent jamais retrouvés et punies.

Il revient bien entendu à l’Etat de protéger et face à ces horreurs de rendre justice aux victimes.

Mais, laissez moi dire ici à quel point c’est un désastre moral de l’ensemble de la société guinéenne qui reste impassible, passive, immobile face à toutes ces horreurs.

C’est une défaite morale de la société guinéenne dans son ensemble.

Rien ne choque personne, encore moins lorsqu’il s’agit de violence faite aux femmes, qui sont victimes de toutes sortes de violences: mutilation génitale,  tabassage quotidien, viol, discrimination de toute sorte.

Rien ne justifie cela,  et cela ne nous honoré pas.

Contre la société s’il le faut, l’Etat doit protéger et rendre justice aux victimes de violations des droits et libertés, particulièrement les femmes, les enfants et les plus faibles.

C’est la vocation de l’Etat, c’est sa mission et son honneur.

Mesdames et Messieurs,

Chers Compatriotes,

Le Ministère des Droits de l’Homme et des Libertés Publiques est particulièrement préoccupé par la situation qui caractérise le milieu carcéral dans notre pays.

Nos prisons….

Les conditions matérielles de détention nécessitent des améliorations pour être conformes aux standards minimum internationaux de traitement des personnes détenus. En effet Le système carcéral guinéen est très vieillissant. Le manque d’infrastructures a occasionne au fil des ans une surpopulation sans précédent dans les prisons guinéennes.

Ces défis persistants montrent que malgré les nombreuses des avancées, des acquis et des réalisations enregistrées par tous les acteurs en matière de promotion, et de protection des Droits de l’Homme, nous avons encore du chemin à parcourir avant que les Droits de l’Homme ne deviennent une réalité quotidienne pour l’ensemble nos compatriotes.

Mais, l’espoir est permis, la victoire est possible.

A condition qu’au delà du fait que l’Etat soit légitimement perçu comme l’acteur fondamental et le débiteur principal dans cette problématique, l’ensemble des acteurs sociaux, politiques, civils et citoyens se vivent comme étant eux mêmes une partie du problème et de la solution.

A défaut de méconnaître le droit, sciemment ou pas, servons nous aussi de nos cœurs pour participer à l’édification de cette société respecte use des droits et des libertés pour tous et pour toujours.

Je ne peux terminer cette déclaration sans rendre hommage, au nom du Gouvernement et de l’ensemble du peuple de Guinée à notre regretté doyen Thierno Madjiou Sow,  militant des droits de l’homme et président de l OGDH qui nous a quitté il y a quelques semaines. Que son âme repose en paix !

Je saisi aussi cette occasion, au nom du Gouvernement pour féliciter et remercier pour tous leurs efforts, l’ensemble des organisations de la société civile, les partenaires, la communauté internationale   et tous les défenseurs de Droits Humains qui accompagnent la Guinée dans son irréversible processus de démocratisation et de construction d’une société de paix et de prospérité respectueuse des Droits et Libertés de tous.

Vive la Guinée

Vive l’unité nationale

Vive les Droits de l’homme, la Justice et la Paix.

Je vous remercie

Khalifa Gassama Diaby

Ministre des Droits de l’homme et de Libertés publiques

Transmis par le service de communication du ministère des Droits de l’Homme et des Libertés publiques

Facebook Comments Box