Garantie d’impunité, protections des proches et biens : ultime victoire de Jammeh sur Barrow et la Gambie

Après avoir reconnu sa défaite aux élections présidentielles (via des billes) du 1er décembre 2016, l’ancien dictateur gambien avait « encaissé » une semaine d’injures, d’attaques et de menaces des victimes de son régime dont seul Dieu saura déterminer le nombre et les catégories de sévices… Une semaine donc qui a permis à Yahya Jammeh d’imaginer ce qui l’attendait après la passation des services, attendue le 19 janvier 2017, avec Adama Barrow ; surtout que le nouvel élu, novice à la candidature (puisque le président de son parti était en prison) avait commencé à rassurer les sceptiques qu’il n’écartait pas une éventuelle extradition du dictateur à la CPI.

Cible de toutes les attaques et s’imaginant déjà en détention et face à ses anciennes victimes, le dictateur a profité de la bêtise de la commission électorale, qui a annoncé avoir commis des erreurs dans la compilation des résultats et que l’écart entre les deux candidats était désormais très réduit… Yahya Jammeh a alors dénoncé la commission électorale et contesté les résultats. On connaît la suite !

Alors que des militaires étrangers, avec le permis onusien de tirer sur lui ont fait une incursion sur le territoire gambien et que l’armée gambienne avait annoncé qu’elle ne combattra pas leurs frères d’armes de la sous-région, le téméraire Yahya Jemmeh a quand même eu la possibilité de dicter ses desiderata aux médiateurs de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’ONU… Parmi les nombreuses assurances, « la CEDEAO, l’UA et l’ONU s’engagent à travailler avec le Gouvernement de la Gambie pour garantir pleinement, assurer la dignité, la sécurité et les droits de la famille immédiate du Président Jammeh, responsables de la sécurité et partisans et loyalistes du parti »…

Après 22 ans de dictateur, l’homme a été prié de quitter la Gambie ; ce qu’il a finalement accepté dans la soirée de ce samedi 21 janvier 2017, en direction de Conakry, puis Malabo, avec tous les honneurs, toutes les garanties d’impunité et d’immenses richesses. La médiation est évidemment à féliciter, puisqu’elle a permis d’éviter un bain de sang et un risque d’instabilité qui pourrait naître d’un éventuel affrontement inter ethnique. Mais, que dire aujourd’hui aux innombrables victimes gambiennes, assoiffées de justice ? Sans doute, son Excellence Sheïkh Professeur Alhadji Docteur Yahya Abdul-Aziz Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen Babili Mansa vient de remporter une ultime victoire sur son inexpérimenté successeur, sur la Gambie (dont il s’est accaparé une bonne importante partie des maigres ressources) et sur le peuple gambien qui voit ainsi leur bourreau s’éloigner avec la garantie d’impunité.

Bref, l’ancien dictateur gambien ne regrettera pas d’avoir résisté aux menaces du nouvel élu, surtout quand on note, sur le point 13 de cet accord, que « la CEDEAO, l’UA et l’ONU collaboreront avec le Gouvernement gambien pour que l’ancien président Jammeh soit libre de retourner en Gambie à tout moment de son choix, conformément au droit international des droits de l’homme et à ses droits de citoyen De la Gambie et un ancien chef de l’Etat »…

 Nouhou Baldé

 

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